Editorial

Travail décent, une utopie

Le travailleur burundais preste dans des conditions précaires. Les maigres salaires ne permettent pas à la plupart des fonctionnaires de joindre les deux bouts du mois. Ils contractent des crédits pour subvenir aux besoins de la famille. Cette situation se répercute sur les conditions de vie des ménages. Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) a été fixé il y a plus de trente ans. Il est de 160 FBu par jour dans les centres urbains et 105 FBu dans les milieux ruraux. Or, l’inflation a augmenté exponentiellement durant cette période. Le coût de la vie en 2019 est de loin incomparable à celui de 1988, date de fixation du SMIG. Le gel des annales ajoute le drame au drame. Depuis bientôt cinq ans, la carrière stagne pour la plupart des fonctionnaires de l’Etat. Pire encore, la protection sociale est remise en cause. La raison n’est autre que les cotisations ne sont plus versées au niveau des organismes de protection sociale. Les syndicalistes alertent sur les effets pervers du dégel des annales sur la protection sociale.

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Les travailleurs du secteur privé ne sont pas à l’abri. La complicité des travailleurs avec leurs employeurs ne profite à personne. La sous déclaration des primes au niveau des organismes de protection sociale est une bombe à retardement. A la retraite, le travailleur se retrouve sans rien pour subvenir à ses besoins, car les primes ont été insignifiantes. D’un autre côté, l’employeur s’expose aux sanctions du régulateur, en l’occurrence les services en charge de l’inspection générale du travail. Le travail décent auquel pas mal de travailleurs aspirent reste utopique. Par travail décent, il faut comprendre la possibilité d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une protection sociale pour la famille du travailleur.

On ne peut pas passer sous silence des milliers et des milliers de travailleurs qui œuvrent dans le secteur informel. Les employeurs s’en foutent de toute réglementation. Ils imposent eux-mêmes les conditions de travail. Il revient donc aux employés de s’y conformer. Dans le cas contraire, on est remercié. Le paiement du salaire est facultatif, les droits aux congés ou aux indemnités ne sont pas respectés. Les travailleurs du secteur informel ne peuvent pas prétendre à la protection sociale d’autant plus que leurs conditions de travail ne sont pas clairement définies. Et les employeurs n’y pensent même pas. Espérons que le Code du travail en cours de révision apportera des solutions durables à cette situation. Un dialogue franc et sincère entre les différentes parties prenantes est souhaitable afin d’améliorer les conditions de vie du travailleur Burundais.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

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    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

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