Editorial

Un potentiel énergétique sous-exploité

Le Burundi dispose d’énormes potentialités dans le secteur énergétique. Cependant, les différents types d’énergie ne sont pas exploités à bon escient. Les énergies fossiles et l’hydroélectricité prédominent alors que le pays dispose d’un large éventail d’énergies renouvelables. Ce sont notamment l’énergie éolienne, l’énergie solaire, l’énergie thermique (la géothermie) et le biogaz. Force est de constater qu’une grande partie de la population utilise le bois de chauffage comme principale source d’énergie. Le bois représente plus de 90 % du bilan énergétique des ménages Burundais.

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Les plus nantis commencent à utiliser timidement le gaz dans la cuisson. Les prix plutôt onéreux du gaz alimentent les réticences de la population, surtout dans les centres urbains. La mesure d’exonération des produits entrant dans la fabrication du gaz n’a pas jusqu’ici produit d’effets. L’utilisation du bois dans la cuisson sous forme brut ou de charbon ne présage rien de bon. Avec l’augmentation de la population urbaine (plus de 2 millions d’habitants en 2035 pour la seule ville de Bujumbura, selon les projections), les dégâts environnementaux sont à déplorer. D’où l’intérêt de promouvoir les énergies alternatives afin de réduire la pression sur l’environnement.

D’après les études, le pays regorge de pas mal de potentialités. De par sa localisation géographique, l’énergie solaire y revêt une importance capitale. L’ensoleillement moyen reçu annuellement est proche de 2 000 kWh par m² et par an. Ce qui permettrait une électrification rurale par kits photovoltaïques, l’installation des générateurs photovoltaïques isolés ou même des centrales photovoltaïques hybrides pour éclairer les centres isolés. L’autre avantage se situe au niveau des points d’eau chaude. On dénombre près d’une quinzaine environ de sources d’eau chaude au Burundi. Les températures mesurées atteignent environ 70 °C, apprend-on de l’étude réalisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur les énergies renouvelables au Burundi. Cela favoriserait la production géothermique de l’électricité qui consiste à convertir directement la chaleur des nappes aquifères de hautes températures (de 150 à 350 °C) en électricité à l’aide d’un turboalternateur. La possibilité de produire l’énergie à partir du vent n’est pas à écarter même si cette dernière requiert des moyens colossaux.

Les déchets municipaux et agricoles restent une manne non encore exploitée. L’incinération des déchets ménagers produit de l’électricité. Dans un contexte où la majorité de la population vit de l’agriculture et de l’élevage, des tonnes de déchets agricoles sont générés quotidiennement. Ces derniers servent bel et bien à la fabrication du biogaz ou de l’électricité. Le cas frappant est celui de la centrale électrique alimentant la Société Sucrière du Moso (SOSUMO) qui fonctionne à l’aide de la bagasse. Pendant la campagne sucrière, les déchets issus du broyage de la canne à sucre (bagasse) sont fermentés pour produire de l’électricité. L’électricité produite fait tourner les machines de la SOSUMO durant toute la campagne.

Certes, le pays pourrait investir dans les énergies renouvelables, mais celles-ci sont trop exigeantes. Certaines d’entre elles nécessitent un suivi régulier. Il est impératif de disposer d’équipes permanentes pour assurer la maintenance des équipements. Dans le cas contraire, cela serait un leurre.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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