Le chef de l’Etat durcit le ton à l’endroit des dirigeants défaillants. Après les mises en garde, c’est l’heure des destitutions et/ou des remplacements. L’Agence Routière du Burundi (ARB) et la Regideso ont de nouveaux dirigeants. Le vœu est de métamorphoser les entreprises publiques en des modèles économiques. Elles doivent servir de référence aux entreprises du secteur privé au lieu de les concurrencer, a déclaré le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye en marge de la troisième édition du salon industriel. Le train est en marche.

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Lors d’une conférence publique tenue à Ngozi en décembre dernier, il avait pointé du doigt le personnel de la Regideso et il l’avait accusé d’être à l’origine de la mauvaise santé financière de cette compagnie de distribution de l’eau et de l’électricité. L’hypothèse de licencier tout le personnel sans exception aucune n’était pas à écarter. Finalement, le président Ndayishimiye nomme un officier de l’armée à la tête de la Regideso. Celui-ci aura la lourde responsabilité de redresser une compagnie vraisemblablement en ruine. Son bilan est toujours négatif même si le directeur général sortant rassure que la santé financière de la Regideso s’améliore.
Dr Major Jean Albert Manigomba hérite-t-il d’une entreprise au bord du gouffre. La vétusté du réseau de distribution de l’eau et de l’électricité entraine des pertes sur le réseau estimées à 40% pour l’eau et 25 % pour l’électricité. En 2017, la Regideso a signé un contrat de fourniture d’électricité avec la société Interpetrol. Elle devrait lui payer 6 milliards de FBu chaque mois dont une partie en devises. Ce qui alourdit les charges de l’entreprise. La signature du contrat avec Interpetrol a été suivie par une hausse du tarif de l’électricité. Cette hausse n’aura pas suffi pour améliorer sa santé financière. La surfacturation a été citée par les industriels comme la principale raison de la sous-consommation.
L’autre défi de taille est la passation des marchés publics pour la fourniture des équipements. Le processus d’approvisionnement en équipements est remis en cause. Certains fonctionnaires de la cellule de gestion des marchés publics commandent des équipements obsolètes qui ne serviront à rien. En 2019, le stock « mort » totalisait plus de 13 milliards de FBu. Le ministre de l’Energie d’alors Côme Manirakiza menaçait de sanctionner les employeurs défaillants pour rester avec ceux qui défendent les intérêts de la société. Une déclaration qui n’a pas été suivie d’effets.
Lors du Conseil des ministres du 3 juillet 2019, la ministre à la Présidence chargée de la Bonne Gouvernance a parlé de la recrudescence de la corruption observée dans les services de l’Etat en citant la Regideso dans l’octroi des compteurs.
Le cas de la Regideso n’est un cas isolé. Les conclusions d’une étude réalisée en 2016 par la Banque Mondiale dans 39 pays d’Afrique subsaharienne sont sans appel. Seules les entreprises de deux pays (l’Ouganda et les Seychelles) arrivent à couvrir entièrement leurs dépenses opérationnelles et leurs dépenses en capital. Le recouvrement des arriérés s’avère particulièrement difficile dans les pays où les coûts de production sont élevés en raison de leur dépendance à l’égard des énergies fossiles (fuel lourd et diesel) onéreuses.
Le rapport recommande l’utilisation des compteurs prépayés pour améliorer la viabilité financière des services publics d’électricité. Ceci permettra de réduire efficacement les pertes commerciales et de réduire la corruption, notamment les demandes de pots-de-vin de la part du personnel des services publics d’électricité dans certains pays.
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