Commerce

Vers un commerce transfrontalier plus épanoui

L’ignorance, l’absence d’informations sur le comportement des prix sur le marché, le petit capital, la corruption sont entre autres les défis liés à ce commerce. Avec l’appui de TradeMark East Africa et sur financement de la Belgique, le duo formé par l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi(AFRABU) et Partner Africa se propose de venir en aide aux femmes commerçantes opérant aux frontières

Dominé par le sexe féminin en grande majorité, le commerce transfrontalier reste largement illégal et trop risqué dans la région. Mardi le 10 décembre 2019, dans l’une des salles de Kiranzira Pahorina Hotel, le ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme Jean-Marie Niyokindi a procédé au lancement officiel du projet « Menyesha nterimbere ». Les frontieres de Ruhwa en commune Rugombo de la province Cibitoke, de Gatumba en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura, de Mugina en commune Mabanda de la province Makamba et le port de Rumonge ont été ciblées.

Selon Godeliève Manirakiza, présidente et représentante légale de l’AFRABU, le projet apporte les réponses aux problèmes diversifiés constituant des obstacles à l’action des femmes exerçant le commerce transfrontalier. Le projet vise à éradiquer le problème de chômage, à accroitre les revenus des ménages et contribuera à l’intégration régionale.

Le commerce transfrontalier occupe une place de choix dans le développement du pays et est pratiqué en grande partie par les femmes

M. Niyokindi remercie le Royaume de Belgique pour son soutien financier au projet et promet le soutien du gouvernement au petit commerce qui se pratique à la frontière. « Ce commerce contribue à la rentrée des devises dans les caisses de l’Etat. Malheureusement, pratiquée dans l’informel, cette activité devient l’une des causes de la rareté des devises », déplore le ministre du Commerce. Il souligne également la conformité du projet avec la politique nationale de développement. L’ambassadeur du Royaume de Belgique affirme la volonté de son pays de continuer à soutenir le pays dans le domaine commercial. Il n’y va pas sans citer la nécessité pour le Burundi à poursuivre sa politique des échanges commerciaux à l’échelle internationale

Dans ses prévisions, le projet lancé par l’AFRABU et Partner Africa et financé à hauteur de 646.604 dollars américains profitera à un nombre considérable de femmes commerçantes.  Les deux organisations de mise en œuvre du projet à savoir : AFRABU et Partner Africa, projettent d’établir des Bureaux d’Information Commerciale (BIC) aux frontières de Mugina et Rumonge. Les BIC existent déjà à Gatumba et à Ruhwa et le projet prendra soin de les renforcer.

Des défis graves mettent en péril le commerce transfrontalier

C’est un constat consensuel. Selon le ministre Niyokindi, ce commerce pratiqué par des femmes à 90% est très important dans l’économie du pays. Malheureusement, cette activité se heurte à de nombreux obstacles. Le résumé du projet en révèle les dimensions.

L’insuffisance des infrastructures, mauvais état des routes et le manque de dépôts de stockage rendent le travail des femmes commerçantes très pénible, ralentit leurs activités et les expose à un risque d’exploitation élevé. L’informel occupe une part importante dans le commerce transfrontalier avec 70% des femmes œuvrant dans ce secteur. Souvent les femmes n’ont pas de Numéro d’Identification Fiscale(NIF), encore moins les documents requis par l’OBR pour leurs produits. Ces femmes sont le plus souvent victimes de l’ignorance. Certaines d’entre elles ne comprennent pas le mécanisme de facilitation du commerce. Cette situation est de nature à les exposer à la corruption. La méconnaissance des langues parlées au-delà des frontières constitue aussi une barrière pour la plupart de ces commerçantes.

L’extrême pauvreté, les abus physiques et émotionnels… sont entre autres les manifestations sous des formes variées de la vulnérabilité des femmes commerçantes exerçant à la frontière, portant atteinte parfois à leur dignité.

Cette vulnérabilité est accentuée par le fait que la plupart de ces femmes travaillent individuellement, n’étant affiliées à aucune association ou coopérative. Un autre handicap est que les femmes commerçantes opérant aux frontières manquent de la formation dans la planification et le management des affaires, la gestion du crédit, la délégation des pouvoirs, la gestion du risque…Le manque d’information ou de compréhension des exigences et des préférences des marchés des pays voisins affecte aussi les femmes qui participent dans le commerce transfrontalier.

La structure technique du projet rassure quant à son efficacité

Le projet semble être une véritable plateforme de coordination, un véritable laboratoire technique d’appui au commerce transfrontalier. L’objectif est de venir en aide aux femmes qui pratiquent le petit commerce aux frontières. Le projet vise à créer des bureaux de contact et d’information au niveau de ces quatre points stratégiques (Ruhwa, gatumba, Mugina, Rumonge). Cela permettra de venir en aide à ces commerçantes par le système de coaching. Les femmes pratiquant le commerce transfrontalier bénéficieront d’une formation pour le renforcement des capacités afin de pouvoir gérer leurs petites entreprises.  Des téléphones mobiles seront distribués aux bénéficiaires pour leur permettre d’acquérir diverses informations utiles à leurs activités. L’optimisation de l’information permettra à ces femmes commerçantes d’avoir accès aux renseignements sur le marché. Il est prévu également la création des coopératives pour rendre le commerce aux frontières plus dynamique et moderne.

Les résultats escomptés sont énormément prometteurs pour l’économie nationale en général et celle des ménages en particuliers. Le projet profitera à un grand nombre de femmes commerçantes sur les quatre frontières. Il va défendre les intérêts   des femmes commerçantes et la méthodologie envisagée permettra d’en atteindre un grand nombre suivant les groupes. Des employées de bureau à la vendeuse, le projet est convaincant du point de vue résultat.

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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