Agriculture

Kirundo : déficit hydrique, les habitants sous le choc

Les habitants de la province de Kirundo lancent un cri d’alarme. Le ciel n’a pas encore été clément et les effets de cette situation pèsent lourdement sur eux. Les champs se sont asséchés. Ils craignent que la pauvreté au niveau des ménages s’aggrave

 

 

Suite au retard des précipitations dans cette région, même les cultures semées se sont asséchées.

    

La population de la province de Kirundo rencontrée déplore qu’elle est victime des effets de changements climatiques. Ce mot est sur toutes les lèvres. Il y a une insuffisance hydrique qui s’est observée jusqu’à la fin du mois d’octobre 2022.

Selon Claver Ntawiha, habitant la colline Gatete de la commune Busoni dans la province de Kirundo, tout le monde s’attendait à ce que la saison culturale A commence vers le mois de septembre.  « Pourtant, suite au retard des précipitations dans cette région, même les cultures semées se sont asséchées.   D’autres n’ont même pas poussé », se lamente cet agriculteur.

Libérate Nzokirantevye, habitant la colline Gatete de la commune Busoni dans cette province de Kirundo abonde dans le même sens : « La pluie n’est tombée qu’une ou deux fois et une sorte de saison sèche s’en est suivie revenue asséchant tout ce qui avait poussé dans les champs. Pour le moment, certains commencent même à semer pour la deuxième fois d’autres cultures ».

Cependant, cette agricultrice indique qu’en principe à cette période de l’année, c’est la récolte de certaines cultures comme les haricots qui allait commencer mais le mois de décembre s’annonce et impossible même de chercher les feuilles de haricot pour calmer les enfants.

Gérardine Dushimirimana, habitant la même localité n’y va pas par quatre chemins : « Nous sommes confrontés à une pauvreté sans nom suite au manque de pluie qui a frappé notre région. Nous avons cultivé différentes cultures comme à l’accoutumée. Mais, rien n’a poussé ».

Même son de cloche dans la commune Vumbi. Les agriculteurs rencontrés pleurent littéralement à chaudes larmes, le ciel n’a pas encore été clément.  Les cultures de manioc, de haricots, de maïs, de bananiers, s’assèchent progressivement, déplorent-ils.

Cependant, ces agriculteurs se réjouissent du fait qu’il s’observe des nuages gris bondés de pluie depuis le mois de novembre de cette année. « Pourvu que cela continue et que la pluie puisse suivre pour réanimer les champs ». Sinon, ils craignent que l’insécurité alimentaire et la malnutrition ne s’aggravent dans cette province.

« La plupart de nos voisins n’ont pas de quoi manger. Certains habitants ont commencé à fuir cette province pour aller s’installer là où ils peuvent trouver facilement de quoi manger.», alertent-ils.

Léonidas Rivuzimana, directeur du Bureau provincial de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage (BPEAE) à Kirundo affirme que l’insuffisance hydrique a dégradé le niveau de vie des ménages comme cela a été le cas même dans d’autres provinces.

« Les champs se sont asséchés dans la plupart des communes de cette province. Certains agriculteurs recommencent même le semis », regrette- t- il.  Suite à ce calvaire, il précise que la récolte ne sera pas bonne. Et s’il ne continue pas à pleuvoir, il alerte que la pauvreté pourra s’accentuer davantage.

Cette autorité demande aux habitants de la province de Kirundo de s’impliquer davantage dans la pratique d’irrigation pour renforcer leur résilience face aux changements climatiques. « En collaboration avec différents partenaires, nous sommes entrain de capter  les eaux des sept lacs dont dispose notre province pour promouvoir l’irrigation collinaire», confie- t- il.

Néanmoins, ce cadre du BPEAE n’est pas satisfait de la valeur ajoutée de ces projets.  « Nous avons constaté que la plupart de ces projets manquent des compétences suffisantes dans ce domaine.  Dans les autres pays, on utilise le courant électrique pour capter les eaux des lacs. Mais par contre, chez nous, ces projets font recours aux plaques solaires. Le pire est que même la qualité des équipements utilisés est lacunaire », se désole-t- il.

Pour toutes ces raisons, il souligne que la valeur ajoutée de ces projets n’est pas palpable comme annoncé.

 

Le BPAE déplore le fait qu’il y a plus d’une année que le projet du PNUD d’irriguer plus de 480 ha n’est pas jusqu’aujourd’hui opérationnel alors qu’il a déjà englouti des sommes énormes d’argent.

A Busoni et plus précisément sur la colline Gatete, ce cadre du BPEAE déplore le fait qu’il y a plus d’une année que le projet du PNUD d’irriguer plus de 480 ha n’est pas jusqu’aujourd’hui opérationnel alors qu’il a déjà englouti des sommes énormes d’argent.

La raison qu’il évoque est toujours le manque de compétences de ceux qui ont gagné le marché. « Ils n’ont pas bien étudié et analysé là où ils vont mettre le point de captage dans le lac Rweru pour capter les eaux ».

Albert Hatungimana, gouverneur de la province de Kirundo conclut que les communes qui ont été les plus touchées par les effets de l’insuffisance hydrique sont entre autres Bugabira, Kirundo, Busoni et Gitobe.

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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