Education

Enseignement supérieur : Filières scientifiques : pourquoi si peu de filles ?

Les filles sont majoritaires dans l’enseignement secondaire et plus précisément dans les sections scientifiques, mais il est étonnant de constater qu’il y a peu de filles dans les filières scientifiques dans des instituts supérieurs

Cela fait des années que cela dure. Quoi qu’il arrive, dans leurs choix, les étudiantes préfèrent les filières littéraires aux enseignements scientifiques à l’Université du Burundi. Pr Vestine Ntakarutimana, Docteur en Sciences Chimiques et enseignant à l’Université du Burundi fait savoir que les filles ont peur de faire des sections scientifiques dans les enseignements supérieurs alors qu’elles en sont capables. Cela est probablement dû au manque de motivations et d’encouragements.

Les filles choisissent particulièrement les filières littéraires plus que les sciences par rapport aux garçons. Elles pensent que les filières scientifiques sont difficiles par rapport aux autres filières dans l’enseignement supérieur, mais ce n’est pas du tout vrai. Seulement, à l’Université du Burundi, les filières scientifiques sont plus exigeantes. Dixit Pr Vestine Ntakarutimana.

Au Burundi, quand les filles sont majeures, elles pensent déjà au mariage. Or, dans les domaines scientifiques, il y a beaucoup de travaux pratiques par rapport aux autres domaines comme les lettres.  Les sciences dans l’enseignement supérieur demandent beaucoup d’efforts et il n’y a pas de temps à perdre si on veut réussir. Il devient dès lors difficile de combiner les affaires familiales et les études dans les filières des scientifiques.

Le poids des stéréotypes

Dans la coutume burundaise, dès le plus jeune âge, on valorise plus les garçons que les filles.  Les filles s’occupent plus des travaux domestiques. Les adages kirundi le montrent en suffisance : « Umukobwa ni akarago k’abaraye. » ou bien « umukobwa ni umuzenzwa nzu » ou encore « Umukobwa ni umunyakigo ».  Pr Vestine Ntakarutimana confie que la culture burundaise a depuis longtemps constitué une barrière à l’épanouissement éducatif des filles.

Dr Vestine Ntakarutimana, enseignant à l’Université du Burundi : « Les filles boudent les filières scientifiques à l’université du Burundi ».

Les familles les moins à l’aise économiquement préfèrent payer les études à leurs garçons plutôt qu’à leurs filles et cela se fait plus remarquer à l’intérieur du pays.

Heureusement que cette situation change de plus en plus surtout dans les villes où les familles sont plus à l’aise. En effet, dans les villes, les filles et les garçons sont traités de la même façon. Pr Vestine Ntakarutimana fait savoir qu’elle n’a pas de statistiques précis, mais rassure que pour le moment les filles commencent à s’intéresser de plus en plus aux sections scientifiques dans les écoles secondaires et on voit une amélioration par rapport au passé à l’Université du Burundi, même si le chemin est encore long.

Elle ajoute également que les filles réussissent mieux que les garçons dans les sections scientifiques des écoles secondaires, mais que cela n’est pas le cas à l’Université du Burundi. Aujourd’hui, le nombre de filles commence à augmenter dans les filières scientifiques du fait que les orientations sont faites par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Que faire pour motiver les filles ?

Les filles devraient être représentées dans tous les domaines, on en a besoin ; insiste Pr Vestine Ntakarutimana. Elle fait savoir que dans le temps, l’Université du Burundi organisait des descentes dans les écoles secondaires pour faire connaitre aux élèves les filières qu’elle organise et les carrières ouvertes à ceux qui terminent ces filières. C’était aussi une occasion de faire passer un message de motivation et d’encouragement aux filles pour qu’elles fassent les filières scientifiques à l’Université du Burundi, parce que dans la délégation, il y avait toujours une femme qui a fait les sciences pour leur servir de modèle.

Pr Vestine Ntakarutimana informe qu’actuellement, il y a un projet de recherche à l’Université du Burundi dont l’objectif est d’améliorer l’enseignement des sciences à l’école secondaire. Même si le projet vise principalement les enseignants des sciences, quand les membres du projet font des descentes dans les écoles secondaires, ils saisissent l’occasion pour encourager les filles à s’orienter dans les facultés des sciences à l’Université du Burundi. C’est une bonne occasion pour les élèves de poser des questions sur les études scientifiques organisées à l’Université du Burundi (Biologie, Chimie, Mathématiques, Physique, Sciences de la Terre).

En fin, les motivations entreprises

Il faut remarquer que les enseignants des sciences à l’école secondaire ont un grand rôle à jouer. Ils doivent montrer que les matières scientifiques sont des matières comme les autres pour ne pas créer chez les élèves un traumatisme envers les sciences. Actuellement, les motivations sont entreprises par l’Université du Burundi en octroyant les chambres prioritaires aux filles qui s’orientent dans les filières scientifiques. Mais on ne doute pas que le chemin est encore long et il faut multiplier les actions de motivations. Si les filles sont logées à l’Université du Burundi, il faudrait aussi que leurs conditions de vie soient améliorées. Pr Vestine Ntakarutimana salue les bonnes initiatives de l’Université du Burundi, mais précise que les problèmes restent toujours, car les chambres sont limitées. Et ces problèmes sont plus ressentis par les filles qui viennent à Bujumbura pour la première fois et qui n’ont pas de familles d’accueil.   Pour ce qui est de la politique de décentralisation des campus au ministère en charge de l’enseignement supérieur, Pr Vestine Ntakarutimana souligne que c’est une bonne chose, mais signale néanmoins un handicap majeur lié au fait que les ressources humaines restent les mêmes. En effet, la plupart des enseignants ont leurs familles à Bujumbura, et ce n’est pas toujours facile pour ces familles de tenir quand un des parents passent des semaines et des semaines à l’intérieur du pays car cela entraîne des doubles dépenses.

A propos de l'auteur

Ferdinand Mbonihankuye.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

A peine créée, le challenge pour la nouvelle société pétrolière pointe son nez. Les files d’attente réapparaissent devant les stations-service. Le pays connait une nième pénurie du carburant malgré les bonnes intentions d’en assurer la disponibilité. Et si le problème était ailleurs ? La pénurie des devises persiste. Les réserves officielles s’amenuisent. La Banque centrale n’arrive pas à constituer assez de réserves pour financer les importations. A la fin du quatrième trimestre 2023, les réserves totales de change s’élevaient à 234,4 millions USD. De quoi assurer les importations des biens et des services pendant au moins 24 jours. Le pays plonge dans une spirale de crise économique malgré les réformes économique initiées.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 602

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

    Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

    A peine créée, le challenge pour la nouvelle société pétrolière pointe son nez. Les files d’attente réapparaissent devant les stations-service. Le pays connait une nième pénurie du carburant malgré les bonnes intentions d’en assurer la disponibilité. Et si le problème était ailleurs ? La pénurie des devises persiste. Les réserves officielles s’amenuisent. La Banque centrale n’arrive pas à constituer assez de réserves pour financer les importations. A la fin du quatrième trimestre 2023, les réserves totales de change s’élevaient à 234,4 millions USD. De quoi assurer les importations des biens et des services pendant au moins 24 jours. Le pays plonge dans une spirale de crise économique malgré les réformes économique initiées.
  • Journal n° 602

  • Dossiers Pédagogiques