Agroalimentaire

SOCORU : Les débuts timides d’une unité de transformation de tomates

Face à la perte d’une partie de la récolte et à l’effondrement du prix pendant la période de récolte, les producteurs de tomates de la province de Cibitoke ont décidé de mettre en place une unité de transformation de ce fruit avec le soutien de CAPAD. D’une production de 6 tonnes par mois, l’unité de  transformation de tomates  de Mparambo II est loin d’atteindre son régime maximal de 15 tonnes  par jour. Retour sur ce projet d’une importance capitale dans le développement de l’industrie agroalimentaire

Le double concentré de tomate Taamu produit par SOCORU se vend à 550 FBu au détail

Il a fallu que les agriculteurs se mettent ensemble pour trouver une solution au problème de la  tomate qui pourrissait en période de récolte. Pendant cette période, l’offre dépasse de loin la demande, entrainant par la même occasion l’effondrement du prix. Cela occasionnait des pertes sèches pour les producteurs. C’est cela qui a été à l’origine de la mise sur pied de cette unité de transformation avec le concours de la Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement (CAPAD), a indiqué Télésphore Ngaruye, président de la coopérative  Itekakuribose regroupant les cultivateurs de tomates de Rugombo et  représentant  local de la Société de transformation agroalimentaire et de Commercialisation de Rugombo (SOCORU).   

Un investissement avoisinant 1 milliard de FBu

Au départ on avait prévu 85,5 millions de FBu pour la construction des hangars, l’achat de terrains et le matériel de transport. L’équipement était évalué à 614 millions de FBu avec un fonds de roulement de 250 millions de FBu. Mais on a constaté par après que cela n’était pas suffisant pour permettre à l’usine de démarrer ses activités.  Avec le recalibrage des ressources opéré, l’investissement total avoisine un milliard de FBu, d’après les estimations de l’Ir Nestor Ndayizeye, chargé de la transformation agroalimentaire à la CAPAD et responsable de l’unité SOCORU de Mparambo II. Dotée de 8 employés permanents et 15 temporaires, cette unité ne produit pas à temps plein jusqu’à maintenant. 12 mille producteurs de tomates tireront profit  de ce projet à la longue. Mais, au départ, on a tablé sur la coopérative Itekakuribose qui regroupe 150 producteurs de la localité de Rugombo pour le démarrage de l’unité de transformation, a affirmé Ir Ndayizeye.

Les ratés ont handicapé le fonctionnement  de l’usine

Au début, le marché de fourniture de l’équipement de l’unité de transformation des tomates avait été confié à une entreprise chinoise. Les chinois ont amené un équipement inadéquat ne remplissant pas les normes. Le matériel n’était pas en matière inoxydable. Ce qui est déconseillé en agroalimentaire. Ils n’ont même pas pu  installer leurs machines. Ils sont partis sans nous avertir. Cela a occasionné une perte estimée à 400 millions de FBu et a sérieusement handicapé le fonctionnement de l’usine. On est allé exposer le problème à l’ambassade de Chine au Burundi. L’affaire s’est révélée être une véritable escroquerie, car les indélicats s’étaient déjà volatilisés dans la nature. Après une année et demie, c’est-à-dire en 2014, on a trouvé un italien qui a constaté les dégâts et a suggéré de tout remplacer. Heureusement il a pu amener du bon matériel. On n’a pu démarrer véritablement la production qu’à la fin de l’année 2017, a indiqué Ir Ndayizeye

Ir Nestor Ndayizeye, chargé de la transformation agroalimentaire à la CAPAD et responsable de l’unité SOCORU de Mparambo II : « L’énergie fournie par la Regideso n’est pas propre pour faire fonctionner les machines. Elle s’est avérée insuffisante. On a dû acheter un groupe électrogène. Le hic est que ce groupe est vorace en carburant. C’est pourquoi l’usine fonctionne par intermittence »

L’énergie, un vrai challenge

L’énergie fournie par la Regideso n’est pas propre pour faire fonctionner les machines. Elle s’est avérée insuffisante. On a dû acheter un groupe électrogène. Le hic est que ce groupe est vorace. C’est pourquoi l’usine fonctionne par intermittence, a déclaré avec dépit  Ir Ndayizeye. La production de l’usine tourne autour de 6 à 10  tonnes par mois actuellement alors que sa capacité maximale est de 15 tonnes par jour. C’est aussi pour cette raison que la salle des machines  était fermée au moment où le reporter de Burundi Eco a débarqué à Mparambo II. L’énergie pèse lourd dans le coût de production. « On ne produit que quand  la SOCOPA (la branche du CAPAD chargée de la commercialisation des produits agricoles) nous le demande, c’est-à-dire quand le stock est presqu’épuisé. On ne peut pas produire une grande quantité alors qu’on travaille à perte. C’est pour cette raison  que l’usine tourne au ralenti en attendant que la question de l’énergie soit réglée. Une équipe de techniciens de la Regideso est venue examiner ce cas et elle a recommandé l’installation d’un transformateur propre à l’usine. Nous avons transmis la requête aux institutions habilitées. Le ministère ayant l’agriculture dans ses attributions a contacté celui de l’énergie. On attend que les démarches aboutissent », a fait savoir le responsable de l’unité de transformation  SOCORU de Mparambo II.

Roma, une nouvelle variété de tomate pour alimenter l’usine

Les études ont montré que la tomate habituellement cultivée à Cibitoke contient beaucoup d’eau. Elle nécessite par conséquent beaucoup d’énergie pour éliminer cette eau et ramener sa concentration à 28% lors de la transformation. Cela gonfle encore une fois le coût de production et rend Taamu (le concentré de tomate produit par SOCORU) moins compétitif sur le marché. La solution adoptée a été d’introduire une autre variété de tomate. Le choix s’est porté sur la variété de tomate F1 Sora communément appelé Roma de forme allongée. Cette variété qui présente une bonne fermeté supportera mieux le transport vers l’usine. On en est à l’étape de sa vulgarisation. Actuellement on recherche un fournisseur capable d’importer une grande quantité de semences de cette variété.  Au Kenya on n’a pas pu trouver un tel fournisseur. Mais les producteurs de Rugombo ont pu se procurer  une petite quantité via le Rwanda. Les démarches continuent pour trouver une maison capable de fournir une quantité satisfaisante, a affirmé Ir Ndayizeye.   

Taamu est déjà sur le marché

Le concentré de tomate Taamu est déjà sur le marché même s’il n’est pas très visible à cause peut-être des problèmes de production qui viennent d’être évoqués plus haut. Mais il est disponible notamment aux points de vente de Chez Siyoni  et   au siège de la CAPAD. On livre directement à celui qui prend une grande quantité. Taamu se vend à 550 FBu au détail alors que Salsa et Sorwatom importés respectivement d’Italie et du Rwanda se vendent à  700 FBu. Pourtant Taamu n’est pas très connu des consommateurs. Il n’est pas présent aux rayons des petites boutiques des quartiers populaires. Il a du mal à percer sur le marché. Au demeurant, il faut savoir que le produit est encore au stade de lancement. Une campagne de marketing devrait bientôt accompagner sa commercialisation, a indiqué Ir Ndayizeye.

Taamu remplit les normes

La tomate habituellement cultivée à Cibitoke contient beaucoup d’eau. La solution adoptée a été d’introduire une autre variété de tomates. Le choix s’est porté sur la variété de tomate F1 Sora communément appelé Roma de forme allongée.

Le produit Taamu a également reçu la certification du BBN. Ce qui ouvre de perspectives intéressantes pour sa commercialisation. Mais il reste à apposer le logo de cette institution sur Taamu. Nous espérons que cela va être fait prochainement, car les analyses qui ont été faites n’ont révélé aucune anomalie. Si on parvient à contourner les écueils cités plus haut, nul doute que l’unité de transformation de SOCORU pourra fonctionner à plein régime pense Ir Ndayizeye. Elle  pourra ainsi produire une quantité exportable sur le marché international après avoir satisfait le marché local. Cela sera sûrement une valeur ajoutée pour les producteurs. A ce sujet, Gilbert Nyandwi, président de la CAPAD au niveau national a rappelé que cette organisation est membre de l’East Africa Famers Federation (EAFF). C’est un débouché  assuré pour les produits agricoles de la sous-région. Si on en produisait suffisamment, Taamu pourrait facilement être  écoulé sur le marché de l’EAC, a souligné le président de la CAPAD.

L’unité de transformation de la  tomate de Rugombo illustre bien les efforts qui sont en train d’être  fournis pour transformer les produits agricoles locaux en leur procurant une valeur ajoutée. Elle constitue une bonne opportunité pour jeter les bases d’une industrie agroalimentaire. C’est aussi un bon moyen d’inciter les exploitants à s’orienter vers une agriculture moderne plus rémunératrice et plus utile à l’économie du pays. C’est à ce titre que cette initiative mérite d’être plus soutenue et plus valorisée.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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