L’Association des Transporteurs Internationaux du Burundi (ATIB) estime incontournable une plateforme regroupant les intervenants dans le transport des marchandises. Cela pour développer le corridor central. Bien que moins usitée, elle rappelle que la ligne multimodale reste moins cher par rapport à la voie routière
Le corridor central part du port de Dar-es-Salaam vers Bujumbura en passant par Singida et Kobero sur une distance de 1620 km. Il part également de Dar-es-Salaam vers Kigoma par voie ferroviaire et de Kigoma à Bujumbura par voie lacustre. Tout cela sur une distance d’environ 1 400 km.

Selon Eric Ntangaro, secrétaire exécutif de l’ATIB, ce corridor est coordonné par l’Agence de Facilitation de Transit du Corridor Central (TRC) dont le secrétariat est Arusha en Tanzanie. Pourtant, précise-t-il, une plateforme regroupant tous les intervenants dans le transport des marchandises devrait être mise en place pour mieux coordonner ce corridor.
« Ladite plateforme doit inclure Tanzania Ports Authority (TPA), Tanzania Revenue Authority (RTA), Surface Marine Transport Authority (SUMATRA), Autorité Maritime Portuaire et Ferroviaire (AMPF), Office Burundais des Recettes (OBR), Global Port Services Burundi (GPSB), service de l’Immigration et l’ATIB », déclare-t-il.
La voie routière : Le non-dit de son usage malgré sa cherté
Eric Ntangaro indique que la voie routière est plus utilisée alors que les défis priment sur les atouts. « La durée minimale du voyage est de plus ou moins 72 heures », fait-il remarquer.
Pour lui, tout le long du corridor central se trouvent trois points de pesage (ponts bascules pour peser les marchandises en transit), soit à Vigwaza, à Njuki (Singida) et à Nyakahura. Ces ponts bascules sont installés du côté Tanzanien. Cela pour gérer les infrastructures. Quant au côté burundais, informe M.Ntangaro, un seul pont bascule installé au port de Bujumbura n’a que le rôle de peser les marchandises pour le dédouanement.
Par ailleurs, poursuit-il, certains transporteurs ne faisant pas partie de l’ATIB ne savent pas contrôler le poids en fonction des essieux.

« Par exemple, un camion de six essieux ne doit pas dépasser une charge de 48 tonnes de poids brut », rappelle le secrétaire exécutif de l’ATIB.
Ce qui fait qu’arrivés à Kobero, ces commerçants ne font que le transbordement des marchandises de trois camions dans un seul. Ce qui cause non seulement la perte du temps pour le chargement et le déchargement de ces camions, mais aussi la destruction des infrastructures routières suite au poids standard à transporter qui n’est pas respecté.
Il explique cela par le fait qu’avec le Territoire Douanier Unique (TDU), les marchandises sont déclarées au port de Dar-es-Salaam. « Arrivées sur le territoire burundais, celles-ci peuvent être vendus immédiatement sans toutefois subir d’autres procédures. Aujourd’hui donc, il n’y a plus de T1. On donne l’exit not. Sont mis les plombs sur les seuls camions transportant les marchandises douteuses », certifie-t-il.
M. Ntangaro regrette également que sur une distance d’environ 50 km (côté Tanzanien) entre Nyakanazi et Benako, la route est en mauvais état. Ce qui occasionne une perte de temps sur les livraisons des marchandises.
Tout n’est pas rose du côté burundais
Le patron de l’ATIB témoigne que le point de repos des camions se trouvant à Gitega ne remplit pas les conditions exigées par la Communauté Est Africaine (CEA). Il manque d’hôtels, de pharmacies, de restaurants, de services de vidange…confirme M.Ntangaro.
Il évoque aussi le problème de signalisation sur la RN12 (route Gitega-Muyinga). Ce qui cause souvent des accidents.
« De plus, suite à la plaidoirie de l’ATIB, il y avait eu harmonisation du taux des frais de transit. Auparavant, un camion burundais qui entrait sur le sol tanzanien devrait payer 500 USD de frais de Transit. Ceux-ci ont été revus à la baisse jusqu’à 152 USD. Il en était de même pour les camions tanzaniens qui entraient sur le sol burundais. Malheureusement, les choses se dégradent. Actuellement, l’OBR fait payer ces frais aux camions étrangers chargés et à l’importation et à l’exportation. Ces frais sont payés donc doublement. Curieusement, les Tanzaniens ont commencé à faire de même pour les camions burundais qui entrent sur le sol tanzanien », déplore M.Ntangaro.
Il annonce aussi que la flotte burundaise n’est pas compétitive dans la sous-région. Nous payons le certificat de transport international (Transit goods), continue le secrétaire exécutif de l’ATIB, par tête de camion.
«Dans d’autres pays, le certificat de transport international est payé par flotte. Les transporteurs internationaux ne paient pas aussi la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)», dit-il.
La voie multimodale, moins chère et moins utilisée
Mireine Havyarimana, coordonnateur des projets au sein de l’ATIB témoigne que le transport multimodal est moins cher. Elle signale d’abord que celle-ci consiste à utiliser la voie ferroviaire de Dar-es-Salaam à Kigoma et la voie lacustre de Kigoma à Bujumbura.

Elle éclaire cela par le fait qu’il n’existe pas de points de pesage ou de routes en mauvais état. Et de renchérir : « Avec cette voie, on transporte beaucoup de marchandises. Un bateau peut transporter 43 containers de 20 pieds ».
Mme Havyarimana souligne qu’un bateau de la société de l’Armement Nord des Grands Lacs (ARNOLAC) a la capacité de transporter 1300 tonnes de marchandises en vrac tandis qu’un convoi peut transporter plus de 4 000 tonnes.

Elle s’inquiète que les transporteurs n’utilisent pas la voie multimodale pour importer le carburant. Or, affirme-t-elle, il y a des facilités pour le faire. « Tanzania Railways Corporation (TRC) dispose de wagons pour transporter le carburant. Des terminaux de stockage sont installés au port de Kigoma », martèle Mme Havyarimana.
Elle notifie que les bateaux disponibles au sein de l’ATIB peuvent transporter par convoi 550 mètres cubes de carburant, soit une quantité transportée par 11 camions. Cela au moment où un camion ne peut pas dépasser 40 mètres cubes.
Cependant, le coordonnateur des projets au sein de l’ATIB avise la nécessité de mettre les agents de l’OBR au port de Kigoma. C’est dans le but d’opérationnaliser le TDU, surtout qu’il y a des marchandises qui y passent sans transiter par le port de Dar-es-Salaam.
« L’usage de la voie lacustre souffre de la non efficacité de la connexion téléphonique. On utilise la téléphonie mobile et les réseaux sociaux. En cas de problème, on se débrouille », conclut-elle.
Dans nos éditions ultérieures, nous vous parlerons du problème de brevetage.
L’Association des Transporteurs Internationaux du Burundi (ATIB) est une association dont l’objectif principal est d’être toujours au service des transporteurs. Elle a comme mission de représenter, conseiller, défendre et supporter les transporteurs internationaux. Sa vision est d’avoir un environnement sain, fiable, efficace et professionnel dans l’entreprise de transport international. L’idée de création de l’ATIB est née des transporteurs qui voulaient mettre ensemble leurs forces. Cela pour faire face aux multiples problèmes qui hantent le secteur du transport. Elle regroupe dix sociétés de transport dont neuf transporteurs routiers et un transporteur maritime. L’ATIB désenclave le Burundi à partir des ports de Dar-es-Salaam, Mombasa et ceux de l’Afrique Australe via le lac Tanganyika.
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