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Econet Leo agonise

Les agents et les détenteurs d’ecocash sont dans le désarroi. Ils éprouvent des difficultés pour retirer leur argent qui est sur le compte ecocash.  La société civile et les usagers d’Ecocash demandent à l’Etat de penser à mettre en place un plan de redressement urgent de la société Econet Leo. Sinon, les pertes seront énormes 

Depuis le 26 janvier, les retraits de la monnaie électronique sur le compte Ecocash sont perturbés.

 

Nous sommes mardi le 31 janvier 2023. Nous sommes au Siège de la société de télécommunication Econet Leo.  A l’intérieur de cette société s’observent beaucoup de gens. Ils viennent  retirer l’argent sur leur compte ecocash.  La colère se lit sur leur visage.  Les lamentations fusent de partout. 

La raison de ce calvaire est le mauvais  fonctionnement de la société Econet Leo depuis que l’Office Burundais de Recettes  a adressé une correspondance aux banques et institutions de microfinance qui leur demandait de payer à l’acquit de CASSAVA FINTECH/SASAI FINTECH la dette d’ECONET LEO d’un montant de plus de 88 milliards de FBu et plus de 44 millions USD. 

L’OBR précise que cette somme représente les arriérés dus par Econet Leo. Elle a également prié les banques et les institutions de microfinance de virer tous les soldes sur les comptes en FBu et en USD de l’ARCT. 

L’OBR fait savoir qu’au cas où les comptes ne peuvent pas couvrir le montant de cette dette, les banques doivent bloquer les comptes et les soldes pour les comptes endéans 5 jours. En plus de cela, elles ont été demandées de communiquer le montant des soldes virés. 

Les retraits perturbés

Depuis le 26 janvier, les retraits de la monnaie électronique sur le compte Ecocash sont perturbés, déplorent  les usagers du compte ecocash rencontrés au siège d’Econet Leo.  Désemparés, ils étaient au siège de cette société pour réclamer leur argent électronique qu’ils ont sur leur compte Ecocash. Certains confient qu’ils ont beaucoup d’argent  sur le compte ecocash.  Pourtant, ils déplorent le fait qu’ils manquent d’argent liquide pour se nourrir.  

Les agents d’Ecocash précisent  que malgré leurs réclamations, ladite compagnie de téléphonie mobile ne réagit pas. Et d’ajouter qu’aucune banque détentrice des comptes de ladite compagnie ne leur permet de faire des retraits. 

Les pertes énormes

Ils indiquent que les pertes sont énormes depuis que cette compagnie de télécommunication fonctionne de mal en pis.  «Il y avait déjà beaucoup de gens qui se nourrissaient grâce à cette  compagnie  à travers le transfert d’argent», confient-ils.   Ils s’inquiètent aussi  du fait que le mauvais fonctionnement d’Econet  Leo vient au moment où même les banques et les IMFs accélèrent la digitallisation de leur système financier.  De plus,  avec  l’introduction d’ Ecocash, les agents et détenteurs  d’ecocash  laissent entendre qu’il était devenu facile d’envoyer de l’argent à leurs amis ou toute autre personne qui en a besoin.

Les agents et les détenteurs d’ecocash sont dans le désarroi.

   

Ils demandent à Econet Leo  de se concerter avec l’OBR et l’ARCT pour voir comment rembourser leur argent.

Le personnel  craint d’être mis au chômage

Le personnel de ladite société contacté est au four et au moulin.  Un des employés s’inquiète que la situation s’empire du jour au jour. «Beaucoup de gens viennent retirer leur argent. E, suite aux injonctions émanant des autorités hiérarchiques d’Econet Leo, ils n’en trouvent pas en totalité», se désole- t- il.  

Il remarque que la situation de cette société s’empire du jour au jour  et ni l’OBR, ni l’ARCT et même ni Econet Leo ne disent mot pour tranquilliser la population.  Ils restent bouche bée.  Cet employé craint qu’Econet Leo risque de fermer les portes et que tout son personnel est menacé d’être mis au chômage.      

L’OLUCOME s’en inquiète

Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) s’inquiète  de la situation dans laquelle se trouve la société de télécommunication Econet Leo.  

Selon lui, cela montre que les sociétés de télécommunication opérant au Burundi sont confrontées à moult défis.   Ce qui le prouve c’est qu’il y a d’autres sociétés du même type qui ont fermé les portes en cascade. Il cite à titre illustratif Africel, Leo et Smart.  

Et de préciser que même les deux qui restent (Lumitel et Onamob) qui demeurent fonctionnelles risquent de subir le même sort.  Il donne l’exemple de la société Onamob dont la situation financière est à l’agonie. Elle nécessite une redynamisation comme le Président de la République du Burundi le souligne.

Malgré cette situation, Rufyiri  indique que le secteur de la télécommunication contribue de façon remarquable au développement du pays.  Il fait partie des trois premiers contributeurs à l’économie du pays.  Il fait entrer beaucoup de recettes dans le trésor de l’Etat. Il crée beaucoup d’emplois.  

C’est pour cette raison qu’il demande à l’Etat de commanditer une étude pour analyser de fil en aiguille les défis qui hantent le secteur de la télécommunication.

Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME : « Je m’inquiète de la situation dans laquelle se trouve la société de télécommunication Econet Leo ».

     

Le secteur de la télécommunication au bord du gouffre

Le politicien Kefa Nibizi n’est pas aussi ravi du fait que le secteur de la télécommunication est au bord du gouffre  malgré son  importance incommensurable dans le développement du pays.  C’est amer d’entendre la fermeture  en cascade des sociétés de télécommunication, renchérit-il. 

Selon lui, les services de l’Etat, entre autres ceux de l’OBR et de l’ARCT sont à l’ origine de cette situation. Il se demande où étaient ces derniers jusqu’à ce qu’Econet Leo totalise les arriérés estimés à plus de 200 milliards de FBu.  «Il y a une certaine incompétence dans leur chef», confie- t- il. 

Il rappelle que parmi les missions  des institutions de l’Etat, il y a la bonne gestion du trésor public.  Lorsqu’ils manifestent une certaine négligence et demandent des pots de vin, le pays et les citoyens  continuent à croupir dans la misère.  

Selon toujours lui, même la société Econet Leo est responsable de cette situation. Elle devrait payer les taxes qu’elle doit à l’Etat.  

Pour lui, il y a une défaillance des deux côtés.  Pour éviter que la société Econet Leo  ne ferme les portes, Nibizi  demande à l’Etat d’élaborer un calendrier de recouvrement échelonné comme moyen de redressement de ladite société.   

Cela risque de provoquer la fuite des capitaux

Sinon, si elle ferme, Nibizi laisse entendre que cela va provoquer la fuite des capitaux. D’autres opérateurs économiques  vont manifester une certaine réticence à investir au Burundi. 

Et de souligner que le secteur des télécommunications procure de l’emploi direct. De 2014 à 2018, le nombre d’emplois créés n’a pas cessé de chuter. Il est passé de 1 679 à 1 394 emplois directs, soit une diminution de 17%.  

Et, dans le rapport sur la réalisation des activités prévues au cours de l’exercice 2021-2022, Samuel Muhizi, directeur général de l’ARCT indique que les emplois directs offerts par les opérateurs des Télécommunications et  les Fournisseurs d’Accès Internet ont connu une augmentation entre 2020 et 2021, passant de 1187 à 1232, soit un taux de croissance de 3,79%.   

Le même rapport conclut que les statistiques montrent que  le taux de croissance du chiffre d’affaires des compagnies de télécommunication pour la période de 2020 à 2021 est de 11.07% tandis que celui de l’internet fixe est de 0.001%. Le taux d’utilisation des plateformes pour les services financiers mobiles est de 31% au 31 décembre 2021. Au 31 décembre 2021, le taux de pénétration de l’Internet était de 21.3% et celui de la téléphonie mobile de 64.27%. 

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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