A quelques semaines des élections prévues en juin 2025, les habitants de la commune de Rugombo, dans la province de Cibitoke, expriment leurs attentes aux candidats en lice. Manque d’eau potable, routes impraticables, prix en forte hausse et besoins en équipements scolaires. Les revendications sont nombreuses et traduisent une précarité persistante.

L’accès à l’eau potable pour les habitants de la colline Mparambo I et des environs constitue une urgence absolue. Les futurs élus auront fort à faire pour répondre à cette priorité.
L’eau potable représente une urgence sociale et sanitaire. « Sur notre colline, nous avons de sérieux problèmes d’accès à l’eau potable. Nous consommons de l’eau que nous puisons dans la rivière Nyakagunda. Une eau sale qui met notre santé en danger. », se désole Ezechiel Nimpaye, cultivateur résidant sur la colline Mparambo I. Cette situation grave est confirmée par Lidwine Gakizakimana, élève au lycée Espoir du Sauveur de Rugombo : « Même ceux qui ont des robinets à la maison n’en tirent aucun bénéfice, car il n’y a souvent pas d’eau. Quant aux robinets publics, ils n’existent tout simplement pas. » Pour avoir de l’eau potable, il faut l’acheter cher. Un bidon d’eau coûte entre 1000 et 2000 BIF. Ce qui est difficile pour une grande partie de la population.
Ces propos ont été recueillis le 14 mai 2025 par une équipe de Burundi Eco qui s’est rendue sur le terrain pour recueillir la parole citoyenne à l’approche des élections législatives et communales.
Le coût de la vie, une pression insoutenable
La flambée des prix des produits de base figure parmi les préoccupations les plus partagées. « Un kilo de riz se vend aujourd’hui entre 5 000 et 6 000 BIF, alors qu’il coûtait 1 000 BIF il y a quelques années. Le kilo de viande atteint désormais 30 000 BIF et les haricots coûtent au moins 4 000 BIF le kilo », détaille Lidwine Gakizakimana.
Jacqueline Ndikumana, habitante de la colline Rubuye III, dresse un constat similaire : « Même si je gagne 10 000 BIF par jour, il m’est très difficile de nourrir ma famille. Le prix du charbon de bois est encore plus alarmant. Ça dépasse l’entendement. »
Les habitants espèrent que les futurs élus sauront prendre des mesures pour limiter cette inflation qui affecte directement leur quotidien. « Les médicaments aussi sont devenus hors de portée. Par exemple, le paracétamol, qui coûtait 500 BIF, vaut maintenant 2 000 BIF », dénonce Mlle Gakizakimana, inquiète de voir le droit à la santé devenir petit à petit un luxe.
Une jeunesse en quête d’un meilleur avenir scolaire
Les élèves de la commune Rugombo ne sont pas en reste. Alidacienne Munezero, scolarisée à l’école technique de la zone, tire la sonnette d’alarme : « Il faut augmenter le nombre de bancs pupitres dans les classes pour que les élèves soient à l’aise. Il y a aussi un grand besoin de livres. Et il faut davantage d’enseignants. »
Le manque de matériel didactique affecte directement la qualité de l’enseignement. « A l’école, quatre à cinq élèves doivent partager un seul livre. », confirme Mlle Gakizakimana qui est une élève aussi.
Les jeunes réclament des investissements concrets dans les infrastructures éducatives, l’équipement des écoles et le recrutement d’un personnel qualifié. « On ne devrait pas se contenter de compter sur les enseignants bénévoles », ajoute Alidacienne Munezero.
Des routes dégradées impraticables en saison des pluies
La vétusté des infrastructures constitue une autre préoccupation majeure. La route reliant Rugombo à la République Démocratique du Congo (RDC) est particulièrement pointée du doigt. « Elle est tellement dégradée qu’en saison des pluies, il devient presqu’impossible pour un véhicule de circuler », déplore M. Nimpaye.
Ce point est crucial pour le commerce transfrontalier, souvent vital pour la population locale. « La route vers la RDC doit être réhabilitée, surtout en prévision des pluies. Il nous faut aussi un pont sur la Rusizi pour faciliter les traversées », insiste Mlle Gakizakimana.
Entre désillusion et espoir de changement
Face à ces multiples défis, la population reste lucide sur les limites des promesses électorales. « Les hommes politiques sont élus pour nous représenter mais, une fois au pouvoir, ils pensent uniquement à leurs propres intérêts et oublient les citoyens ordinaires », regrette Lidwine Gakizakimana. Pour autant, l’espoir d’un changement demeure. Ezechiel Nimpaye lance un appel aux futurs élus : « J’aimerais que ceux qui seront élus cette fois-ci prennent ces problèmes à cœur et trouvent des solutions concrètes. »
Le message des habitants de Rugombo est clair. Ils attendent des représentants responsables, engagés et à l’écoute de leurs réalités. En cette période électorale, leurs voix tracent les contours d’un mandat à venir placé sous le signe de l’urgence sociale.
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