Bujumbura Mairie : 336 cas de divorce signalés en 2022

Au cours de cette année 2022, plus de 330 cas de divorce sont signalés dans les trois communes Ntahangwa, Muha et Mukaza de la mairie de Bujumbura.  Et de découvrir les causes et les conséquences de cette situation dans ce numéro

Agnès Bangiricenge, porte- parole de la Cour suprême : «336 cas de divorce ont été enregistrés dans les communes Ntahangwa, Muha et Mukaza».

Les cas de divorce deviennent de plus en plus nombreux dans la mairie de Bujumbura.  Au cours de cette année 2022, Agnès Bangiricenge, porte- parole de la Cour suprême  fait savoir que 336 cas ont été enregistrés dans les communes Ntahangwa,  Muha et Mukaza.  

Dans la commune Ntahangwa,  la zone Cibitoke enregistre 24 cas, Kamenge 38 cas, Gihosha 21 cas, Kinama 61 cas, Buterere 9 cas et Ngagara 22 cas. Dans la commune Mukaza, la zone Rohero  enregistre 21 cas, Bwiza 20 cas, Buyenzi 12 cas et Nyakabiga 22 cas.  

Dans la commune Muha, la zone Kanyosha enregistre 39 cas de divorce, Kinindo 31 cas et Musaga 16 cas. 

Mme Josiane Ciza, psychologue rencontrée dans la commune  Mukaza fait savoir que cette situation est alarmante. Selon elle, les raisons de cette situation sont nombreuses.  « Certains hommes  pensent que la femme est à traiter comme on veut comme cela se faisait auparavant. Ils s’arrogent encore le droit de frapper leurs épouses, de leur priver  la liberté et le droit d’expression. Pire encore,  certaines femmes sont privées du droit au travail. Elles sont sommées de rester à la maison pour ne s’occuper que des travaux ménagers», explique- t- elle. 

Et  Ciza d’ajouter qu’il y a des femmes qui n’ont pas le droit de gérer leurs salaires. Ceux-ci transitent sur les comptes de leurs maris sans consentement aucun.  

Cette psychologue conseille ces hommes de changer ces attitudes pour l’intérêt de leurs foyers, car la plupart des femmes d’aujourd’hui n’acceptent  pas d’être traitées ainsi. Si son mari la traite ainsi, elle préfère divorcer, renchérit-elle.  

Les hommes appelés à prendre au sérieux la question de la gestion des foyers

Un des hommes contactés par Burundi Eco demande aux hommes de prendre au sérieux la question de la gestion de leurs foyers.  «Les hommes doivent veiller  à ce que leurs familles vivent dans de bonnes conditions. Ils doivent mener un dialogue permanent avec les membres de leurs familles».Selon lui, c’est de ce dialogue que  naissent les bonnes relations entre la femme et son mari.  «Je sais que la plupart des ménages sont confrontés au problème de la cherté de la vie. Pourtant, avec le dialogue, la solution éclate et le divorce est évité», confie- t- il. 

Il fait remarquer que le patriarcat a fait que la femme soit quelquefois minimisée. Ce qui est à l’origine de ces divorces qui évoluent en flèche. Et de renchérir que les hommes doivent  prendre un temps suffisant pour écouter leurs épouses.  C’est de cette façon que va jaillir le respect dont les hommes ont besoin et l’amour dont les femmes ont besoin.                  

En plus des cas de divorce  annoncés par les tribunaux, Alexis Ndayizigiye, psychologue et représentant de la Clinique de l’Education et de la Psychothérapie fait savoir qu’il y a d’autres cas de divorce qui ne sont pas connus au niveau des tribunaux.  «Le mari a sa propre chambre et la femme autant. Ils ne partagent rien. C’est chacun pour soi et Dieu pour tous. Ils se regardent en chiens de faïence et ils ne cessent pas de se quereller», éclaircit- il.

Selon Ndayizigiye, les principales causes du divorce sont entre autres l’adultère, l’infidélité, la dilapidation du trésor familial et la condamnation de l’un des époux.  De plus, il indique qu’il y a  d’autres facteurs  qui amplifient le phénomène  des cas de divorces.  «Certaines jeunes femmes ne savent pas comment préparer le repas.  Elles prétendent que c’est une affaire des domestiques. Si le groom n’est pas disponible, ce couple est obligé d’acheter le repas au restaurant ou de manger au cabaret», argumente- t- il.  Et d’ajouter la propreté au sein de la famille et certains époux ne supportent pas ce genre de femmes. 

De surcroît, Ndayizigiye laisse entendre que certaines femmes gèrent mal leur émancipation.  Elles croient qu’il s’agit de rentrer quand on veut et faire n’importe quoi. Non, précise-t-il, l’émancipation est venue, parce que la fille était vouée à rester à la maison pour s’occuper des travaux ménagers. Elle n’avait pas accès à l’éducation au même titre que le garçon. Ce qui s’est répercuté sur son intégration dans les instances de prise de décisions. L’émancipation de la femme est venue pour inverser la tendance.

Quid des conséquences ?

Les conséquences du divorce sont fâcheuses, confie Ndayizigiye. Les enfants errent partout comme des animaux qui n’ont pas d’étables. Ils ne savent pas à quel saint se vouer. Ils leur manque un modèle pour  une bonne éducation. De plus, le couple séparé n’est pas épargné de cette déconvenue. Il vit un moment de détresse. Tous les deux perdent leur dignité et leur respectabilité. Ils sont tous exposés aux tentations de ceux qui veulent leur faire des rapports sexuels. En effet, ils peuvent mettre au monde des enfants naturels. Et d’ajouter que leurs familles se regardent en chiens de faïence.

Ndayizigiye invite les couples à mettre en avant le dialogue. Celui-ci devrait primer sur tout pour régler les conflits au sein des couples.  Il est un bon remède pour tous les maux. Il fait remarquer que ceux qui fondent leurs foyers n’ont pas les mêmes comportements. «Une fois qu’ils ont fondé leurs foyers, ils doivent développer le dialogue, la tolérance et le pardon, car chacun a ses forces et ses faiblesses. Personne n’est parfait», conclut-il.