Gouvernance

La PAFE accusée d’offrir un service de mauvaise qualité

Depuis quelques mois, le service offert par la PAFE soulève des critiques et des lamentations chez la population.  Les demandeurs de documents de voyage doivent désormais attendre longtemps avant d’être servis 

A 11 heures de l’avant-midi, nous arrivons devant le portail de la PAFE. A cette heure où le soleil chauffe de plus en plus l’atmosphère, la PAFE est bondée de demandeurs de documents. A l’entrée, les gens continuent à arriver, tandis que d’autres sortent. Les nouveaux arrivants doivent passer par le dispositif de lavage des mains avant d’entrer dans l’espace de contrôle.  Mais, cette mesure barrière ne semble pas obligatoire dans cet espace qui constitue le point de convergence des gens de différents horizons. Il y en a qui semblent ne pas être concernés par les mesures barrières contre la Covid-19 et qui entrent sans se laver les mains.  Parmi ceux qui prennent  la voie de la sortie, certains affichent une mauvaise humeur. Interrogée sur son cas, une grosse musulmane jette l’éponge : « Ce n’est pas compréhensible. J’attends mon passeport depuis trois semaines », rétorque-t-elle très déçue.

Les demandeurs de passeports biométriques sont obligés d’attendre pendant plusieurs mois pour en avoir.

Les demandeurs déboussolés 

Arrivé dans la cour de la PAFE, on se retrouve au milieu des centaines de gens à la recherche des documents de voyage. Les salles d’attente sont débordées. Les gens trainent devant les bureaux avec des papiers en main. Selon un jeune garçon qui attend sur la file, il n’est même pas facile de déposer son dossier. « J’ai dû attendre depuis 8 heures du matin et j’attends toujours », se lamente-t-il. Vaincues par la fatigue et le soleil, certaines gens en attente d’une quelconque réponse  s’assoient par terre, adossées contre le mur. Dans une salle construite dans la cour pour abriter  les gens qui attendent leurs documents, une foule nombreuse attend en silence. La lassitude semble leur avoir imposé le silence. Toutes les places sont occupées et beaucoup de gens sont obligés de rester debout. Après un moment, un policier en tenue d’officier sort de son bureau voulant s’enquérir de la situation. «Y aurait-il quelqu’un qui a déposé son dossier plus tôt que 2 semaines?», interroge-t-il d’une voix un peu moqueuse. Dans la foule, des voix s’élèvent. Les uns disent avoir déjà attendu plus de trois mois. Pour d’autres, c’est deux mois ou alors plus de 30 jours d’attente. Pour une des personnes sur place, on pourrait facilement penser qu’on crée cette situation pour pouvoir exiger des pots de vin.

Le service offert aux guichets de l’intérieur du pays mal apprécié 

Les gens qui ont demandé leurs passeports étant à l’intérieur du pays sont les plus malheureux. Cet entretien que nous avons eu avec un membre de cette catégorie en dit long. Originaire de la province de Bururi, Cédric Kaneza regrette avoir perdu son temps à venir dans la capitale économique. En effet, après avoir attendu pendant deux semaines, il a dû se déplacer sur Bujumbura au siège de la PAFE pour demander son passeport. Malheureusement, ce jeune homme vient de passer deux semaines à Bujumbura à attendre son passeport en vain et risque de retourner chez lui mains bredouilles. « J’ai déjà attendu deux semaines et je vais retourner à la maison sans avoir reçu mon document », s’indigne-t-il.

Selon Kaneza, les employés des guichets créés dans certaines provinces de l’intérieur du pays ne devraient pas limiter leur service à l’enregistrement des demandeurs. « Ils devraient nous informer sur l’avancement de nos dossiers. Je ne serais pas obligé de venir ici si j’étais informé sur ce retard », explique l’homme un peu déçu.

Des facteurs administratifs à l’origine de ces difficultés

Selon les propos du ministre de l’Intérieur Gervais Ndirakobuca, la nouvelle politique de surveillance des déplacements vers les pays du golfe arabo-persique exige une analyse minutieuse des documents déposés avant de leur octroyer les documents de voyage. Répondant aux questions des parlementaires à Kigobe où il était invité pour défendre le projet de loi portant modification de la loi sur le déplacement des personnes, le ministre de l’Intérieur a promis que son ministère va travailler à la mise en place des moyens nécessaires pour aider les demandeurs des documents de voyage à demander leurs passeports en ligne.

Dans la foulée, le ministre Ndirakobuca a rappelé que le gouvernement n’a pas renouvelé le contrat de fabrication des passeports biométriques avec la société CONTEC Global. En effet, le gouvernement se préparerait à prendre en mains tout le processus de fabrication des passeports biométriques. Alors que le contrat aurait été renouvelé en mai 2021, les difficultés d’accéder au passeport se seraient manifestées depuis le mois d’avril 2021.

Nous n’avons pas pu avoir la réaction du Commissaire Général des Migrations qui nous a cependant promis de s’exprimer ultérieurement.

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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La protection de l’environnement et la promotion de la croissance économique semblent être deux missions contradictoires. La déforestation reste un phénomène très inquiétant malgré les initiatives et les politiques de reforestation en vigueur. Alors que la population actuelle du Burundi est estimée autour de 12 millions d’habitants, les projections démographiques tablent sur une population de 22 millions à l’horizon 2050.

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