Fiscalité

La bancassurance, une nouvelle dynamique en marche ?

La bancassurance est en pleine expansion à travers le monde. Malgré ses atouts, ce dispositif  est encore au stade embryonnaire au Burundi. Les compagnies d’assurance pourraient  miser sur les banques pour élargir leur champ d’action. Ainsi, elles doivent développer des réseaux d’interaction pour tirer l’épingle du jeu

Lors de la conférence sur ce sujet à L’université du Lac Tanganyika le 23 Septembre, Jean-Paul Roux, Consultant International, a précisé que la bancassurance dans sa forme la plus simple est la distribution des produits de l’assurance à travers les canaux de distribution d’une banque. Bref, elle décrit un bouquet de services financiers qui couvrent les besoins en produits bancaires et en produits d’assurance.

Comment fonctionne la bancassurance ?

En principe, il s’agit surtout des assurances de prévoyance. Ce sont des contrats emprunteurs qui préconisent des dispositions obligeant à l’assureur de payer le restant dû en cas de décès ou d’invalidité. En ce sens, les compagnies d’assurance peuvent proposer plusieurs types de contrats aux banques, à savoir : l’assurance incendie, l’assurance-crédit, l’assurance-voyage, l’assurance vie en matière de protection sociale (hospitalisation, intervention chirurgicale, pensions, etc.). Par exemple, si une banque finance l’acquisition des marchandises pour les commerçants, elle exigera le paiement des mensualités même si le client de la banque a perdu son stock précise Monsieur Roux. L’assurance intervient pour payer le restant dû à la place du client bancaire à condition que les marchandises soient assurées.

Jean-Paul Roux, consultant international : « Pour le dispositif de bancassurance, les banquiers et les assureurs travaillent de commun accord pour proposer des solutions à leurs clients ».

Pour le dispositif de bancassurance, les banquiers et les assureurs travaillent de commun accord pour proposer des solutions à leurs clients. La clientèle qui n’est pas bancarisée peut accéder à la microassurance via les institutions de microfinance. Ces dernières octroient des crédits aux petits producteurs du monde rural ou aux opérateurs économiques à faibles revenus. En conséquence, ils bénéficient des produits d’assurance via un partenariat efficace entres les assurances et les microfinances. Le contrat emprunteur agricole concernera en effet tout ce qui relève des aléas climatiques (forte pluviométrie, grêle, crues, etc.) occasionnant des pertes de rendement pour les producteurs. Quand l’agriculteur n’a pas de production adéquate c’est la galère pour sa famille qui doit rembourser le crédit et subvenir aux besoins de la famille. L’assureur pourrait intervenir pour sortir l’agriculteur de cette mauvaise passe rappelle le Consultant.

Une initiative salutaire, mais …

D’après Monsieur Roux, les assureurs doivent élargir leur champ d’actions par le truchement des banques et autres institutions financières quitte à proposer des produits et services d’assurance à leurs clients.

Les acteurs de la bancassurance, notamment les banques et les compagnies d’assurance accueillent cette initiative avec des réserves.  « L’incendie du marché central aura marqué tous les esprits. La majorité  commerçants n’avaient pas fait assurer leurs marchandises. Cependant, quelques commerçants étaient assurés indirectement. La banque Interbank leur avait exigé de faire assurer leur stock. Une preuve que les banques et les assurances peuvent collaborer convenablement », explique M. Roux.

Ce connaisseur du monde des assurances dissipe toutes les inquiétudes soulevées par les différents acteurs. Ils craignent de se retrouver dans une bataille de concurrence entre les banquiers, les assureurs et les courtiers. Par contre, explicite-t-il, la bancassurance est une forme de complémentarité entre les banques et les assurances. Les compagnies d’assurance doivent élargir leurs réseaux. La digitalisation est vraisemblablement un canal de communication, de transfert de gestion, d’appui au développement de l’assurance auprès des banques. Pour ce faire, les banquiers doivent s’activer, s’équiper pour développer la bancassurance. C’est donc le moment d’analyser leurs portefeuilles et d’examiner les demandes et les besoins. Les banques doivent travailler de gré à gré avec les assureurs pourvu que ce soit un véritable partenariat gagnant-gagnant, nuance-t-il.

La bancassurance, une opportunité plutôt qu’un défi

Au début des années 2000, les pays du Maghreb ont adopté le modèle bancassurance. Le Maroc et la Tunisie sont des pionniers dans le domaine de la bancassurance. Et le constat est que les résultats sont satisfaisants. Les banquiers marocains détiennent 60% du chiffre d’affaires de l’assurance vie. La France et l’Espagne affichent des taux plus ou moins élevés. La part des banquiers est de 65% au niveau de l’assurance vie.

Le Consultant international ne cache pas son optimisme quant à l’avenir de la bancassurance au Burundi. Il suffit d’appliquer les bonnes méthodes qui ont fonctionné dans le passé. Le challenge est là. Le taux de pénétration des assurances (ratio chiffres d’affaires -PIB) est relativement faible. Il doit être nettement amélioré. L’une des stratégies pour y arriver est de travailler avec les banques à travers la bancassurance et la microassurance. L’éclosion de nouvelles compagnies d’assurance est aussi un atout. Pour Monsieur Roux, ce sont des éléments favorables quitte à doubler le chiffre d’affaires d’ici quatre ans et à le tripler d’ici 2027.

Une synergie de tous les acteurs

Pour que cette démarche réussisse, il faut l’implication des banques commerciales. Les assureurs doivent mener des démarches auprès des banques pour être des ambassadeurs de la bancassurance, détaille M. Roux. Ce consultant international insiste sur le rôle des assureurs dans cette dynamique en marche. Il invite les banques à passer à l’action. C’est à partir de ce moment-là  que les assureurs doivent prendre toute leur part dans cette démarche de communication et d’information auprès des banquiers.

Le concept de bancassurance remonte vers les années 1970 et s’est propagé dans les années 80 et 90 en France. Ceux sont surtout les grandes banques qui ont développé ce dispositif. Les banques ont beaucoup d’actifs pour développer l’assurance au sein même de leurs institutions financières. De plus, elles connaissent au mieux les besoins en financements sécurisés de leurs clients. D’où le succès de la bancassurance dans plusieurs pays. Au Burundi, nous avons les atouts pour relever ce défi surenchérit Jean-Paul ROUX.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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