Le gouvernement du Burundi vient d’autoriser l’importation des denrées alimentaires et du ciment. Cette mesure a été prise pour contrecarrer la cherté de ces produits consécutive à l’incapacité de l’industrie locale à répondre à leur demande de plus en plus croissante.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Désormais, les opérateurs économiques sont autorisés de nouveau à importer les produits vivriers notamment les graines et la farine de maïs. De plus, les importations du ciment et du sucre, deux produits qui se raréfient sur le marché local sont autorisées, peut-on lire dans le communiqué conjoint des ministres en charge de l’agriculture et du commerce. Toutefois, les opérateurs économiques doivent respecter les formalités d’importation et de dédouanement, précise la même source.
Dans notre édition du 22 juillet 2022, la rédaction s’est penchée sur l’impact de la flambée des prix sur les conditions de vie des ménages. Plus d’un espèrent que cette mesure va faire chuter les prix sur le marché pourvu que les devises soient disponibles.
Les aléas climatiques récurrents, et l’indisponibilité des intrants agricoles perturbent parfois la productivité agricole. Pour ce faire, le Burundi importe 35% de vivres pour couvrir ses besoins alimentaires. Les denrées alimentaires proviennent surtout de la Tanzanie, de la Zambie et parfois de l’Ouganda. Or, la pandémie de Covid -19 et la crise en Ukraine affectent fortement les moyens de subsistance des populations.
Ces chocs perturbent également les chaînes d’approvisionnement et les prix des denrées essentielles sur le marché flambent. A cela s’ajoute la pénurie récurrente des devises. Ce qui détériore les termes de l’échange dans la mesure où les importations sont financées par le marché parallèle à hauteur de 74%.
L’interdiction d’importation des grains et de la farine de maïs remonte au 8 mars 2021. Initialement prévue pour une période de six mois, la mesure perdure plus d’une année plongeant ainsi le pays dans une rupture de stock des vivres. Le ministère du Commerce arguait que les grains de maïs importés contiennent prétendument des produits toxiques nuisibles à la santé humaine.
Dans la foulée, des prix au producteur ont été fixés pour les céréales et les oignons, mais jamais respectés. La régulation des prix de certaines denrées alimentaires n’arrive pas à stabiliser les prix pour autant. « Toute mesure qui entraîne la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs est absolument défavorable à l’économie dans son ensemble », a réagi professeur Léonidas Ndayizeye, chercheur et enseignant à l’université du Burundi lors d’une édition spéciale sur le libéralisme économique. D’ailleurs, il est déconseillé aux pouvoirs publics d’intervenir dans la fixation des prix, surtout lorsque les produits ne sont pas stratégiques. Pour lui, l’intervention des pouvoirs publics dans la fixation des prix constitue un frein au libéralisme économique
Sur le plan macroéconomique, les données de la BRB montrent que le taux d’inflation a augmenté de 4 points en un seul mois. Il est passé de 12,8 à 16,1% entre mars et avril 2022. Sur le marché, les prix des denrées alimentaires augmentent en flèche alors que les revenus stagnent ou chutent pour les employés qui touchent irrégulièrement leurs salaires ou sont sommés d’observer parfois un chômage technique. Espérons que la mesure réussira cette fois-ci à maîtriser l’inflation galopante.
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