Energie

Coupure répétitive du courant électrique : Délestage ou panne ?

La recrudescence des coupures de courant électrique dans certains quartiers de la municipalité de Bujumbura inquiète les habitants. Dans certains coins que Burundi Eco a pu visiter, les grognes se font entendre. Reportage

Il est 11 heures. Nous sommes sur l’avenue Buconyori entre le quartier VII et le quartier III de la zone Ngagara. Une cafétéria se trouvant du côté du quartier III est ouvert, mais le propriétaire est assis dehors. « Depuis le matin, il n’y a pas de courant électrique. Cela fait quelques jours que le courant arrive, mais ne dure pas longtemps. Je dois aller refroidir le lait ailleurs. Ce qui est paradoxal, c’est que nos voisins du quartier VII n’ont pas ce problème. On nous dit que c’est à cause d’une panne, mais rien ne change depuis un mois », témoigne Eric.

A côté de lui, une menuiserie est aussi au point mort. Deux menuisiers causent tranquillement entre eux. « Sans courant, on ne peut rien faire. Et nous avons des commandes à parachever. On ne sait pas si c’est le délestage ou une simple coupure, mais on attend depuis le matin », fait savoir Fabien Ndikuriyo, un des menuisiers. La situation est presque similaire dans la zone Cibitoke. Même si le manque de courant n’est pas fréquent, les coupures sont légion. A la 14ème avenue, un propriétaire d’un salon de coiffure indique que les heures du soir, le courant peut partir pendant une heure ou deux. « C’est peut-être un délestage qui ne dit pas son nom », s’interroge-t-il.

Ceux qui exercent des métiers qui nécessitent du courant électrique sont dans l’impasse

Dans la zone Nyakabiga, les tenanciers de bistrots se disent confus. Passer toute la journée sans électricité devient un fardeau pour eux. « Quand le courant vient, c’est pour quelques minutes. Des fois je crains pour mon frigo que je dois débrancher parce que le courant est instable », martèle Francis, un cabaretier du quartier III de la zone Nyakabiga. Un professeur rencontré à la 4ème avenue du même quartier dit être perturbé par ce problème. Il devrait préparer les cours du lendemain ou corriger les copies pendant la nuit. Ce qui n’est plus possible pour autant.

Au centre-ville, les activités sont plus paralysées

Dans les différentes galeries du centre-ville, les ronronnements des groupes électrogènes sont quotidiens. Les uns parlent de pannes, mais les autres évoquent le problème de coupure de courant. « J’ai presque oublié le courant de la Regideso. Chaque jour je consomme le carburant pour faire démarrer ma machine à coudre », affirme Nathalie, une tailleuse sur l’avenue de la Mission. Même son de cloche pour Marlène, propriétaire d’un restaurant qui fait savoir que sans le courant électrique, elle travaille à perte. « Je ne peux plus vendre le lait comme il faut. Puisque je ne peux pas toujours utiliser le groupe électrogène, j’ai dû diminuer la quantité de lait », s’indigne-t-elle.

Au Café Gourmand, la situation est tout autre. Cette boulangerie-pâtisserie utilise beaucoup d’électricité pour faire marcher les fours, les frigos, mais aussi les présentoirs. Sandrine Ntareme, gérante à cette boulangerie fait savoir que depuis plus d’un mois, il n’y a pas de courant électrique de la Regideso. « Nous sommes obligés d’utiliser des groupes électrogènes tous les jours. Avec la consommation en carburant, les dépenses sont exorbitantes », raconte-t-elle avant d’ajouter que la Regideso est au courant de ce cas, mais que la solution tarde à venir. La situation est identique à la boucherie Italbu où ils sont obligés d’utiliser le carburant dans leurs chambres froides. « Les pertes sont énormes », se lamente un des employés de la boucherie.

Où est la Regideso ?

« Il faut que la Regideso sorte de son silence et nous dise ce qui se passe », plaide Jérémie Manariyo, meunier dans la zone Ngagara. Selon lui, chaque fois que les habitants soulèvent la question du courant électrique, la Regideso leur explique que son premier souci est la vétusté des matériels électriques. Même quand il y a une réparation, la solution d’une panne ne fait pas long feu.

En attendant, une solution durable, ceux qui exercent des activités génératrices de revenus sont dans l’impasse. Dans nos prochaines éditions, nous allons approcher les autorités habilitées pour plus de précisions.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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