
Les décès maternels restent élevés au Burundi. Pourtant, plus de 90% de ces cas sont évitables. Ceci ressort d’une étude menée dans 59 hôpitaux, présentée par Dr Fabrice Kakunze chargé des prestations au Programme National de Santé de la Reproduction, lors de la célébration de la Journée Internationale des sages femmes vendredi le 6 mai 2016 à Gitega.
Selon cette étude, le taux de mortalité maternel a sensiblement augmenté en 2015 par rapport à 2014. En 2015, sur 368 092 naissances vivantes, 459 décès maternels ont été enregistrés, soit une moyenne de 124,7 ‰ naissances vivantes. En 2014, elles étaient de 97 ‰ naissances vivantes. La majorité de ces décès ont un âge compris entre 20 et 34 ans. Les causes principales de ces décès sont l’hémorragie avec 35,1 % en 2014 et 28,3 % en 2015. L’autre cause constatée c’est l’infection avec 20,9 % en 2014 et 32,0 % en 2015. Les autres causes de décès maternels sont estimées entre 19 et 20,2% des cas.
Dr Kakunze montre à quelle période il y a fréquence des cas de décès maternels. Selon lui, ils surgissent en grande partie durant le post-partum (période qui débute après l’accouchement et se termine au retour de couche avec l’apparition des règles) avec 39,7% des cas entre 24 et 48h. L’autre cas de décès maternel élevé est signalé pendant la grossesse avec 27,8 % des cas. Le taux de mortalité maternel est également enregistré à l’accouchement avec 21,8 % et 10,9 %, 48h après l’accouchement.
D’autres cas de décès maternels soulevés par Dr Kakunze sont la profession de l’individu où les agricultrices enregistrent de janvier à octobre 2014, 88,0% des cas et pour la même période en 2015, 92,7 % des cas. Par rapport au niveau d’éducation, l’étude faite par le chargé des prestations au P.N.S.R. révèle que 64,1 % en 2014 et 59,6 % en 2015 de décès identifiés étaient des sans emplois.
De tous ces cas ci-haut évoqués, Dr Kakunze montre dans cette étude que 92,3 % des cas étaient évitables, 6,8 % inévitables et 0,8 inconnu.
Des défis multiples
Dans les 59 hôpitaux visités, Dr Kakunze indique que la gestion de l’hémorragie du post-partum (atonie utérine) et les traumatismes (ruptures utérines) restent un problème sérieux au sein des maternités. Même si diagnostic de l’hémorragie est effectué, le remplissage vasculaire ne suit pas les standards, se désole-t-il. Les autres défis identifiés sont le travail d’équipe dans la gestion des urgences obstétricales qui fait défaut et l’insuffisance du personnel des maternités. La même étude montre que la surveillance des femmes en post-partum n’est pas bonne suite au problème de ressources humaines et d’organisation des soins en maternité. Le personnel formé en Soins Obstétricaux Néonatals d’Urgence de Base (SONUB en sigle) demeure insuffisant. D’où le problème franc de gestion des complications obstétricales (surtout l’hémorragie) à l’origine de beaucoup de décès maternels et néonatals, rassure Dr Kakunze. Il n’a pas manqué de préciser que l’existence d’un problème de consensus sur les protocoles de prise en charge des pathologies obstétricales à afficher dans les services de prise en charge de certains hôpitaux constitue aussi un handicap.
De tous ces défis, Térence Nduwarugira, délégué de l’UNFPA indique que cette organisation apporte un appui très important à la formation des apprenants sages-femmes de l’Institut National de Santé Publique (INSP). Il promet que l’UNFPA s’engage à travailler de concert avec les autres partenaires afin de consolider les aptitudes et capacités des sages femmes en matière d’obstétrique.

Une amélioration malgré les défis
Jeanne Marie Nahimana, une sage-femme, indique que le taux d’accouchement à l’hôpital a sensiblement augmenté. Cela est dû, selon elle, à la sensibilisation effectuée par les accoucheuses traditionnelles. Cette idée est appuyée par Nestor Niyonsaba, sage femme à la maternité de Makamba. Pour lui, du temps des accoucheuses traditionnelles, les femmes enceintes mouraient souvent par hémorragie pendant l’accouchement. « Avec la sensibilisation et la connaissance de l’importance de l’accouchement à l’hôpital, le taux a augmenté ». Anne Marie Manirakiza, sage femme responsable de la région Nord fait savoir qu’avec leurs activités dans la communauté, plus de 80 % des accouchements se font à l’hôpital et qu’auparavant moins de 20 % étaient enregistrés.
Bernadette Nkanira, présidente de l’Association Burundaise des Sages Femmes d’Etat (ABUSAFE en sigle) explique qu’élever la qualité de vie du couple mère-enfant figure parmi les objectifs de son organisation. Selon elle, les activités se focalisent sur la sensibilisation des jeunes et des femmes en impliquant aussi les hommes avec un accent particulier sur la consultation prénatale. A ce sujet, Mme Nkanira indique que les sages femmes échangent avec les femmes enceintes sur la manière de se préparer à l’accouchement et d’accueillir le nouveau né. Les sages femmes demandent au gouvernement via le ministère de la Santé publique un appui technique pour l’élaboration d’un plan stratégique pour bien réaliser leurs objectifs.
Signalons que les festivités ont été marquées par la visite des sages-femmes aux fistuleuses qui suivent les soins au Centre Urumuri de Gitega et qu’un don d’un kit de vivres leur a été distribué à cette fin. Le thème retenu pour cette année est « Femmes et nouveau-nés : au cœur de la pratique sage-femme ».
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