Dans le but de diversifier les exportations, l’Agence de Promotion des Investissements (API) a organisé une journée de réflexion sur les normes des produits laitiers. Les agri-éleveurs de Kirundo, Gitega, Muyinga, Kayanza et Ngozi et d’autres intervenants dans le secteur se sont rencontrés au chef-lieu de la province de Ngozi jeudi le 12 février 2019. Les échanges ont porté essentiellement sur l’application des principes d’hygiène dans la filière lait et la possibilité de prospecter les marchés étrangers
Le lait est un produit qui est prisé un peu partout à travers les pays, surtout dans les centres urbains. La production, le transport, la transformation ainsi que la commercialisation du lait doivent être opérées dans le strict respect des principes d’hygiène. Le lait est un produit très sensible aux agents bactériologiques. Par conséquent, le secteur laitier mérite une attention particulière, car il peut être à l’origine des problèmes de santé publique surtout pour les enfants, a expliqué M. Albert Nduwayo, gouverneur de la province de Ngozi.

Dans la province de Ngozi, la production laitière augmente en flèche. Le manque criant de débouchés n’arrange pas les agri-éleveurs qui s’investissent pour nourrir le bétail. Dans le passé, il y a eu surproduction et les agri-éleveurs n’avaient d’autres choix que de verser le lait par terre faute de débouchés. Il est évident que la seule laiterie « Modern Dairy Burundi » basée à Bujumbura ne suffit pas pour transformer la production laitière à l’échelle nationale, s’inquiète le gouverneur de Ngozi.
La diversification des exportations, une priorité
Le Burundi dépend essentiellement de deux produits d’exportation, à savoir : le thé et le café. En effet, « nos analyses ont démontré qu’il existe d’autres produits qui peuvent être valorisés pour contribuer à la diversification des exportations. Raison pour laquelle, nous avons regroupé tous les acteurs (les éleveurs de vaches, les représentants des coopératives laitières et les industriels qui transforment le lait) pour les sensibiliser au respect des normes », a précisé Jean Claude Cibogoye, chef de service promotion des exportations à l’API.
Pourtant, il y a du pain sur la planche pour que les industriels Burundais du secteur agro-alimentaire aient accès au marché international. Les normes constituent encore un domaine lacunaire au Burundi. Ce qui handicape les efforts de promotion des exportations, déplore M. Cibogoye. Or, ces dernières constituent une condition nécessaire et suffisante pour avoir accès au marché international. En ce sens, tous les acteurs de la filière lait doivent faire des efforts pour se conformer aux normes et certifier leurs produits afin qu’ils soient compétitifs sur l’ensemble des marchés régionaux et internationaux.
Quid des normes des produits laitiers ?
Le procédé de fabrication du produit laitier correspond à la norme qui lui est spécifique. A titre illustratif, le lait en poudre et la crème en poudre doivent répondre à la norme «CODEX STAN 207-1999», le beurre doit se conformer à la norme «CODEX STAN 279-1971» alors que les fromages non affinés, y compris le fromage frais doivent respecter la norme «CODEX STAN 221-2001», a précisé Dr Jean Félix Karikurubu, directeur du Bureau Burundais de Normalisation et contrôle de qualité (BBN).
Il existe une norme générale notée CODEX STAN 1-1985 pour l’étiquetage des denrées alimentaires préemballées tel que le lait et les produits laitiers. Celle-ci exige des industriels de préciser le nom et la nature du produit. L’étiquette doit renseigner les qualités particulières liées à l’origine, aux propriétés nutritives, à la nature, à la transformation et à la composition de la denrée.
Une autre chose importante est le datage des denrées alimentaires préemballées. Concrètement, le fabriquant doit indiquer la date de conditionnement du produit, la date de durabilité minimale du produit qui est la date d’expiration du délai, dans les conditions d’entreposage indiquées, durant lequel le produit reste pleinement commercialisable et les additifs alimentaires.
Expérience réussie de la laiterie « Modern Dairy Burundi »
Le gouvernement et ses partenaires ont initié des programmes de repeuplement du cheptel bovin. En 2016, le programme Fida avait déjà distribué 19 000 têtes de bétail à travers sa zone d’intervention. Par conséquent, la production laitière s’est nettement améliorée. Parallèlement, la laiterie « Modern Dairy Burundi » défie toute concurrence et s’impose sur le marché local avec ses produits Natura. Elle vulgarise la commercialisation du lait conditionné avec une meilleure conservation (technologie uht). La laiterie collabore avec plus de 3 000 éleveurs membres des coopératives de collecte (les distributeurs, 12 centres de collecte de lait CCLs, etc…)
Elle a une capacité de production de 40 000 litres par jour mais elle ne produit que 4.000 –6.000 litres produits par jour. La gamme de produits s’élargit de plus en plus. Il y a le lait entier UHT en format de 500 ml et 250 ml avec une durée de vie de 6 mois, le lait aromatisé (Chocolat, Fraise et Vanille) ; le Yaourt Nature, le Yaourt Fraise et le Yaourt Vanille. En 2017, la Tanzania Drug and Food Authority qui se traduit en français Autorité Tanzanienne de Contrôle des Médicaments et des Aliments, l’équivalent de BBN au Burundi a certifié les produits Natura. MDB exporte actuellement ses produits vers le pays de Nyerere.
En octobre dernier, une plateforme interprofessionnelle de la filière lait regroupant les représentants de tous les maillons de la chaine de valeur lait au Burundi a été mise en place par les acteurs dans ce domaine. La priorité de cette structure est de résoudre le problème de marché d’écoulement des produits laitiers et de disponibilité des intrants d’élevage.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.