Développement

Secteur des assurances : Les défis ne sont pas insurmontables

L’Autorité de Régulation  et de Contrôle des Assurances (ARCA) préconise de doubler le chiffre d’affaires  de ce secteur dans une période de 5 ans.  Des Etats Généraux de l’Assurance (EGA) ont eu lieu en novembre  2018 pour explorer les voies et moyens  d’atteindre cet objectif.  Y’a-t-il moyen d’être  optimiste ? Burundi Eco a approché un Expert en Assurance pour en parler

En 2017, le chiffre d’affaires du secteur de l’assurance était de 40,6 milliards de FBu pour un taux de pénétration de 0,75%. Ce taux est très faible étant donné que la moyenne mondiale tourne autour de 6,3%. Pourtant, le secteur de l’assurance est un des piliers de l’économie qui permet de drainer des fonds pour le financement des projets de développement. L’ARCA l’a bien compris  et préconise de porter le chiffres d’affaires de ce secteur à 80 milliards de FBU d’ici 2022. Pas moins de 43 recommandations avaient été formulées lors des EGA organisés par l’Association des Assureurs  (ASSUR) qui ont eu lieu à Ngozi en 2018. Toutes ces recommandations visaient à atteindre l’objectif fixé par ARCA. Loin d’être utopique, cet objectif est plus que réalisable, pense le consultant en assurance, Jean-Paul Roux. 

Jean-Paul Roux, Expert en Assurance : « Il faut des technico-commerciaux qui maîtrisent à la fois la technique de l’assurance et les pratiques commerciales. Cela pour qu’ils puissent bien expliquer aux assurés potentiels les produits disponibles et par la suite les vendre plus facilement »

« Il suffit de mettre de l’ordre » 

Les travaux des EGA de Ngozi constituent un bon socle sur lequel on peut bâtir une stratégie basée  sur le partenariat public-privé (PPP). Partir des EGA, c’est pouvoir aller de  l’avant à partir des  recommandations formulées par des Experts de l’assurance. Mais parmi les 43 recommandations, toutes ne sont pas en lien direct avec le « PPP ». Il y en a qui peuvent être prises en compte directement par les assureurs sans passer par l’autorité de contrôle. C’est notamment la formation au front office, c’est-à dire les commerciaux qui sont en relation avec les assurés. Il s’agit aussi de la formation au back office. « L’assurance est un métier avec toute une technicité qui exige une connaissance approfondie »,  a indiqué M. Roux. D’autres recommandations exigent l’intervention des pouvoirs publics, du législateur pour permettre le décollage de l’assurance dans son ensemble.  Il suffit de mettre de l’ordre et de la cohérence et tout ira bien, a-t-il ajouté.

Les Agents Généraux d’Assurance ont un grand rôle à  jouer

Les Agents Généraux sont des professionnels indépendants exerçant l’activité d’intermédiaire pour le compte d’une Compagnie d’assurance. Ils travaillent avec un seul assureur, contrairement aux courtiers qui travaillent avec plusieurs assureurs. Ils sont dits généraux parce qu’ils sont à la fois des développeurs, des gestionnaires, des financiers et des managers pour les activités Vie et Non Vie. Ils servent en fait de relais pour les assureurs. Ils permettent le maillage du terrain. Au Burundi,  les assureurs sont concentrés à Bujumbura. Pour diversifier et agrandir  leur  portefeuille,  il va falloir développer des réseaux d’agents exclusifs proches des assurés potentiels, pense M. Roux. La Tunisie, avec une population de  11 millions d’habitants, a plus de 1000 agents généraux.   Un agent général signifie  une présence physique, une agence, c’est-à-dire un bureau et 2 ou 3 personnes chargées de le faire fonctionner et équipé d’un matériel pour être connecté au siège. Selon notre expert en assurance, au Burundi, avec une population de 11,5 millions d’habitants,  il faudra 300 à 400 agences d’ici 5 ans sur tout le territoire. Ce qui fait en moyenne 18 à 20 agences par compagnie d’assurance. 

Repenser le front office

Le client doit être au centre de la stratégie des compagnies d’assurance. C’est comme ça que ces dernières pourraient élargir leur portefeuille. Pour cela, les métiers du front office qui sont tous des métiers tournés vers le client doivent être valorisés. Ceux qui l’exercent doivent acquérir des compétences qui leur permettent de faire correctement leur travail.   A ce sujet, M. Roux fait savoir qu’on ne forme pas un agent en 40 ou 50 heures. Bien entendu, on ne peut pas aller jusqu’à 600 heures comme c’est le cas en France, mais il pense qu’une durée de formation de 200 heures pourrait faire l’affaire. « Il faut des technico-commerciaux qui maîtrisent à la fois la technique de l’assurance et les pratiques commerciales. Cela pour qu’ils puissent bien expliquer aux assurés potentiels les produits disponibles et par la suite les vendre plus facilement. L’expert en assurance pense que c’est en investissant dans les réseaux de distribution que l’on pourra atteindre les objectifs, entre autre rehausser le taux de pénétration de l’assurance au Burundi et, partant, augmenter le chiffre d’affaires de ce secteur et satisfaire les citoyens Burundais. M. Roux est convaincu que si de telles initiatives sont prises, le taux de pénétration pourrait passer de 0,75 à 1,2% dans 5 ans.

Un contrat-programme pour mettre tout cela en musique

C’est tout cet ensemble de travail qui doit être conçu et exploité en commun  entre l’ARCA et l’ASSUR qui devrait prendre la forme de  contrat-programme. Il devrait s’étaler sur une période de plus ou moins cinq ans. Cela demande un certain nombre de transformations à mener. Le contrat-programme aurait pour rôle d’identifier les mesures à prendre et les stratégies et moyens  à arrêter pour atteindre les objectifs fixés. A ce titre, il servirait d’intermédiaire ou de référence entre les différents acteurs du secteur de l’assurance.  A bon entendeur, salut !

Front office : l’ensemble des services commerciaux qu’une entreprise est en mesure de proposer à ses clients. Dans le monde de la finance, le front office correspond à l’activité exercée par les opérateurs de marché .

Back office : également  appelé service d’appui, le back office est constitué de l’ensemble des activités d’administration, de contrôle et de support d’une entreprise.

Taux de pénétration : c’est le pourcentage de consommateurs touchés par une campagne publicitaire ou ayant acheté un produit durant une période donnée. En assurance, le taux de pénétration est le rapport entre le produit intérieur brut (PIB) et les primes perçues

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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