
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
La pénurie chronique de devises freine le développement. Le pays peine à sortir du marasme économique. Les réformes économiques initiées jusque-là tardent à se concrétiser. Le Burundi affiche une balance commerciale très déficitaire. La crise des devises affecte d’une manière ou d’une autre les conditions de vie des citoyens. Personne n’est à l’abri. La hausse des généralisée des prix des produits de première nécessité y compris les médicaments fragilise encore une fois les ménages. Ces derniers constituent la première unité de production une économie dépendante de l’agriculture.
Le ministre des Finances concède que les dépenses en devises augmentent exponentiellement alors que les recettes d’exportation stagnent. Les données sur le commerce extérieur montrent que la valeur des exportations des produits Burundais a fortement chutée au début de cette année. Cela étant, le pays dépense plus de 100 millions USD par mois pour financer ses importations alors que les recettes d’exportation oscillent autour de 17 millions USD par mois.
Le ministre des Finances Audace Niyonzima, nous a lancé un défi. Il invite tout un chacun à contribuer pour rééquilibrer la balance commerciale. Pour sauver l’économie au bord du gouffre, l’urgence est de diversifier les produits d’exportation. Le Burundi exporte essentiellement le café, le thé, l’or et les produits manufacturés. Cependant, le pays dispose d’un large éventail de produits potentiellement exportables. Il suffit d’une bonne planification et d’un ciblage des marchés.
Pour le moment, il y a un hic au niveau du rapatriement des devises issues des exportations. Lors de la 1ère édition du forum national sur le développement, les panélistes ont encouragé le gouvernement en bon père de famille des aides pour gagner la confiance des partenaires. Ils ont également suggéré la suppression de la prime de change entre le marché parallèle et le marché officiel. Sinon il y aura toujours des spéculations autour des devises. Apparemment, nous sommes loin de la cible, la valeur du billet vert reste élevée. Les récentes interventions de la Banque centrale sur injonction du gendarme du système financier international n’ont pas du tout réussi à stabiliser le marché de change.
Ce ne sont pas les bons discours néocolonialistes ou panafricanistes qui vont nous sortir du pétrin. A la base, il faut des stratégies commerciales efficaces. Le pays a beau investir dans les politiques agricoles, mais il faut bien planifier en ciblant les filières stratégiques. La nationalisation de la filière café peine à produire les effets escomptés. Quatre ans après, les autorités se plaignent toujours de l’interférence des opérateurs privés dits intermédiaires sur la chaîne de valeur. L’Office de Développement du Café (ODECA) dont la mission est de redynamiser la filière n’y voit que du feu. Il est curieux de constater qu’un meilleur café du monde n’attire pas autant grand monde. Le pays doit investir dans la promotion des produits labélisés burundais. Nous devons en finir avec les croyances populaires comme quoi a la qualité s’achète. Par contre, il faut un bon plan marketing pour une grande visibilité de nos produits à l’international via les publicités sur les grandes chaines de télévision, les magazines spécialisés et la communication évènementielle.
Le pays peut également compter sur son industrie minière et manufacturière. Pour gagner le pari, le pays doit peaufiner des accords bilatéraux avec les pays qui ont déjà fait des preuves dans l’exploration des ressources naturelles. A ce sujet, la présidente Tanzanienne s’est dit ouverte pour une coopération minière avec le Burundi. De cette coopération, les lamentations sur la signature des contrats biaisés dans le domaine minier pourront s’estomper. Et le pays va en profiter pour une renégociation avec les multinationales œuvrant dans le secteur minier.
En attendant le développement d’autres cultures de rente (noix de cajou, huiles essentielles…), le pays peut exporter les produits horticoles et halieutiques. Les opérateurs économiques doivent profiter les infrastructures de conservation. Sinon, à quoi sert le terminal frigorifique si le pays ne peut pas exporter les produits frais. Le potentiel est là et il revient au gouvernement d’en profiter pour asseoir une politique des exportations des biens et services bien pensée. Pour y parvenir, il est indispensable de créer une agence de promotion d’exportation. Cette dernière aura la lourde responsabilité de promouvoir les exportations avec un positionnement continu et durable du pays dans le système commercial multilatéral et sous- régional.
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