Société

Les travailleurs sous le choc de la vie chère

Les conditions de vie qui deviennent de plus en plus chères pour la population, le licenciement abusif des représentants des travailleurs dans certaines sociétés, les entreprises qui recourent aux agences de placement pour recrutement sont quelques préoccupations des syndicats des travailleurs du Burundi. Ils demandent au gouvernement de revoir à la hausse les salaires ou de limiter la flambée des prix des produits de première nécessité

La hausse des prix des produits de première nécessité enfonce les employés dans un calvaire sans nom, a alerté Mélance Hakizimana, vice-président de la Confédération des Syndicats du Burundi (Cosybu) dans son allocution de circonstances lors de la célébration lundi le 02 mai 2022 de la journée internationale du travail et des travailleurs en mairie de Bujumbura. La pénurie du carburant qui persiste fait que les prix de toutes les denrées alimentaires augmentent sur le marché. Encore plus, les produits comme le sucre, le ciment Buceco, les produits Brarudi sont devenus rares. Et quand ils sont disponibles, une spéculation qui ne dit pas son nom s’invite dans la partie et lesdits produits s’achètent à des prix exorbitants, dénonce la Cosybu.

La délimitation des zones non accessibles en mairie de Bujumbura pour les vélos, les motos et les tricycles est venue enfoncer les travailleurs dans la misère, déplore M. Hakizimana. Pour la Cosybu, cette mesure a occasionné des conséquences sur l’économie des conducteurs, des propriétaires de ces engins et de la population. « Nous demandons que cette mesure soit suspendue temporairement pour organiser des dialogues afin de prendre des décisions favorisant toutes les parties prenantes ».

Mélance Hakizimana, vice-président de la Cosybu : «La délimitation des zones non accessibles en mairie de Bujumbura pour les vélos, les motos et les tricycles a des conséquences lourdes sur l’économie des ménages. Nous demandons que cette mesure soit suspendue».

Les travailleurs en détresse

Les employés des secteurs publics et privé disent être dans les situations intenables suite à la montée des prix des produits de première nécessité. « La pénurie du carburant n’arrange pas les choses. En l’espace de deux mois, le gouvernement a revu à la hausse le prix du carburant deux fois. Conséquemment, les prix des autres produits augmentent et le ticket de transport suit le rythme. Cela au moment où le salaire n’augmente pas », explique Etienne Ndikuriyo, fonctionnaire de l’Etat rencontré au stade Intwari en mairie de Bujumbura. 

La mesure de délimitation des zones interdites de circulation pour les tricycles et les deux roues est venue enfoncer le clou dans la plaie selon J. C, un habitant de Mutanga-Nord, fonctionnaire au ministère en charge de la santé. « Actuellement, trouver un bus de transport en commun est un casse-tête. Parfois, je suis obligé de prendre un taxi et je dépense par jour plus de 5 mille FBu pour le transport ». Même situation pour J. Ndihokubwayo, habitant au quartier Nyabugete de la zone Kanyosha et travaillant dans une société d’assurance au centre-ville de Bujumbura. « Je me déplaçais sur ma propre moto dit « Jeho kuki » pour arriver au lieu de travail. Mais, actuellement, je dois prendre les bus. Avec la pénurie du carburant, ils deviennent rares. Si un bus est disponible, nous sommes obligés de payer plus ou moins 1000 FBu pour un trajet initialement prévu pour 700 FBu ». 

Le logement coûte les yeux de la tête

Les loyers des maisons ne cessent d’augmenter. Les coûts ont presque doublé, se lamente V. N, habitant au quartier Kibenga. Selon lui, une maison qui se louait à 250 mille FBu il y a deux ans est actuellement louée à plus de 450 mille FBu. Une autre qui se louait à 150 mille FBu est actuellement louée à 300 mille FBu.  Il déplore que les propriétaires des maisons font augmenter le loyer comme ils veulent et que cela se fait aux yeux des autorités. V.N propose au gouvernement de s’asseoir ensemble avec les propriétaires des maisons et fixer les prix à ne pas dépasser selon le standard des quartiers et des maisons. 

« Avec un salaire de 300 mille FBu, avec toutes mes dépenses, je ne parviens pas à joindre les deux bouts du mois. Je recours chaque mois aux découverts. Et pourtant, ce montant était suffisant il y a trois ans », révèle Z. T, employé dans une pharmacie au centre-ville de Bujumbura 

La confédération des syndicats du Burundi demande au gouvernement de prendre des mesures visant à baisser les prix des produits de première nécessité ou d’augmenter les salaires des travailleurs. « La situation est actuellement intenable ». 

Nous sommes dans une situation difficile, reconnait le chef de l’Etat

Dans son discours à la Nation, Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi affirme que le pays traverse une situation difficile. « L’Agence de Développement du Burundi vient de nous alerter. Les Burundais continuent à importer sans penser à exporter ». Cela fait que notre monnaie continue à perdre la valeur. Si nous ne pouvons pas augmenter la production, la situation va s’empirer ». Pour lui, cela est lié à la crise sanitaire qui a frappé le monde. Sans plus de précisions, le Chef de l’Etat évoque en outre la guerre entre l’Ukraine et la Russie. «Les conséquences de ces crises frappent le monde et changent la vie des pays en voie de développement. Cette crise intervient au moment où nous essayons de faire face aux conséquences de la Covid-19. Une guerre qui se fait à une distance de 6000 km affecte la vie des Burundais et fait reculer le développement du pays». Ndayishimye explique qu’il est temps d’agir pour limiter les effets des crises internationales. Il appelle les Burundais à profiter de ces moments difficiles pour produire suffisamment et exporter. 

Certains pays haussent les salaires 

Pour améliorer le pouvoir d’achat de la population et faire face à l’inflation, certains pays de l’EAC ont décidé d’augmenter les salaires des fonctionnaires.  En République Démocratique du Congo (RDC), le salaire de base des fonctionnaires et agents de l’État a été augmenté de 30% dès le mois d’avril 2022. Cette augmentation passera à 45% à partir de juillet 2022.  Il est également prévu une réduction de 15% à 3% l’Impôt Professionnel sur le Revenu (IPR), a rapporté L’Avenir. 

Il en est de même pour le Kenya. Uhuru Kemyatta, président du Kenya a annoncé dimanche le 1er mai une augmentation de 12% du Salaire Minimum Interprofessionnel Garantis (SMIG). M. Kenyatta estime qu’il est impératif de revoir à la hausse les salaires minimums afin de protéger les travailleurs contre de nouvelles dégradations. Au Kenya, l’inflation a atteint en avril son plus haut niveau depuis sept mois selon le Monde.

Les employés des secteurs publics et privé disent être dans les situations intenables suite à la montée des prix des produits de première nécessité.

La Cosybu dénonce le licenciement abusif des représentants des travailleurs

Le vice-président de la Cosybu est revenu sur la maltraitance envers les employés ou leurs représentants dans certaines institutions. La Cosybu dénonce que dans certaines sociétés, les représentants des travailleurs ont été licenciées sans respect ni de la loi ni des contrats. M. Hakizimana pointe du doigt les sociétés comme PSG, Vigiles Burundais, Protem, Université du Burundi, Brarudi, Savonor, etc. 

Il pointe aussi du doigt les sociétés qui recourent aux agences de placement pour le recrutement du personnel. Selon lui, ces sociétés ont licencié des employés qui ont des contrats pour les remplacer par les employés issus de la sous-traitance. Ces derniers sont d’ailleurs mal payés estime la Cosybu. « Les sociétés Brarudi et Bancobu devraient se ressaisir et respecter le code du travail ».

Pour la confédération des syndicats du Burundi, il est déplorable que certains employeurs ne recourent pas à l’Inspection Générale du Travail ou au Conseil National de Dialogue Social pour trouver les solutions aux différends qui les opposent à leurs employés. « Ils devraient plutôt faire recours à ces organes afin de trouver des solutions avantageuses pour toutes les parties », recommande la Cosybu.

Le Chef de l’Etat appelle les employeurs et les employés à toujours favoriser le dialogue pour le bien de tous. Les organes étatiques devront instaurer des lois régissant le travail. Cela pour régler les conflits pouvant éclater entre l’employé et l’employeur.  M. Ndayishimiye reconnait que les travailleurs ont le droit de former les syndicats pour avoir des représentants. Néanmoins, le Président précise que ces syndicats ne doivent pas seulement jouer le rôle d’avancer les revendications des travailleurs. Ils doivent aussi se préoccuper de l’augmentation du rendement et veiller aux finances de leurs entreprises afin qu’elles ne tombent pas en faillite. 

Des avancées dans la politique salariale 

La Cosybu salue l’adoption par le gouvernement de la politique salariale. Néanmoins, elle déplore que la période adoptée pour la mise en application de cette politique est trop longue. Les syndicalistes s’inquiètent que dans le cadre de cette politique, toutes les annales, primes et indemnités ont été gelées. Dans un compte-rendu du conseil des ministres du 2 février 2022, Prosper Ntahorwamiye, porte-parole du gouvernement a fait savoir que le Burundi a initié une politique d’harmonisation des salaires dans l’administration publique à partir de janvier 2016. A cet effet, toutes les annales, primes et indemnités conjoncturelles, y compris les indemnités de fin de carrière ont été gelées. 

Les syndicalistes saluent également les réformes sociales qui sont en train d’être mises en place par le gouvernement, notamment le programme de donner les frais de pension de retraite équivalent au dernier salaire net de l’employé qui part à la retraite. « Que cette mesure soit appliquée de la même manière pour tous les retraités sans considération aucune », demande la Cosybu. C’est au moment où la réforme concerne ceux qui sont partis à la retraite depuis 2020.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

« Amstel Bright » inonde le marché

« Amstel Bright » inonde le marché

Après l’Amstel Beer disponible en formats 65 cl et 50 cl, voici le nouveau venu : l’Amstel Bright, présenté dans une même bouteille d’emballage, qui désaltère les gorges sèches des amateurs de la sainte mousse. Du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est du pays, dans une carence ennuyeuse de la première saveur (Amstel Beer), la deuxième saveur (Amstel Bright) n’arrive pas toujours à consoler les âmes assoiffées, selon certains consommateurs conservateurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 654

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    « Amstel Bright » inonde le marché

    « Amstel Bright » inonde le marché

    Après l’Amstel Beer disponible en formats 65 cl et 50 cl, voici le nouveau venu : l’Amstel Bright, présenté dans une même bouteille d’emballage, qui désaltère les gorges sèches des amateurs de la sainte mousse. Du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est du pays, dans une carence ennuyeuse de la première saveur (Amstel Beer), la deuxième saveur (Amstel Bright) n’arrive pas toujours à consoler les âmes assoiffées, selon certains consommateurs conservateurs.
  • Journal n° 654

  • Dossiers Pédagogiques