Les jeux d’argent casino en vogue dans les quartiers populaires de la ville de Bujumbura sont perçus comme une nouvelle source potentielle de profits financiers, mais ils sont spécifiquement désignés comme source d’augmentation des problèmes socio-économiques
Depuis l’avènement des jeux de hasard et plus précisément depuis l’intensification de la compétition sur le marché des paris, plusieurs quartiers de Bujumbura sont à la portée des machines de casino dans n’importe quel commerce (bars et kiosques).

Le casino, ce fléau inventé pour appauvrir les familles en les leurrant d’une espérance qui aggrave leur situation.
Nous voici dans les quartiers de Bujumbura : Kamenge, Nyakabiga et j’en passe. Tous ces quartiers ci -haut cités n’échappent pas à la règle. On ne peut pas passer dans les rues et avenues de ces quartiers sans croiser une machine casino. Les habitants de ces quartiers s’insurgent contre la prolifération de ces jeux dans les kiosques et près des ménages. Charles Kamana nous a fait savoir que ces machines de la société chinoise (XIN LONG TOMBOLA) sont présentes dans les quartiers depuis les mois de novembre et décembre 2019. Le casino, un fléau inventé pour appauvrir les familles en les leurrant d’une espérance qui aggrave leur situation. Néanmoins, comme nous allons le constater ci-dessous, le fait que la majorité des joueurs actifs (c’est-à-dire ayant joué au casino et autres jeux de hasard en moyenne au moins une fois par semaine) ont un niveau de vie relativement bas. Autrement dit, les ménages les plus démunis sont exposés à ces jeux par rapport aux ménages plus aisés.
Les casinos ne sont qu’une friponnerie
Depuis peu, la Mairie a interdit ce genre de jeux dans les quartiers, mais la population de la zone Kamenge décrie la présence des machines de casino dans les boutiques de la zone de Kamenge. Il est difficile d’envoyer un enfant à la boutique pour acheter le sel ou d’autres produits servant à cuisiner les repas à cause de la distraction que lui impose ces machines. Si nous lui donnons de l’argent, il part et n’achète rien et il revient pleurant ou ne revient pas par crainte du châtiment de leur parent. La raison est que tout l’argent est dépensé dans le casino et qu’il est séduit par la chance de gagner beaucoup. Certains enfants s’adonnent au banditisme et vont jusqu’à voler de l’argent à la maison. Dixit Adèle Mukeshimana rencontrée dans la zone Kamenge à la 11 eme avenue, où venait de s’approvisionner en sel de cuisine. Elle nous a révélé qu’elle avait l’habitude d’envoyer son enfant pour acheter l’huile de cuisson, mais qu’à l’arrivée des machines casinos dans les boutiques du quartier, elle a opté d’aller elle-même acheter ce dont elle a besoin pour cuire craignant que son enfant ne puisse dilapider l’argent en s’adonnant à ces jeux. Elle considère les casinos comme une friponnerie ou encore un moyen de leurrer les « couches populaires »
Ces jeux de hasard gratuits et sans mise d’argent sont accessibles aux mineurs. Ils risquent donc de contribuer au développement des habitudes de jeu chez les jeunes et d’un goût particulier pour le jeu sur Internet. La centralisation de plusieurs sortes de jeu est aussi susceptible de constituer une passerelle à l’initiation de la clientèle à de nouvelles pratiques et produits de jeu auxquels elle ne s’adonnait pas initialement (la vérification ou l’achat d’un billet de loterie pouvant mené par exemple à découvrir les Appareils de Lotterie et Vidéo-ALV ou le bingo en ligne).
L’impact social des jeux d’argent
Le casino a de nombreux vices que nous allons présentement relever. Une question demeure en suspens concernant l’impact direct des casinos sur la population locale. Est-ceque les casinos sont responsables de la recrudescence du banditisme? Pas mal d’études ont été menées à ce sujet. Mais la population qui vit dans les quartiers où il y a prolifération des machines casinos en provenance de la Chine ne décolère pas. La plupart tendent à répondre qu’effectivement, le taux de banditisme local explose lorsque les machines casino ouvrent les portes.
Finalement, la conclusion générale est plutôt négative. Evelyne Nahimana, une mère de quatre enfants a indiqué que ses enfants ont développé une habitude qui n’était dans leurs coutumes. Chaque fois qu’elle dépose de l’argent dans un tiroir, elle ne le retrouve pas. Comme elle savait que ses enfants n’avaient pas la mauvaise habitude de voler de l’argent, elle n’a jamais pensé qu’un parmi eux s’adonne à cette besogne. Deux jours après que cela se soit produit, elle a fait des enquêtes malicieuses pour réaliser que c’est un de ses enfants qui a volé cet argent. Cela parce qu’elle l’a attrapée quelques minutes après en train de déposer une somme de 500 FBU dans le tiroir. Après l’avoir attrapé, je lui ai demandé où il amenait cet ‘argent et il m’a expliqué qu’il allait jouer au casino. Dixit Evelyne Nahimana. Preuve tangible de la recrudescence du banditisme qui s’explique aussi et surtout par une population plus dense du fait que les machines casinos attirent beaucoup les petits enfants.
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