Editorial

Une industrie vacillante

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La dépréciation continue du FBu fragilise davantage l’économie nationale. Le marché de change s’affole avec d’intenses spéculations autour du billet vert. La valeur du dollar frôle les 6000 FBu, soit une prime de change de plus de 100%. Par conséquent, la pénurie criante des devises est à l’origine de la flambée des prix et de la rareté des produits stratégiques sur le marché local.

Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. En quelque sorte, la dépréciation continue du FBu attenue l’impact des réformes macroéconomiques déjà initiées. Certes, l’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année, passant de 17% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires. L’année dernière, l’inflation moyenne annuelle était de 27 %.

Au lendemain de la présentation du rapport du comité de politique monétaire du premier trimestre de l’année 2024, la société civile invite l’autorité de régulation à prendre ses responsabilités au niveau de la bonne gestion des devises et à prioriser l’importation des produits stratégiques comme le carburant. Pour plus de transparence sur la gestion du peu de devises disponibles, l’Ong PARCEM suggère la publication régulière des rapports sur l’affectation des devises. Elle remet en question l’indépendance de la Banque centrale dans son fonctionnement.

La crise des hydrocarbures perdure et affecte les autres secteurs notamment le commerce, les transports, la construction et l’industrie. Depuis des mois, le gouvernement tente d’apporter des réponses à cette problématique, mais les stations-service restent à sec. La nouvelle société pétrolière du Burundi n’a pas jusque-là réussi à maîtriser les perturbations dans l’approvisionnement du carburant. Le porte-parole du ministère en charge de l’énergie affirme à demi-mot que les quantités importées restent inférieures à la demande (plus de 30 millions de litres par mois).  Entretemps, le gouvernement vient de revoir à la hausse la taxe carburant qui augmente de 75 FBu par litre de carburant vendu.

La disponibilité des devises est indispensable pour financer l’approvisionnement des entreprises locales en matière premières. La cherté des devises influe sur les coûts de production. Raison pour laquelle les industries locales ont révisé à la hausse leurs tarifs après la dévaluation de la monnaie burundaise de 30%. Les industriels révisent les prix régulièrement pour trouver un juste équilibre entre les coûts de production et les prix qui ne dissuadent pas les consommateurs au risque d’accumuler les invendus.

Le géant de l’industrie brassicole (Brarudi) a revu les prix de ses boissons à la hausse. Une hausse liée à l’augmentation des coûts production (matières premières, emballages et la logistique (coûts de transport), selon un communiqué de presse du 1er juin.

La balance commerciale du pays reste très déficitaire. Les recettes d’exportation oscillent autour de 206 millions USD alors que le pays a dépensé 1,2 milliards USD pour financer les importations. Les autorités s’activent à booster les exportations en vue de redresser l’économie nationale.

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Benjamin Kuriyo.

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éditorial

Une pénurie rampante du sucre

Une pénurie rampante du sucre

Au cours des derniers mois, la crise économique s’embrase. Les indicateurs macroéconomiques virent au rouge malgré les initiatives pour redresser la situation économique. Le pays est en mode pénurie alors que le budget de l’Etat explose. Parallèlement, l’accroissement de la dette publique sème la panique dans les milieux des affaires. La dette intérieure atteint des proportions élevées, elle oscille autour 4 400 milliards de FBu. Pratiquement, le gouvernement évince les autres opérateurs économiques en quête de financement. La pénurie des produits stratégiques dont le carburant perdure et paralyse l’activité économique. Les files d’attente s’observent au niveau des stations-services, dans les arrêts-bus, devant les alimentations, etc. Le sucre reste introuvable dans les boutiques. Sur les rayons des magasins, ce produit se raréfie. Le spectre d’une pénurie rampante de ce produit plane toujours.
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