Les prix des produits de première nécessité sont devenus indomptables sur le marché. La situation a fini par dégénérer malgré les innombrables avertissements des autorités. Les causes à l’origine de cette hausse des prix sur certains produits dans différents coins du pays sont nombreuses
Jusque dans les coins les plus reculés du pays, les prix sont restés très volatiles avec une tendance ascendante. A part certains produits alimentaires irremplaçables dans les ménages comme le sucre, la farine et certaines boissons de la Brarudi, les matériaux de construction ont aussi été fortement touchés. Les multiples injonctions du ministère en charge de la régulation des prix n’ont pas pu mettre un terme à cette spéculation. Les commerçants sont accusés de créer une situation qui leur permet de fixer les prix à leur guise. Les autorités semblent avoir échoué à maintenir l’ordre depuis plusieurs mois. Les prix officiels ne sont presque plus connus dans tout le pays.

Les multiples injonctions du ministère en charge de la régulation des prix n’ont pas pu mettre un terme à la spéculation qui s’observe sur certains produits.
En province de Ruyigi, les prix des matériaux de construction ont flambé. Tandis que le prix des tôles officiellement reconnu est de 16 500 FBu la pièce, il est aujourd’hui entre 19 000 et 25 000 FBu. Interrogés sur la raison d’être de cette situation, les commerçants de la place ont tenté une explication. Ces derniers indiquent que les tôles leur arrivent en de très petites quantités. Ce qui provoque des spéculations. Dans cette contrée, ce ne sont pas uniquement les tôles qui manquent. En province de Ruyigi, la rareté du ciment Buceco est une réalité. Un sac de ce produit s’achète actuellement entre 26 000 et 28 000 FBu, alors que le prix officiel n’est jamais allé au-delà de 24 500 FBu. La spéculation sur le prix du ciment est également observable dans la province de Cibitoke. Les habitants de cette province où se trouve pourtant l’usine Buceco affirme que parfois le prix d’un sac de ciment atteint 33 000 FBu.
De même, les prix de certains produits alimentaires et de certaines boissons de la Brarudi ont également explosé et ont été maintenus au même niveau depuis plusieurs mois. Le phénomène s’est étendu à l’intérieur du pays. En province de Gitega, le prix de la farine atteint 54 000 FBu le sac. Quant aux boissons de la Brarudi, les prix restent en hausse malgré les injonctions des autorités.
A qui incombe la responsabilité ?
Chrysologue Mutwa, Directeur Général du Commerce au ministère ayant le commerce dans ses attributions affirme que la spéculation est une réalité observable sur le marché national. « Nous constatons nous aussi que les prix de certains produits sont repartis à la hausse», constate-t-il. Cependant, Mutwa dit que la hausse de certains prix est incompréhensible. Cette autorité s’inquiète et pointe du doigt les commerçants qui versent dans la spéculation. « Nous avons remarqué une attitude égoïste chez certains commerçants », accuse-t-il. Cependant, Mutwa affirme que parfois les commerçants paient anticipativement. Cela prouve une certaine sous-production de la Buceco qui pousserait les commerçants à entrer dans une compétition au niveau de leur approvisionnement.
Le point de vue des autorités publiques contraste fortement avec l’observation des commerçants. Pour Antoine Muzaneza, président de l’Association des Commerçants du Burundi (ACOBU), certaines personnes autres que les commerçants nourrissent la spéculation. Ce représentant des commerçants n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, c’est une question d’impunité. « Les commerçants qui s’approvisionnent auprès de l’usine Buceco sont connus, les quantités distribuées chaque jour par cette usine sont connues et même les points de ventes sont connus », rappelle-t-il. Certains fonctionnaires de l’Etat sont accusés de participer à la fraude et de verser dans la corruption. Ce qui concourt à la persistance de la spéculation.
Les commerçants vont loin et affirment que les problèmes liés au manque de devises et à la pandémie de Covid-19 ont pesé lourd sur le commerce international. Ces professionnels disent que les secousses engendrés par la Covid-19 dans le monde du commerce ont influé sur les prix.
Pour Noël Nkurunziza, porte-parole et secrétaire exécutif de l’Abuco, la pandémie de Covid-19 n’a pas beaucoup influé sur les prix locaux. Il rappelle plutôt que la spéculation et la pénurie des devises sont les principales causes à l’origine de la flambée des prix.
Quelles solutions envisagées pour mettre fin au phénomène de spéculation ?
Selon les propos du ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Environnement, l’Etat va se charger de l’achat et de la revente des produits alimentaires. Cela dans le but d’appliquer des prix justes sur le marché. Pour le président de l’ACOBU, la volonté des autorités de faire respecter les prix reste incontournable. Selon Muzaneza, il s’avère nécessaire de mettre en place un numéro vert pour aider la population à contribuer à la lutte contre la spéculation en alertant les services habilités. Pour Jean Prospère Niyoboke, expert en économie, il faut que toutes les parties prenantes s’asseyent ensemble pour trouver une solution durable.
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