Commerce

Vendeur de rue, une vie sur le qui-vive

Principalement venus de l’intérieur du pays à la quête d’une vie meilleure, les vendeurs d’habits particulièrement de femmes et autres petits articles ménagers tentent de survivre à la canicule de Bujumbura et aux incessantes traques de police. Nous avons suivi le caddie de Jérémie Nduwayo, 25 ans, dans les rues de la capitale économique

La vente des habits à la sauvette, c’est ce qui fait vivre Nduwayo plus de 10 heures par jour et sept jours sur sept. Aux abords de l’avenue de la Mission en plein centre-ville, camouflé dans sa casquette noire, la barbe fournie malgré ses 25 ans, il sait qu’il n’a pas le droit d’être là. Comme des dizaines d’autres dans la capitale, il appartient au réseau « illégal » des vendeurs à la sauvette, car la mairie de Bujumbura a depuis quelques semaines interdit ce commerce. Le business de la débrouille. Il porte toujours sur son dos un lourd sac qui lui sert de stock. Il suffit de voir celle qui pourrait être intéressée par ses habits pour lui indiquer ce qu’il a apporté pour elle. Les Bonnes manières obligent !

Malgré que le commerce ambulant est interdit en Mairie de Bujumbura, certains vendeurs continuent à l’exercer

Cette vie à la sauvette n’est pas celle dont rêvait ce jeune homme quand il a quitté Butaganzwa en province Kayanza, il y a quatre ans. Fils d’agriculteur, issu d’une famille modeste, lui qui considère Bujumbura comme «un eldorado» espérait y trouver un travail décent. Mais sans études, c’était très compliqué. Alors il s’est résigné au petit commerce avec le peu de moyens qu’il avait. Après tout, il a le sens des affaires. Son truc, c’est la tchatche. « J’ai eu la chance d’apprendre vite le swahili, et avec quelques mots de français, j’essaie de gagner la sympathie des clients qui me connaissent déjà depuis des mois ici », confie-t-il.

Le commerce ambulant, c’est aussi savoir jouer avec l’adéquation qualité-prix

Jérémie a tout appris sur le terrain. Maintenant, il sait quoi faire pour tirer profit de son commerce. « Si les clients viennent directement me voir, je leur dis un prix élevé. Par contre, si c’est moi qui les appelle, je vends moins cher. Pareil quand ils hésitent. Sinon, ils partent. ». Nduwayo en est conscient. Il faut accepter de négocier, surtout avec des prix aussi hauts que les siens.

Au marché de Ruvumera situé dans la zone urbaine de Buyenzi, c’est là qu’il s’approvisionne au moins une fois par semaine auprès d’un grossiste congolais, « le meilleur connaisseur de la ville », selon ses dires. « Avant, je vérifiais pour être sûr qu’il me donne les habits que je veux, mais maintenant je fais confiance », raconte Nduwayo. Alors il ne négocie pas, paie en liquide et organise des rencontres le weekend autour d’un verre. « Mon fournisseur me confie aussi quelques secrets du business, car il est spécialisé dans l’achat des ballots d’habits. Il sait comment en profiter », affirme Nduwayo.

Le cache-cache avec la police, Nduwayo en a l’habitude

Si le commerce de la rue est celui de l’entraide, c’est aussi celui de tous les dangers. Plusieurs fois par jour, l’appel d’un vendeur avertit que la police n’est pas loin. Mais souvent, pas le temps de prévenir. Et là, c’est sauve-qui-peut. La police fait figure de bête noire des marchands de rue. Nduwayo a déjà été attrapé par les policiers plus de deux fois et même sa marchandise a été confisquée, mais il préfère prendre la menace à la légère. «Qu’est-ce qu’ils peuvent faire ? Même si on passe à la police, on continuera à exercer puisque ce commerce constitue notre seule survie, surtout que les « simples policiers » savent parfois fermer les yeux quand on leur file un billet», témoigne-t-il avec un sourire moqueur.

Et Butaganzwa ? Il y retourne une ou deux fois par an et cela pendant un mois, en décembre, pour profiter de de l’ambiance de sa famille et de son entourage « C’est fou. Quand je suis là-bas, je pense à la ville et quand je suis ici, je pense à ma région natale », narre-t-il entre deux rires.

Même si ce jeune homme exerce dans des conditions difficiles, il parvient à nourrir sa petite famille qui est restée à Butaganzwa, mais aussi à payer le loyer de son petit studio dans le quartier de Buyenzi. En attendant la levée de la mesure d’interdiction du petit commerce ambulant, Nduwayo garde son sourire et continue à fidéliser ses clients. 

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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