Au Burundi, le métier de « grilleur de viande » est longtemps considéré comme métier pour hommes. Griller de la viande dans un bar et surtout la viande de porc n’était pas un métier pour les femmes. Actuellement, la donne change. Les femmes commencent à s’y intéresser. A la rencontre de deux femmes qui vendent la viande de porc à Ruziba
Audrey Nzeyimana et Judith Nsabimana sont deux femmes qui vendent la viande grillée en brochettes à Ruziba. C’est dans la zone de Kanyosha, commune Muha en Mairie de Bujumbura. Elles indiquent qu’elles gagnent facilement leurs vies grâce à ce métier longtemps considéré pour hommes.
Audrey Nzeyimana est une mère de 6 enfants. Elle vit à Ruziba. Elle est grilleuse de viande depuis bientôt 12 ans. C’était en 2008. Elle raconte ses débuts dans ce métier : « Je venais d’épouser un grilleur de viande. Il avait un restaurant. Il vendait des viandes de chèvre cuites ainsi que des brochettes. Je n’avais pas quoi faire et je ne pouvais pas rester sans rien faire », fait savoir Nzeyimana. Elle précise que son mari lui a alors proposé de l’aider à faire son travail. Il me disait qu’il pouvait m’apprendre à me débrouiller pour avoir une vie normale. Au début, je refusais de faire griller les brochettes. Je trouvais cela banal parce que je venais de l’intérieur du pays. En ce temps, une femme ne pouvait pas faire cela. Je l’aidais seulement à puiser l’eau, à faire la propreté et à servir les clients. Même pour cela j’étais complexée, a expliqué Mme Nzeyimana. On a travaillé comme cela pendant un moment.

Actuellement, les femmes commencent à s’intéresser au métier de grilleur de viande.
Selon elle, après quelques mois, son mari a commencé à la laisser seule sur le lieu alors qu’il y a des brochettes sur le braisier. « C’était pour que je puisse griller les brochettes qui étaient sur la braisier et je n’avais pas d’autres choix que de le faire ». Audrey Nzeyimana informe qu’après avoir eu de l’expérience, elle a décidé de le faire seule.
De la viande de chèvre à la viande de porcs
Mme Audrey Nzeyimana révèle que c’est elle qui a commencé à vendre et à cuire la viande de porc dans l’ancien marché de Ruziba. Actuellement, avec sa consœur Judith Nsabimana, elles vendent la viande grillée à 2 00 mètres de ce marché. A cet endroit, elles ont également un bar dans lequel elles vendent les produits de Brarudi. Selon Mme Nzeyimana, elles gagnent plus de 80 mille FBu par jour. Nous achetons entre 10 et 15 kilos de viande de porcs. Un kilo s’achète entre 5000 et 5500 FBu, puis nous les revendons. Selon elle, un kilo de viande de porc est revendu à 7000 ou 7500 FBu. « Nous pouvons avoir un bénéfice de 30 mille FBu par jour », révèle-t-elle.
12 ans à faire griller la viande de viande, Mme Nzeyimana affirme qu’elle s’en sorte facilement. Je mène une vie normale avec mon mari et mes enfants. Avec mon argent et celui de mon mari, nous sommes capables de payer le loyer de la maison et de subvenir aux besoins familiaux. Trois de mes enfants sont à l’école.
Même son de cloche pour Judith Nsabimana. Mère de deux enfants, elle est vétérinaire depuis trois ans. Elle se réjouit du fait qu’elle parvient à subvenir à tous les besoins de sa famille.
Un effectif élevé de grilleurs de viande, un défi pour ces femmes
Ces deux femmes font savoir qu’elles font face à un nombre très élevé de grilleurs de viande qui vendent la viande grillée. « Actuellement, nous sommes nombreux. De nos jours, nous n’avons pas assez de clients. Les grilleurs de viande qui font le commerce de la viande grillée sont nombreux », explique Audrey Nzeyimana.
Selon Judith Nsabimana, ces femmes font également face à un défi de rentrer tard. Parfois nous rentrons et nous trouvons nos enfants déjà dormi, précise-t-elle. A cela s’ajoute la mauvaise perception de l’entourage. Le voisinage nous comprend mal. Certaines personnes disent que c’est un métier réservé aux hommes. Mais je suis fière de ce métier, ajoute-t-elle.
Les clients satisfaits
Les clients se disent satisfaits des services offerts par ces femmes. Claude Ndayizeye est un homme que nous avons rencontré sur place. Il indique qu’il mange toujours la viande de porc grillé par ces deux femmes. « Elles savent bien griller les brochettes ». Selon lui, l’aspect propreté compte également. Les femmes balaient l’endroit à chaque fois. Ce qui n’est pas le cas pour les hommes, d’après lui.
Goreth Niyonkuru est également une cliente de ces femmes. Elle vient d’acheter un kilo de viande de porc pour aller de faire cuire à la maison. Elle se réjouit que ces femmes ne fassent pas de magouilles sur la quantité de brochettes de porc achetée par les clients. Selon elle, ces femmes ne trichent pas sur le poids. Elles sont honnêtes.
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