Editorial

Pénurie du carburant, un problème insoluble

La pénurie du carburant persiste. De longues files d’attente des véhicules s’observent de nouveau devant les stations-services. Les produits pétroliers se raréfient alors qu’ils constituent le gros des importations en termes de devises que le pays injecte dans ce secteur. 

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

L’économie burundaise vacille. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. En pleine période de récolte du riz, cette céréale très consommée dans les centres urbains est hors prix. Les cours restent volatiles sur le marché.  D’ailleurs l’inflation tirée par les produits alimentaires s’établit à 28 % au mois de février 2023. 

Le gouvernement tente d’apporter des réponses à cette problématique, mais les stations-services restent à sec. Il subsiste des perturbations dans l’approvisionnement du carburant. L’arrivée d’un nouvel acteur dans le circuit en août dernier semblait prometteuse mais la situation reste préoccupante. La Regideso, une société nationale d’eau et d’élective n’arrive pas du tout à satisfaire la demande croissante en eau, en carburant et en électricité. 

Les promesses de la Nigerian National Petroleum Company Limited  de fournir du carburant au Burundi tardent à se concrétiser. La visite du ministre des finances au début de cette année au Nigeria était concluante pour en finir avec cette problématique. A quand  l’or noir provenant de la nouvelle raffinerie de la première fortune africaine Aliko Dangote atterrira dans les citernes ? Une question difficile à répondre d’autant plus que le transport du carburant jusqu’à Bujumbura constitue un fardeau pour les investisseurs d’autant qu’ils n’existent pas de pipeline qui relient les pays producteurs aux consommateurs.  

Il ne faut pas perdre de vue que le pays traverse une crise économique qui résulte du désordre financier en matière de gestion des devises et la politique de refinancement. Le pays nécessiterait environ 300 millions USD rien que pour importer le carburant alors que  les recettes issues des exportations sont en chute libre. Une lueur d’espoir se profile à l’horizon avec la redynamisation de la filière et la reprise imminente de l’exploitation des minerais stratégiques d’autant plus que le projet de révision du Code minier est au stade avancé. Le pays peine à mobiliser les devises dans un contexte de morosité économique. Les industries accusent un manque criant de matières premières et de l’énergie pour fonctionner. Sur le plan de la coopération bilatérale, les partenaires au développement s’indignent sur la mauvaise gestion des financements. Ce qui ralentit la mise en œuvre des programmes de développement. Des reformes institutionnelles profondes s’imposent pour une gestion efficience des dons et financements.

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Benjamin Kuriyo.

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Un commentaire
  • Callixte dit :

    Seule la libéralisation du commerce peut sauver la situation. Le marché a lui seul peut équilibrer l’offre et la demande. Le rôle de l’Etat doit se manifester uniquement lors de la correction des distorsions du marché. En cas de libre concurrence , la multiplicité des offreurs font que les produits abondent sur le marché, ce qui a comme conséquence la baisse des prix. Pourtant, l’oligopolisation du marché de carburent doit s’accompagner de bien d’inconvénients étant donnée que, sous l’effet d’élasticité prix croisé, l’envolée du prix du carburent impacte directement les cours autres produits.
    Bref, pour sauver la situation qui prévaut aujourd’hui au Burundi, l’Etat doit favoriser la libre concurrence sur le marché du carburent.

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    Sans transparence, pas de confiance

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    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
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