Société

Paris sportifs : quel gaspillage de ressources ?

Les  paris sportifs  ont des effets négatifs pour le pays en général et   aux enfants  en particulier.  Lors de l’émission publique tenue à Gitega  le 6 octobre 2023,  Jean Claude Niyonkuru ,un habitant de la province  de Gitega a demandé au ministre  en charge du  développement communautaire  de suspendre ces jeux afin d’éviter  que la population continue à gaspiller son argent  et de permettre  aux parents   d’assurer correctement  l’éducation de leurs enfants.

Les salles des paris sportifs sont accessibles à tout le monde voire aux enfants de moins de 18 ans. Pourtant, comme les autres jeux du hasard ,ces paris entrainent le gaspillage de ressources et impactent négativement sur l’éducation des enfants .

« Jouez facilement et gagnez facilement»   est un message  public  incitant  les parieurs  à investir davantage dans  les jeux de paris sportifs.  A présent, les salles des paris sportifs  prolifèrent  à Bujumbura, la capitale économique et à l’intérieur du pays. A part  ces paris sportifs  qui  gagnent du terrain partout dans  le pays et  plus particulièrement  dans   les villes  , les paris sportifs sont actuellement digitalisés et accessibles  à tout le monde avec  l’arrivée du 1xbet, une société commerciale qui a pour objet principal de proposer des packs de paris qui portent sur des événements sportifs .  Aussi attirent-ils plus  les jeunes que les adultes. Aujourd’hui, les  termes «kubetinga» ou «gutigira» sont devenus des jargons rundi pour signifier : miser une somme d’argent    pour  prédire le résultat   du match.

Pariez à vos  risques et  périls. 

Lors de l’émission  publique  tenue vendredi le 6 octobre  2023  au stade Ingoma de la  province Gitega ,  les habitants de la province de Gitega  ont  présenté leurs  inquiétudes  à propos de ces paris.C’est le cas de M.  Jean  claude Niyonkuru   qui a demandé au Gouvernement du Burundi de suspendre les paris sportifs  sans tenir compte des impôts payés par leurs opérateurs.

« Dans la ville de Gitega, Beaucoup de gens  ont  gaspillé leurs biens dans les  paris sportifs. Il y a  des gens qui étaient  des millionnaires et vivaient au centre -ville   mais qui,  par après ont été  appauvris par ces paris. Et maintenant, ils ont migré vers les quartiers  périphériques » se  lamente  M. Niyonkuru.

«Le pire est que nos enfants sont devenus des délinquants. Ils ne se concentrent plus à leurs études   ni aux travaux ménagers car, après les cours, le premier réflexe  est de rendre dans  les salles des jeux de paris sportifs » a-t- il ajouté avant de demander au ministre l’Intérieur, du Développement Communautaire  et de la Sécurité Publique de fermer toutes ces salles  pour protéger la population burundaise.

Répondant à la question de Monsieur Niyonkuru , le ministre Martin Niteretse a qualifié ces paris d’escroquerie  qu’il faut combattre à tout prix.  Il  a indiqué que d’autres jeux de hasard dont les jeux du casino   ont été suspendus dans tout le  pays  et a invité la population à rester vigilante pour démasquer ce genre d’escroquerie.

 Des jeux impliquant tout le monde voire les enfants

Le journal Burundi Eco a visité  certaines salles de paris sportifs  dans la municipalité de Bujumbura  le soir de lundi le 09 0ctobre 2023. Le constat est que ces salles sont accessibles à tout le monde voire aux enfants de moins de 18 ans.

Isaac   Habimana , un parieur rencontré  dans l’une des salles de paris sportifs  à Kiriri- Vugizo  fait savoir  que parfois les enfants ne sont pas autorisés à parier dans la salle,  mais qu’ils  le font sur l’internet  étant donné comme les packs  sont disponibles  en ligne .

Pour lui,   les jeux de harsard  entrainent une addiction. «Il suffit de gagner une seule fois, tu vas jouez toute ta vie. J’ai  misé 5000 FBu et par chance j’ai gagné 37000 FBu  mais je les ai tous consommé. Donc plus tu gagnes, plus tu as l’envie de continuer à parier et plus tu  continues à  parier, plus tu perds. A la  fin  de la journée, on se retrouve en train de  gaspiller tout son temps et son argent  sans intérêt», fait-il  savoir.

Pourtant, ce jeune  homme connait  les dangers que présentent  les paris sportifs pour la société. Selon lui, il parait que les impôts payés par les opérateurs dans ce domaine   peuvent constituer la raison de leur présence sur le sol Burundais.

«J’ai oui dire  que le  Kenya  a suspendu ces paris  car on a constaté qu’ils sont dangereux pour la société et plus particulièrement pour les enfants. Nous attendons que notre Gouvernement prenne une  telle  mesure pour sauvegarder l’avenir du pays », ajoute-t-il.

La régulation bafouée

Au Burundi, les paroles  diffèrent des actes  en ce qui est de l’interdiction des jeux du hasard. En effet ,   le  conseil des ministres   du 5 juillet 2023 a adopté un plan stratégique  de contrôle et de régulation des jeux du  hasard  qui s’étale sur la période qui va  de 2023 à 2035 pour  limiter et encadrer l’offre et la consommation de ces jeux voire contrôler et  réguler l’exploitation effectuée par les opérateurs dans l’industrie des jeux du hasard.  Et parmi les clauses  de ce plan stratégique figurent  les mesures de protection des enfants  et des personnes vulnérables   par l’ interdiction  de l’implantation  des salles des  jeux de hasard dans les quartiers pauvres ou populaires ,l’ élaboration des textes  qui régissent  les sociétés  des jeux de hasard ,  la précision des  endroits où les jeux de hasard peuvent être organisés . Ce plan devrait   aussi préciser  les jeux de hasard réprimés par le Code Pénal.

Cependant, ce plan semble être  dysfonctionnel compte tenu de la réalité sur terrain. La Loterie Nationale du Burundi (LONA) est  censé être un organe de l’Etat  chargé de réguler les bookmakers œuvrant sur le sol Burundais. Elle a la mission de superviser ces bookmakers pour se rassurer qu’ils travaillent suivant les normes, mais il est difficile de les contrôler en ligne.

Rappelons  que  la  loi n°1/ 27 du 29 décembre 2017 portant révision du code pénal est claire à ce sujet dans son article 463. Les jeux de hasard sont interdits dans les lieux publics ou ouverts au public, dans tous les lieux non clôturés où le public peut avoir une vue directement ainsi que dans tous autres lieux, même privés, où quiconque, désireux de s’adonner à ces  jeux, est admis librement à pénétrer.

 

A propos de l'auteur

Méchaël Tuyubahe.

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Menace évidente ?

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Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.

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