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L’IFDC développe le vermicompostage pour faire face à l’acidité du sol burundais

La question de la fertilité du sol burundais préoccupe le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement du secteur agricole (IFDC). Des études faites par cette organisation montrent que les sols burundais sont très acides et pauvres en aliments nutritifs majeurs comme l’azote, le phosphore et le potassium. Pour résoudre ce problème, il faut initier des mesures de fertilisation , de chaulage pour amender le sol et d’utilisation d’une quantité suffisante. D’où les recherches sur le vermicompostage    

73 % des sols burundais sont très acides selon les cartes produites sur l’état actuel de la fertilité du sol par l’IFDC en collaboration avec l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) et la Direction de la Fertilité du Sol du Burundi du ministère en charge de l’agriculture. Ces cartes produites ont été validées en janvier 2022 comme le signale Oscar Nduwimana, agronome à l’IFDC dans le cadre du Projet d’Appui pour une Gestion Responsable du Sol (PAGRIS)

« Pour l’IFDC, il fallait donc initier des mesures de chaulage pour amender le sol, mais aussi pour utiliser une matière organique de très haute qualité pour résoudre le problème de l’acidité du sol », précise Oscar Nduwimana. 

Oscar Nduwayo, agronome : « Nous avons fait recours à la collaboration des différentes universités pour nous aider à trouver comment produire un fumier organique de bonne qualité…»

Le vermicompostage comme solution

« Nous avons fait recours à la collaboration des différentes universités pour nous aider à trouver comment produire un fumier organique de bonne qualité. Ainsi, nous avons opté pour des recherches sur le vermicompostage », indique M. Nduwimana.  Il explique que le vermicompostage consiste à produire des composts en impliquant surtout l’action des vers de terre. Avantageuse sur plusieurs points de vue, la technologie de vermicompostage reste cependant peu développée dans bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne dont le Burundi, estime l’IFDC.

D’où le projet de recherche sur la valorisation des déchets et résidus organiques à finalité agricole à travers la technologie de vermicompostage. Ce projet en cours a été monté depuis octobre 2021 pour démarrer effectivement en janvier 2022, fait savoir Dr Ir Valence Ndayisenga, directeur de la recherche à l’Université de Ngozi et Coordinateur de ce projet. 

Pourquoi l’implication de plusieurs institutions ?

Dans le cadre de ce projet, plusieurs institutions de recherche ont été impliquées notamment les universités burundaises dont l’Université de Ngozi, l’Ecole Normale Supérieure (ENS), l’Université du Burundi et l’Université Polytechnique de Gitega. « En cas de nécessité, d’autres institutions sont impliquées notamment l’ISABU et d’autres chercheurs qui peuvent être utiles au projet », informe Dr Ir Valence Ndayisenga. 

Dr Ir Valence Ndayisenga, directeur de la recherche à l’Université de Ngozi : « Nous avons voulu mené des recherches sur des espèces indigènes de vers de terre du Burundi. A la fin, on aura à produire des fiches de la technologie de vermicompostage pour la vulgarisation ».

Selon lui, l’implication de plusieurs universités et institutions de recherche est intervenue du fait de la complexité de ce projet. « Il englobe plusieurs thématiques dont la microbiologie, l’agronomie, l’ecotoxicologie, la vermiculture… Tous ces domaines ont des experts différents. Pour arriver au vermicompost fini, nous devons alors rassembler tous ces experts pour qu’ils mettent ensemble leurs compétences afin de produire un travail de qualité », explique le coordinateur du projet. Cela ressort également des recommandations des ateliers tenus en janvier 2021. Et d’indiquer : « A la fin de ce projet, on aura à produire des fiches de la technologie de vermicompostage pour la vulgarisation. C’est un travail complexe qui nécessite des experts multidisciplinaires ». 

Selon le coordinateur du projet, des vers de terre ont été collectés dans toutes les régions naturelles du Burundi entre autres l’Imbo, le Buragane, le Mugamba, le Bututsi et le Bugesera. Cela afin de ne pas dépendre fortement des vers de terre exogènes déjà identifiés comme biologiquement compatibles avec la technologie de vermicompostage. «Pour cela, nous avons voulu mener des recherches sur des espèces indigènes de vers de terre du Burundi», clarifie-t-il.

Des résultats excellents 

Des expériences en vermiculture au laboratoire et des études comparatives de la biologie des vers de terre collectés ont été faites, précise Dr Eric Gilbert Kazitsa, enseignant-chercheur à l’ENS et membre de l’équipe chargée de mener des recherches pour développer la technologie de vermicompostage au Burundi. 

Selon lui, les résultats des expériences montrent qu’il existe au Burundi des vers de terre capables de décomposer la matière organique. «Et si nous comparons les performances identifiées au Burundi, nous avons vu qu’il y a des vers de terre qui sont plus performants que ceux internationalement reconnus», se réjouit-il. Gilbert Kazitsa ajoute qu’ils ont trouvé des vers de terre répondant aux qualités requises pour la technologie du vermicompostage. Il informe que plusieurs kg de vers de terre sont déjà produits et que les résultats sont excellents 

Quelles qualités un bon vers de terre doit avoir ?

Les vers de terre compatibles avec la technologie de vermicompostage doivent avoir des taux de reproduction, de croissance et de maturation qui répondent aux exigences de la technologie de vermicompostage, dit Kazitsa. Pour donner de bons résultats, un vers de terre doit rester actif à des températures élevées situées entre 25o et 40o dans un premier temps. Gilbert Kazitsa fait savoir qu’ils ont identifié des vers de terre capables de se reproduire, de résister à cette température et de maintenir une activité métabolique élevée. Deuxièmement, poursuit-il, un bon ver de terre pour la technologie de vermicompostage doit être très fécond. Il doit également donner au moins 40 juvéniles par mois. « Nous avons trouvé ceux qui peuvent donner 50 juvéniles par mois ». Gilbert Kazitsa ajoute aussi qu’un bon vers de terre doit croître rapidement et arriver à maturité rapidement. Le verde terre doit maturer endéans 8 semaines. « Nous avons eu la chance de les trouver dans les régions du Burundi ». Autre chose, un bon ver de terre doit avoir une niche trophique diversifiée. Selon l’expert, un bon vers de terre à utiliser dans la technologie de vermicompostage doit consommer au moins la moitié de sa masse corporelle. « Beaucoup de vers de terre ne sont pas capables de le faire mais nous avons eu la chance de trouver au Burundi des vers de terre qui peuvent manger des aliments qui pèsent plus que leur corps ». 

La vulgarisation de la technologie de vermicompostage, une finalité

Comme l’explique Gilbert Kazatsa, la première étape du projet de recherche sur la valorisation des déchets et résidus organiques à finalité agricole à travers la technologie de vermicompostage était d’identifier et d’isoler les vers de terre compatibles avec la technologie de vermicompostage selon différentes régions naturelles du pays. « Cela nous l’avons fait », affirme l’enseignant-chercheur Kazitsa. La deuxième étape qui est d’ailleurs en cours est la multiplication de ces vers de terre afin de pouvoir conduire le vermicompostage à moyenne échelle et à grande échelle. « D’ici deux mois, on va avoir une grande quantité de vers de terre ». L’étape finale est la vulgarisation de la technologie auprès des investisseurs potentiels et auprès des agriculteurs. La préoccupation pour l’IFDC est que cette technologie soit valorisée. « Il faut que les résultats de nos recherches atteignent les investisseurs et les agriculteurs, notamment les coopératives agricoles afin qu’ils bénéficient des efforts de l’IFDC », recommande Gilbert Kazitsa.

Il se dit confiant que la population burundaise va développer cette technologie même dans les régions naturellement froides car le système de vermicompostage produit de la chaleur comme un effet de l’activité microbienne.

73% des sols burundais sont très acides. Pour résoudre ce problème, l’IFDC est en train de faire des recherches sur le vermicompostage. Les résultats déjà obtenus sont excellents selon les experts.

Le fumier organique de vermicompostage, multi avantageux

Selon l’enseignant-chercheur à l’ENS Kazitsa, les avantages du fumier organique de vermicompostage sont multiples. Son processus de production est rapide. « En trois mois, vous pouvez avoir du vermicompost tiré de plusieurs déchets et résidus organiques qui ne nécessitent pas de travail supplémentaire pour tourner ou aérer la masse des déchets organiques en décomposition contrairement au compostage traditionnel ». Il clarifie que les vers de terre se chargent de tourner et aérer les déchets en décomposition

Pour ce qui est de la composition physicochimique, il informe que le vermicompost contient des nutriments essentiels pour les plantes et directement assimilables par les plantes, notamment le phosphore, l’azote, le potassium et en grande concentration aussi. Il contient également du carbone, des hormones de croissance pour les plantes et des microorganismes utiles aux plantes. « L’autre avantage est qu’il est propre et écologique et ne génère aucun déchet à la fin. Il n’y a pas de bactéries, de champions nuisibles ou de germes pathogènes. Par contre, il contient des microorganismes qui vont aider la plante à se protéger des germes pathogènes 

Le vermicompost peut générer des revenus monétaires. « Vous pouvez noter une usine de production du vermicompost et gagner beaucoup d’argent alors qu’on ne peut pas le faire avec le compostage traditionnel ». Pour Kazitsa, avoir une industrie de compostage traditionnelle est difficile et coûteux. Vous devez avoir de l’électricité, tourner, aérer et personne ne peut résister aux odeurs qui s’en dégagent. Cela au moment où le vermicompostage ne dégage aucune odeur parce qu’il est écologique.

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