La « Nativité » souvent considérée comme une aubaine pour les commerçants ne fait pas ce cas de figure actuellement. De passage dans les rues de Bujumbura, les activités commerciales tournent au ralenti. Burundi Eco a fait un tour dans les rues et les différents marchés de la ville de Bujumbura pour constater les faits. Reportage
Auparavant inondées de vendeurs ambulants, sapins de noël artificiels à la main, les avenues du centre-ville sont moins fréquentées ce 24 décembre 2019, à quelques heures de la célébration de la fête de Noël. Les commerçants ambulants sont moins nombreux contrairement aux années antérieures à la même période. Actuellement, on les compte sur les doigts de la main. Les rares vendeurs rencontrés avouent avoir du mal à écouler leurs produits. Vendre un seul sapin est devenu un exploit suite à la rareté de la clientèle. « L’année dernière, je pouvais vendre deux à trois sapins par jour. Aujourd’hui, je peine à vendre un seul ».

Dans le marché communément appelé « Cotebu », le flux des clients est différent de celui des années passées avant la fête de Noël
Un mouvement timide s’observe sur le boulevard de l’Uprona
Les acheteurs se font rares, renchérit un vendeur. Selon lui, leurs clients sont d’une certaine classe sociale. Or la plupart des passants n’ont pas assez d’argent pour s’acheter des sapins. « A la veille de Noël, je pouvais gagner facilement 150.000 FBu issus de la vente des sapins et autres articles divers, mais aujourd’hui que même les clients se contentent d’acheter les petits sapins, je peine à avoir 50.000 FBu. Tous évoquent des problèmes de moyens », ajoute-t-il.
Tenant entre ses mains trois sapins de Noël, un autre vendeur se lamente que personne ne s’intéresse plus à leurs produits. « Depuis le matin, personne ne m’a même interrogé ne serait-ce que sur le prix. En plus de cela, nous sommes obligés de jouer au chat et à la souris avec la police, car le commerce ambulant est prohibé », indique-t-il.
Dans différents marchés, l’heure n’est pas à la satisfaction
Au supermarché appelé T 2000, le flux des acheteurs est loin d’être à l’image des préparatifs de la fête de Noël comme avant. Le prix d’un sapin varie entre 100.000 FBu et 400.000 FBu. Une des travailleuses de ce supermarché affirme que le commerce n’est plus pareil qu’il y a 3 ans. Même constat à Home World Supermarket. Là, les articles de Noël sont en surnombre. Pourtant, les clients achètent à compte-gouttes. Ils entrent et repartent sans rien acheter. Un des travailleurs de ce supermarché affirme ne pas comprendre ce qui se passe. Il déclare : « Quand on leur communique le prix, les acheteurs rebroussent chemin. Pourtant les prix n’ont pas augmenté », se désole-t-il.

Au boulevard de l’Uprona, les marchands ambulants se comptent sur les doigts de la main
Dans un magasin où se vendent les habits, une vendeuse y rencontrée précise que le mouvement est timide. Les clients ne font que demander les prix, mais n’achètent pas pour autant. « Je cherchais une robe pour ma fille, mais elle coûte 35.000 FBu. C’est au-dessus de mes moyens », confie une jeune mère.
Même constat chez les commerçants des denrées alimentaires. Olivier, boucher au marché de Ngagara II communément appelé « marché Cotebu », indique que les années précédentes, il pouvait écouler plus de 100 kg de viande par jour durant les fêtes de fin d’années. Actuellement, il est rare pour lui d’écouler 50 kg à cause de la rareté de la viande qui a causé la montée en flèche des prix. « La pauvreté gagne de plus en plus certaines familles de façon qu’avec la montée des prix, plusieurs d’entre elles fonctionnent par priorités », signale-t-il. Dans ce marché, un kilo de viande est passé de 8.000 FBu à 11.000 FBu en moins de 3 mois.
La hausse des prix touche aussi d’autres ingrédients et épices que les Burundais achètent habituellement pour un repas digne de ce nom lors de la fête de Noël. Le petit pois s’achète comme de petits pains avec une hausse de 300 FBu par kilo, passant de 2.200 à 2.500 FBu. Pour Chantal Kimana, vendeuse de riz, la situation est pareille pour les vendeurs de denrées alimentaires. Dans les années antérieures, à la même époque, elle soutient que le marché grouillait de monde et qu’ils vendaient beaucoup, car les gens en profitaient pour préparer un repas spécial en famille. « Actuellement les gens se battent pour s’en sortir et mettent de côté toutes les dépenses jugées superflues. »
Tous les gens rencontrés dans différents coins de la ville de Bujumbura s’accordent à dire que la vie devient de plus en plus chère et que les prix des produits ont pris l’ascenseur alors que le salaire n’a pas bougé d’un iota. Une situation qui risque de gâcher les fêtes de fin d’année.
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