Culture

Les éditeurs Burundais en difficulté

Au Burundi, les maisons d’édition ont du mal à survivre. Il est de plus en plus difficile  de faire éditer  un livre. Parfois les auteurs Burundais sont obligés d’aller éditer leurs livres à l’étranger. Les causes des difficultés qu’éprouvent les éditeurs sont de plusieurs ordres. Luc Germain, un des éditeurs locaux nous cite quelques-unes

Les éditeurs locaux ne travaillent pas avec leurs fonds propres. Ils comptent sur des financements. Ces derniers jours, avec l’arrêt des financements de certains bailleurs, ce n’est plus évident d’obtenir des crédits. Il est devenu très difficile d’obtenir des crédits pour la publication des livres, déplore Luc Germain, le responsable de la maison d’édition SOMA.   Mais cela n’est pas le seul souci des maisons d’édition.

Luc Germain, responsable de la maison d’édition SOMA : « Je n’ai pas publié un seul ouvrage depuis trois ans »

Au Burundi, on a plus d’auteurs que de lecteurs, fait savoir Luc Germain. Il n’y a pas de livres dans la maison des Burundais. Le livre est un peu cher par rapport aux revenus des fonctionnaires. Un livre  peut coûter jusqu’à 5% du salaire mensuel d’un fonctionnaire et c’est beaucoup. C’est peut-être pour ces raisons que les éditeurs ont des problèmes.

« Je n’ai pas publié un seul ouvrage depuis trois ans »

Il n’y a pas beaucoup de maisons d’édition au Burundi. Ils sont au nombre de deux ou trois seulement. Mais même ces seules maisons implantées au Burundi n’ont pas un volume de travail qui leur permet de fonctionner normalement. Je n’ai pas publié un seul ouvrage depuis trois ans, déplore Luc Germain. Des auteurs Burundais vont éditer leurs livres à l’étranger parce qu’ils ne savent même pas qu’il existe des maisons d’édition au Burundi.  D’autres préfèrent les maisons d’édition d’Europe très connues pour bénéficier d’une certaine notoriété. Une autre catégorie d’auteurs Burundais se tournent vers les maisons d’édition à compte d’auteur, c’est-à-dire qu’ils paient eux-mêmes les frais qu’engage la publication de leurs livres. Ces choix que font beaucoup d’auteurs locaux ne sont pas de nature à favoriser le développement des maisons d’édition au Burundi.

Dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, les éditeurs bénéficient d’une aide indirecte de l’Etat. Ce dernier leur confie la publication des livres scolaires. Cet apport financier leur permet de produire d’autres livres sans s’asphyxier financièrement. Ici au Burundi les taxes sur l’importation des livres sont énormes. Il a été demandé de revoir à la baisse ces taxes, mais rien n’a encore été fait jusqu’à présent. J’ai trois ou quatre auteurs qui sont près à publier leurs livres mais, sans financement,  ils ne peuvent pas le faire, se désole Luc Germain.

Des problèmes en amont, mais également en aval

Les problèmes ne résident pas au niveau des maisons d’édition seulement. Au Burundi, il n’y a pas de système de distribution des livres.  A Bujumbura, il est très difficile de trouver un livre. A l’intérieur du pays c’est quasiment impossible. Il n’y a pas de libraires au Burundi. Les maisons d’édition ne vendent pas les livres. C’est le travail des libraires. Il y avait des vendeurs de livres d’occasion dans l’ancien marché central qui a brulé. A la librairie Saint Paul, leur fonds de commerce est le livre religieux. Vous y trouverez très peu de romans. Où peut-on trouver des livres à acheter ailleurs?, s’interroge-t-il. On n’a qu’un ou deux libraires à Bujumbura. A l’intérieur du pays, il n’y en a aucun, affirme Luc Germain. Produire des livres c’est bien, mais encore faut-il pouvoir les vendre. Il y a des problèmes en amont, mais également en aval

Une petite lueur d’espoir

Il y a un projet pour des éditions collaboratives sur lequel on est en train de travailler pour contourner les problèmes qu’on a cités plus haut, annonce Luc Germain. Cette idée qui commence à germer préconise de faire de petites publications de cinquante à cent exemplaires. On pense qu’il est possible de le faire d’une manière collective. C’est une idée qui n’est pas encore mûre et qui prendrait la forme d’une ASBL et permettrait aux membres d’acquérir un ou deux  livres par an  en payant une cotisation suffisante. Une petite lueur d’espoirs pour le livre au Burundi.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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Des initiatives à faible portée

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