Agriculture

Démolition et reconstruction du barrage de Kajeke recommandées

Des malformations et des malversations se sont observées dans la construction du barrage d’irrigation de Kajeke de la commune et province de Bubanza, (Ouest). Certaines infrastructures se sont affaissées avant la fin des travaux. Le Conseil des ministres de ce 3 juillet 2019 a demandé que ceux qui sont impliqués dans l’échec du premier projet soit traduits en Justice, et que pour ceux qui ne seraient pas au pays, des mandats d’arrêts internationaux soient lancés

La rivière Kajeke traverse la sous-colline Kagirigiri de la commune Bubanza. Un espace pour l’aménagement d’un lac de retenue par l’accumulation des eaux d’irrigation de cette rivière est disponible. Selon notre source, les travaux de construction de ce barrage ont débuté en 2009. Quatre entreprises dont BTCE, BETUCO PACIFIC, ROBUCO et ETAMCO ont participé à ces travaux. Les infrastructures présentent à certains endroits soit des fissures, soit des cassures. Le bout du canal principal se trouve sur la colline Rugunga de la même commune. Là-bas, une partie de ce canal soutenue par des piliers est soit affaissée ou par terre.

Des constructions émaillées de beaucoup d’irrégularités 

« Ce Projet d’aménagement d’un ouvrage d’irrigation est constitué d’un barrage, d’un canal d’adduction d’eau et d’un périmètre irrigué. Ce projet était prévu pour irriguer 1013 hectares dans sa première phase et atteindre par la suite 2813 hectares », a indiqué le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage dans sa présentation sur l’état d’avancement du projet de construction du barrage hydro-agricole de Kajeke. Comme nous le lisons dans un communiqué de presse publié sur le site de la présidence, suite aux malfaçons observées sur terrain et aux irrégularités qui ont émaillé la réalisation de ce projet, le ministère en charge de l’environnement et de l’agriculture a commandité une étude d’évaluation des travaux exécutés.

Un canal d’adduction d’eau du barrage de Kajeke cède avant son utilisation

Selon cette étude, les résultats de l’évaluation montrent que le barrage construit sur la rivière Kajeke doit être complètement détruit et qu’il faut réaliser un nouveau barrage conforme aux normes et conditions requises pour la réalisation des barrages. S’agissant du canal d’adduction d’eau, l’étude conclut qu’il a été mal conçu et que les travaux réalisés sont de très mauvaise qualité. Les malfaçons ne peuvent pas être réparées. Ce qui impose la décision de l’abandonner en totalité et de réaliser une nouvelle adduction pour qu’elle puisse répondre à l’objectif du projet visant l’irrigation de 2813 hectares.

Concernant le périmètre irrigué, ce même communiqué précise que le constat est que les travaux réalisés à l’intérieur du périmètre nécessitent la reprise de certaines composantes notamment le revêtement des canaux et le parachèvement des travaux qui étaient en cours. Ainsi, poursuit ce communiqué, trois dossiers d’appel d’offre distincts ont été élaborés en relation avec la construction du nouveau barrage de Kajeke, la réalisation du canal d’adduction d’eau et l’aménagement du périmètre à irriguer. Ces dossiers d’appel d’offre sont disponibles au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. 

Après échange et débat, le Conseil a encouragé le ministre à poursuivre le projet et a demandé que ceux qui sont impliqués dans l’échec du premier projet soient traduits en Justice et que, même pour ceux qui ne seraient pas au pays, des mandats d’arrêts soient lancés. Joseph Butore, Deuxième Vice-Président de la République a indiqué lors de la présentation du rapport semestriel à la chambre basse du parlement que cette question est en cours de traitement au niveau de la brigade anticorruption. 

Genèse du projet

Le lancement officiel des travaux de construction de ce grand barrage d’irrigation sur la rivière Kajeke a été fait par le Président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza le 19 août 2010, lit-on sur le site de la présidence. « Ce barrage-réservoir est d’une importance capitale pour la population de la plaine de l’Imbo en général et surtout celle de la commune Gihanga en particulier, car elle permettra l’irrigation des champs de riz et d’autres plantes de cette localité 12 mois sur 12 mois. Ce qui va permettre l’augmentation de la production agricole », s’est réjoui le chef de l’Etat.

A côté du développement agricole, cette infrastructure permettra à la population de pratiquer la pisciculture, tandis qu’une main d’oeuvre de 1000 ouvriers sera employé sur le chantier. Le président Nkurunziza a par ailleurs lancé un vibrant appel aux entreprises qui ont gagné le marché de construction de ce barrage « faire un travail de qualité pour que cette infrastructure dure des années et des années ».

Le 4 mai 2017, le ministre de l’Agriculture en compagnie des experts internationaux a effectué une visite à ce barrage pour se rendre compte de l’état des lieux de cette infrastructure. La situation était déplorable. Dans une interview qu’il a accordé à la presse, il a évoqué les malformations et les malversations qui ont caractérisé ces infrastructures. Selon lui, la preuve en est que certains matériaux comme les buses qui devraient constituer la conduite principale de l’eau étaient déjà dans un état déplorable. Certaines infrastructures étaient par terre. M. Rurema a indiqué que l’équipe mixte des experts nationaux et internationaux dépêchée pour cette fin allait se rendre compte des imperfections ainsi que des malfaçons situées à différents niveaux, notamment au niveau du réservoir, du canal principal qui doit conduire l’eau jusque dans les plantations, mais aussi jusqu’aux canaux d’irrigation.

Le rôle de ces experts était, selon lui, de faire le diagnostic, l’évaluation générale et complète de l’ouvrage en se basant sur les notions scientifiques pour qu’ils puissent donner une idée de ce qu’on peut faire et comment le faire. Ce diagnostic ou cette évaluation allait se clôturer juste avant la fin de l’année 2017 avec des propositions concrètes. 

Signalons que ce barrage avait été construit sur financement du gouvernement burundais avec un budget qui s’élève à 13 milliards de FBu. 

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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