En date du 23 au 24 janvier 2024, il a été organisé à Bujumbura un Forum national sur l’érosion hydrique au Burundi. Ce Forum a été organisé conjointement par I ‘Université du Burundi et l’IFDC (le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement agricole), à travers le projet PAGRIS (Projet d’Appui pour une Gestion Responsable et Intégrée des Sols) financé par l’Ambassade Royaume des Pays Bas au Burundi. L’objet de ce forum était de mener une réflexion d’ensemble entre les parties prenantes du secteur d’aménagement des bassins versants sur la lutte contre l’érosion hydrique au Burundi et de formuler des recommandations y relatives.

L’érosion hydrique au Burundi constitue de plus en plus un des facteurs les plus limitants de la gestion durable du capital sol et donc de la gestion durable des exploitations agricoles et de leur productivité.
« Le sol constitue le premier capital productif pour une grande majorité des ménages burundais, tenant compte qu’ils vivent essentiellement de l’agriculture. De ce fait, la protection et la gestion durable de ce capital sol constitue un enjeu prioritaire pour prétendre augmenter le rendement agricole et améliorer de manière durable le mode de vie des ménages ruraux agricoles », a fait savoir Pr Audace Manirabona, Recteur de l’université du Burundi. C’était lors d’un forum national sur l’érosion hydrique au Burundi, organisé conjointement par l’Université du Burundi et l’IFDC (International Fertilizer Development Company) à travers son projet PAGRIS (Projet d’Appui à la Gestion Responsable et Intégrée de la Fertilité des Sols). Ce forum qui s’est tenu date du 23 au 24 janvier 2024 à la Détente, réunissait toutes les parties prenantes du secteur d’aménagement des bassins versants. C’était dans le but d’une réflexion d’ensemble sur la lutte contre l’érosion au Burundi. Il sied de relever que ce forum sur l’érosion hydrique au Burundi est le deuxième du genre, après un atelier sur cette même problématique, organisé par l’ISABU (Institut des Sciences Agronomiques du Burundi), il y a de cela 30 ans.
Comme l’a expliqué Professeur Sévérin Nijimbere, Doyen de la Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie (FABI) de l’Université du Burundi, ce forum constitue également une occasion de restituer les résultats émanant des recherches sur l’érosion hydrique dans les communes Matongo de la province Kayanza et de Gashikanwa dans la province de Ngozi. Pendant ces derniers 9 ans, ces études ont été menées par la Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie (FABI) de l’Université du Burundi sous l’appui financier de la communauté flamande de Belgique à travers le projet VLIR-UOS d’abord et ensuite de l’IFDC via le projet PAGRIS. L’objectif de ces recherches était d’évaluer l’efficacité des pratiques culturales en vigueur dans la gestion conservatoire des eaux et des sols.
L’érosion hydrique, une réalité au Burundi
Comme l’ont démontré les différents experts qui faisaient partie de ce forum, l’érosion hydrique est une réalité sur presque tout le territoire national. Selon le Coordinateur du projet PAGRIS de l’IFDC, l’érosion hydrique au Burundi constitue un des facteurs les plus limitants de la gestion durable du sol et donc de la gestion durable des exploitations agricoles et de leur productivité. Elle dégrade et emporte cette ressource qui est un capital très important pour la production agricole : le sol. Selon ces experts, cela touche essentiellement toutes les terres en pentes en commençant par les contreforts des Mirwa mais aussi la crête Congo Nil et celles des Plateaux Centraux.

Sévérin Nijimbere, Doyen de la Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie (FABI) de l’Université du Burundi : « Ce forum constitue une occasion de restituer les résultats émanant des recherches sur l’érosion hydrique dans les communes Matongo de la province Kayanza et de Gashikanwa dans la province de Ngozi.»
De plus, l’érosion hydrique est responsable des pertes suite aux éboulements de terrain et aux inondations qui semblent de plus en plus fréquentes, mais aussi occasionnent des dégâts matériels importants au niveau des maisons et des infrastructures du pays. Le sol du Burundi est en effet soumis à de multiples pressions de différents types ayant toutes un point commun : l’action de l’homme à travers la déforestation, l’agriculture, les infrastructures, etc. Cela démontre bien l’importance de cette problématique qui affecte par conséquent la majorité de la population du pays dans ses différents secteurs d’activités.
Pourtant, il y a moyen de faire autrement
Comme l’a souligné le Recteur de l’Université du Burundi, la gravité de l’érosion hydrique au Burundi s’explique par une culture sur les terrains en pentes sans mesures adéquates de lutte contre l’érosion. Lors des différents exposés, il a été démontré que la culture sur les terrains en pentes favorise l’érosion du sol. Il a alors été suggéré de bannir la culture sur ce genre de terrain, mais plutôt de rentabiliser ces terres marginales en y plantant des fruits ou en y installant des boisements, mais également orienter les agriculteurs dans la mise en œuvre des pratiques agricoles appropriées selon les conditions locales.
Farmers in #Burundi are adopting resilient agriculture, through #PAGRIS, Marginal plots are becoming productive, with stones scattered throughout the plots cleared to make way for arable land and to form an anti-erosion system. More on #PAGRIS: https://t.co/CWNDhVjRZr pic.twitter.com/cAcfYy9LmB
— IFDC Burundi (@IFDCBurundi) January 10, 2023
Pour pallier à l’érosion hydrique dans la région naturelle de Kirimiro, comme dans d’autres régions à bananier par ailleurs, il a été proposé l’intégration du bananier dans les pratiques de lutte antiérosive en tenant compte de sa capacité de production d’une biomasse importante. La multiplication des arbres, surtout agro forestiers et fruitiers qui jouent plusieurs fonctions dans la protection et la restauration de la fertilité des sols et dans l’amélioration de l’alimentation et des revenus des ménages serait d’une grande importance. Mais aussi, selon ces mêmes recherches, il faut maximiser la biomasse pour le paillis complet des exploitations agricoles.
Un forum riche en réflexions
Et de préciser que lors de ce forum, une dizaine de thèmes ont été développés par différents experts réputés dans les domaines divers susceptibles d’apporter une solution pour l’érosion hydrique au Burundi. Les thèmes développés sont entre autres l’Approche harmonisée pour l’opérationnalisation du Document stratégique d’aménagement des BV (DOSABV), la récurrence des extrêmes climatiques et les mécanismes associés en Afrique de l’Est : Cas du Burundi, la caractérisation des glissements de terrain et des processus d’érosion associés et la contribution de la télédétection par drones au suivi et à la modélisation des pertes en terre par l’érosion au Burundi en général dans la périphérie de la ville de Bujumbura en particulier, pour ne citer que ceux-ci.
Ce forum a été également une occasion de formuler des recommandations susceptibles de répondre d’une manière efficace à cette problématique. En particulier, les partenaires au développement ont été invités à faire leurs planifications en tenant compte des orientations du PND révisé, de la stratégie nationale de la coopération au développement et de la vision du Burundi émergeant en 2040 et du Burundi développé en 2060.
L’application des différents textes législatifs existants (code de l’eau, code de l’environnement, etc.) et la collaboration des institutions œuvrant dans les secteurs agricole et environnemental avec les chercheurs ont été jugées d’une grande importance. L’autre suggestion était relative à l’instauration des cadres d’échange et d’implication des exploitants agricoles (niveaux provincial et communal) dans la mise en application des innovations générées par les recherches actuelles et à venir afin de les rendre opérationnelles et pérennes.
Il a également été recommandé de faire des recherches sur les aptitudes du palmier à huile dans la réduction de l’érosion à l’instar du bananier et d’intégrer les changements climatiques dans les défis majeurs de la dégradation des sols.
Signalons que ces activités s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie globale d’intervention de l’IFDC surtout au niveau de son deuxième pilier qui stipule que l’IFDC collabore avec les instituts de recherche pour le développement des technologies et des systèmes agricoles de l’IFDC plus adaptés.
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