Société

Les sociétés de gardiennage regorgent toujours de profonds malentendus

Dans les sociétés de gardiennage, tout n’est pas rose. Les agents de sécurité se plaignent du fait que leurs employeurs ne respectent pas la loi. C’est pourquoi beaucoup de procès sont intentés devant les instances de juridiction. Mais, avant d’arriver à ce stade, il vaut mieux commencer par la négociation ou une éventuelle médiation 

Le gardiennage est relativement nouveau au Burundi et occupe une forte densité de main d’œuvre. Cette dernière est assez particulière parce qu’elle regroupe pas mal d’étudiants frustrés par les modiques salaires qu’ils perçoivent dans ce secteur. Du côté des employeurs, bon nombre d’entre eux sont des anciens des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) non habitués au dialogue social permanent dans le monde du travail. Cela a été dit par Gaspard Nzisabira, secrétaire général de l’Association des Employeurs du Burundi (AEB) dans un atelier de formation des chefs d’entreprises et des responsables des syndicats du secteur de gardiennage sur le dialogue social et la résolution pacifique des conflits dans le monde du travail. Cet atelier été organisé par le Centre National de Dialogue Social (CNDS) vendredi le 15 octobre 2021 à Bujumbura.

Selon toujours M. Nzisabira, la situation sécuritaire fragile que connait le Burundi depuis environ trois décennies influe sur le développement du gardiennage. Malheureusement, ce dernier a connu depuis ces derniers temps plus de malentendus entre les employés et les employeurs que les autres secteurs. Cela s’explique par les plaintes déposées à l’Inspection Générale du Travail et de la Sécurité Sociale (IGTSS), au CNDS voire à la Présidence de la République ou à la Primature. Il y a aussi d’autres institutions sollicitées tels que le ministère en charge de la sécurité publique, le cabinet du ministère en charge du travail, les organisations professionnelles des travailleurs et des employeurs ainsi que les tribunaux.

Les sociétés de gardiennage sont accusées de ne pas verser régulièrement les cotisations sociales de leurs agents à l’INSS.

Les plaintes souvent enregistrées

Les plaintes les plus courantes sont relatives notamment à l’absence de contrats de travail, à la non paiement des salaires (ou aux salaires jugés insuffisants), à l’absence d’assurance à la sécurité sociale (pas de soins de santé, pas d’assurance à l’INSS ou à la minoration des salaires déclarés). Il se manifeste aussi le non respect de la durée légale du travail, l’absence de congés, les salaires non conformes à la loi pour le travail presté les jours de repos ou de congés.

M. Nzisabira signale aussi les licenciements abusifs, le non respect du principe «à travail égal-salaire égal» (ou discrimination salariale), les mutations de service irrégulières, les désertions ou des absences injustifiées. Les vols dus au manque ou à l’insuffisance de la vigilance des gardiens ou à leur complicité sont également non négligeables ainsi que le non respect de la liberté syndicale.

Léonard Nsabimana, vice-président du syndicat des travailleurs de K.K Security abonde dans le même sens.  Il affirme que dans la plupart des cas, les agents de sécurité prestent plus de huit heures par jour. Ce qui est illégal. Même avis pour Jean Bosco Nsabiyumva, vice-président de SYTRASOBU-PSG, Syndicat des travailleurs de la société burundaise pour la Protection, la Surveillance et le Gardiennage (PSG) qui dénonce le non respect de la loi en matière de sécurité sociale.

Les causes des malentendus entre employés et employeurs

Les raisons les plus connues identifiées au cours des réunions, des séances de médiation ou de conciliation et au cours des procès sont notamment l’ignorance de la législation et de la réglementation du travail ou des règlements régissant les objets des plaintes par les employeurs et les travailleurs.

Ces deux groupes se méfient mutuellement et les employeurs craignent le mouvement syndical des employés. En plus de cela, les nouveaux dirigeants syndicaux ne sont pas expérimentés en matière de direction des syndicats et de dialogue social (problème d’éducation ouvrière). Ainsi, la capacité de gestion des entreprises de la part de certains dirigeants des sociétés de gardiennage n’est pas suffisante. En plus de cela, le secteur de gardiennage regorge d’un bon nombre d’entreprises concurrentes ; d’où la sous-estimation des coûts de revient pour gagner des marchés.

Des conflits à prévenir à tout prix, mais …

Selon toujours M. Nzisabira, pour prévenir les conflits, il faut d’abord supprimer leurs causes. Que les employeurs et les travailleurs des sociétés de gardiennage soient suffisamment formés sur le nouveau Code du Travail et le Code de la Protection Sociale. Ils sont appelés à apprendre les principes fondamentaux du dialogue bipartite. Que les travailleurs reçoivent des cours d’éducation ouvrière et que les employeurs reçoivent des cours élémentaires de gestion des entreprises et des ressources humaines.

En fin de compte, il faut que les employeurs et les employés de ce secteur soient formés en matière des particularités liées aux conditions de travail, aux horaires de travail et à la mobilité de la main d’œuvre. Une convention collective sectorielle pourrait arranger les particularités professionnelles spécifiques à ce secteur. Pour ce faire, les employeurs pourraient s’organiser et se mettre ensemble pour s’exprimer d’une même voix. Les travailleurs qui se sont regroupés dans une fédération devraient leur servir d’exemple.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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