L’augmentation du prix moyen des médicaments est fortement corrélée à la dépréciation du franc burundais (BIF) face au dollar américain (USD). C’est ce qui ressort d’une étude sur l’état des lieux des prix appliqués aux services et soins de santé dans les Formations Sanitaires (FOSA) conventionnées avec les Mutuelles communautaires de Santé (MUSA). Cette étude a été commanditée par la Plateforme de concertation des Acteurs des Mutuelles de Santé au Burundi (PAMUSAB).

Les médicaments sont vendus en moyenne à un prix équivalent à 3,58 fois le prix d’importation, rendu à Bujumbura.
Selon cette étude publiée en septembre 2024, le prix moyen des médicaments a augmenté de 32 % entre le premier trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024 à l’exception de quelques produits. Cette évolution est liée à une dépréciation de 38,41 % du BIF par rapport au USD, selon les données de la Banque de la République du Burundi (BRB).
La légère baisse observée pour certains médicaments pourrait s’expliquer par des subventions ponctuelles ou des dons, qui auraient contribué à faire baisser les prix.
Une variabilité importante entre les FOSA
L’étude met également en évidence une forte variabilité des prix des médicaments entre les différentes FOSA avec un coefficient de variation moyen de 0,61.
« Lorsqu’on calcule le rapport entre le prix maximum et le prix minimum, les résultats montrent des écarts allant de 2,6 à 83,3 avec une moyenne de 12,6. Cela signifie que les FOSA les plus chères vendent leurs médicaments en moyenne à un prix 12,6 fois supérieur à celui des FOSA les moins chères. Les médicaments les moins chers sont d’ailleurs ceux pour lesquels on observe le plus de spéculation », indique le rapport.
L’évolution dans le temps confirme une hausse généralisée. Les prix ont grimpé de 32 % entre le premier trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024.
Des différences de prix selon le type et la localisation des FOSA
Le rapport fait remarquer que les Centres de Santé (CDS) affichent une variabilité importante (coefficient moyen de 0,63), les hôpitaux régionaux et de référence nationale pratiquent des prix plus élevés que les CDS tandis que les FOSA privées et confessionnelles appliquent des tarifs moyens équivalents à 207 % et 126 % des prix pratiqués par les FOSA publiques. Les régions Nord et Sud présentent des prix plus élevés que la région Ouest.
L’étude souligne aussi une forte différence entre les prix de gros et les prix d’importation. Le rapport prix de gros/prix d’importation varie entre 2,1 et 7,4 avec une moyenne de 3,58. Cela signifie que les médicaments sont en moyenne vendus à un prix 3,58 fois supérieur à leur prix d’importation rendu à Bujumbura.
Plusieurs facteurs influencent les prix pratiqués dans les FOSA, notamment la variabilité des coûts d’achat sur le marché, la dépréciation du BIF et l’inflation, la hausse des coûts de production des services, l’augmentation des coûts d’approvisionnement, les spéculations liées aux ruptures de stock dans les pharmacies de gros, l’absence de prix de référence compétitifs et un dispositif de régulation peu contraignant, notamment dans le secteur privé.
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