Le 31 janvier 2023, la BRB a sorti un communiqué relatif à la suspension de l’enregistrement des Groupements Financiers Communautaires (GFC). Une mesure qui a été mal interprétée par les membres des différents groupements et les conséquences négatives n’ont pas tardés à être enregistrées par IMFs. L’urgence est de démentir

Prosper Ngendanganya, Directeur de la Supervision, de la Stabilité Financière et de l’Inclusion Financière : « Les tontines et les SLCS non enregistrés à la BRB et n’exerçant que les activités entre les membres n’ont fait objet d’aucune décision d’interdiction d’exercer émanant de la BRB »
Au Burundi, il a été constaté que les communautés rurales et spécifiquement les femmes s’organisent en petits groupements, à savoir : les Groupements de Caution Solidaire (GCS), les tontines, les Village Savings and Loan Association (VSLA), ibirimba, Nawe Nuze,…afin d’accéder aux produits d’épargne et de bénéficier de petits crédits leur permettant de mener des activités génératrices de revenus susceptibles de relever le niveau de vie de leurs ménages. Ces groupements constituent entre 20 et 40% de l’ensemble de la clientèle des IMFs. Et, depuis la mesure de la BRB de suspendre l’enregistrement des GFC qui a coïncidait avec une série d’autres mesures restrictives(les seuils de retrait et de versement, les perturbations relatives à la collaboration avec Ecocash…), une grande partie de la clientèle des IMFs ont vidé leurs comptes, ce qui a alerté ces institutions sur un problème de trésorerie susceptible de surgir.
Dans une conférence organisée par le Réseau des Institutions de Microfinance (RIM) sur « les défis actuels de l’inclusion financière de la femme au Burundi”, les participants sont largement revenus sur cette mesure. Dans cette conférence qui avait réuni la BRB et les responsables des IMFs, avec les leaders des groupements, les administratifs locaux, les leaders religieux et toute autre personne qui porte la voie très loin ont pu bénéficier d’une bonne compréhension de cette mesure et les IMFs ont essayé de regagner la confiance de leurs clients.*
La panique totale au sein des groupements
Une étude menée auprès des Institutions de Microfinance (IMFs) sur l’incidence de cette mesure indique que les différents groupements, clients des IMFs se sont vite précipités à vider leurs comptes dans les IMFs suite aux rumeurs selon lesquelles leur argent va être bloqué ou leurs groupements seront interdits par la loi. Ces groupements sont retournés vers la thésaurisation ou ont versé leur argent sur des comptes individuels. Leurs activités ont été perturbées, surtout les remboursements, mais aussi certains groupements se sont supprimés. « Nous avons dû vider notre compte par peur qu’il puisse être bloqué. Maintenant, pour faire des réunions, on se cache dans des maisons loin de chez nous par peur des représailles de la part de la police », témoigne Joselyne, une responsable d’un groupement client de la microfinance « Bumbatirane ».
Également, pour les IMFs, la situation n’a pas été sans conséquences. Ils ont exprimé leur crainte de perdre les résultats durement obtenus au niveau de l’inclusion financière de la femme. Il serait désormais difficile d’expliquer les bienfaits de l’épargne et du crédit. Pire encore, toutes les IMFs qui ont fait l’objet de l’étude ont affirmé avoir déjà noté une nette régression des dépôts et craignent un problème sérieux de trésorerie.
Aucun groupement communautaire n’a été suspendu
Prosper Ngendanganya, Directeur de la Supervision, de la Stabilité Financière et de l’Inclusion Financière tranquillise et donne la lumière. « Les tontines et les SLCS non enregistrés à la BRB et n’exerçant que les activités entre membres, c’est à dire la collecte des cotisations et des crédits n’ont fait objet d’aucune décision d’interdiction d’exercer émanant de la BRB », explique -t-il.
Il continue à expliquer que seuls l’enregistrement des GFC à la BRB a été suspendues suite aux constatations que ces groupements travaillent comme des IMFs alors qu’ils n’ont pas le droit de le faire du fait qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes règlements. Il a exhorté les GFC à exercer strictement les activités qui leur sont autorisées par la réglementation en vigueur.
A l’heure actuelle, certaines IMFs envisagent d’évaluer l’impact financier de la mesure à la fin du trimestre. D’autres envisagent de mener une analyse plus approfondie des décisions définitives prises par les clients par rapport à la gestion de leurs comptes.
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