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Quand les Groupements d’Epargne et de Crédits Internes (GECI) font avancer le pays malgré les défis

La plateforme des organisations qui encadrent les Groupements d’Epargne et de Crédits Internes (GECI) a organisé une table ronde de plaidoyer afin d’améliorer le cadre réglementaire du fonctionnement des GECI. Ces derniers sont considérés comme une pépinière de l’inclusion financière formelle.

Différents intervenants ont expliqué comment la règlementation a tendance à mettre les bâtons dans les roues du fonctionnement des GECI. La Banque de la République du Burundi (BRB) exige que les GECI soient enregistrés au sein de cette institution. Ce qui est dans la pratique très compliqué.

 

Plus de 50 acteurs ont organisé une table ronde des différents contributeurs et décideurs afin de comprendre le processus d’enregistrement des organismes encadreurs ou initiateurs des Groupements d’Epargne et de Crédits Internes (GECI) ainsi que les formats à utiliser : le format de présentation des groupements et le format de reporting sur les activités des groupements. Cette activité a eu lieu à Bujumbura jeudi le 20 juin 2024.

Pour Spès Nihangaza qui a représenté FVS Amis des enfants, les GECI sont des outils de lutte contre la pauvreté. Ils interviennent aussi dans la réalisation des projets dans plusieurs domaines, notamment la santé (ou la santé reproductive), l’autonomisation financière de la femme, la lutte contre les violences basées sur le genre, la nutrition, l’assistance aux démunies, etc. « Ce sont les GECI qui aident les orphelins ou les personnes démunies en leur achetant du matériel scolaire, en les faisant soigner, en leur portant secours en cas de besoin, etc. », indique Mme Nihangaza. Elle ajoute que si jamais, les GECI encadrés par FVS, sans pour autant parler de ceux encadrés par d’autres organisations, cessent leurs activités, au moins 200 000 enfants ne pourraient pas aller à l’école au cours de la prochaine rentrée scolaire.  Les GECI passent toute une année à économiser plus ou moins 100 FBu par semaine et par personne. En retour, après une certaine période, les membres des GECI achètent les matériels scolaires pour les enfants issus des familles très pauvres.

Mme Nihangaza tient à préciser que les GECI enseignent aux citoyens lambda l’inclusion financière et l’entrepreneuriat. Ils œuvrent aussi dans les mutuelles de santé communautaire. En milieu rural, peu de familles peuvent économiser 50 000 FBu pour s’offrir une carte d’assistance médicale. Mais dans les GECI, quand les membres cotisent leur argent, au cas où ils rassembleraient une somme équivalente au coût de la carte d’assistance médicale, ils donnent ce montant à un autre membre qui en a besoin et ainsi de suite.

Les GECI vers l’autonomisation financière de la femme

« Qui éduque une femme éduque toute une nation. La femme est le pilier du développement d’une famille et de tout le pays. Quand une femme est développée, le pays l’est également », affirme Josée Ntabahungu qui a représenté CARE Burundi. Pour elle, le Burundi est un pays qui a une économie agricole et plus de 90 % des Burundais évoluent en milieu rural. En plus, les femmes s’occupent beaucoup plus de l’agriculture. Ce sont elles qui nourrissent la population burundaise. C’est pourquoi CARE Burundi travaille avec la femme rurale. Dans la philosophie de cette ONG, au départ, les GECI sont des groupes sociaux de solidarité. C’est pourquoi les groupements Nawe Nuze ont réussi. Parce qu’ils rassemblent des personnes qui vivent ensemble et qui se connaissent bien. Par conséquent, les femmes sont en train de transformer positivement leurs maris et elles influencent la gouvernance grâce à leur détermination.

« L’impact des GECI dans la communauté burundaise est réel et significatif sur l’amélioration de la vie du pays comme la gouvernance, la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire et sociale, l’autonomisation socio-économique des ménages, etc. », explique la consultante Espérance Musirimu. Elle ajoute que les GECI constituent le socle de l’inclusion financière et sont au service des politiques de développement, car ce sont des outils redoutables de lutte contre la pauvreté.

Malheureusement, tout n’est pas rose

Différents intervenants ont expliqué comment la règlementation a tendance à mettre les bâtons dans les roues du fonctionnement des GECI.  La Banque de la République du Burundi (BRB) exige que les GECI soient enregistrés au sein de cette institution. Ce qui est dans la pratique très compliqué.

Le communiqué de la BRB du 13 décembre 2023 a interdit les activités des GECI et la circulaire du 10 octobre 2023 a rappelé aux tenanciers des groupements de type SILC, AVEC, VICOBA, VSLA, Tontines et autres exerçant les activités similaires de se faire enregistrer à la BRB en tant qu’organismes encadreurs ou initiateurs des groupements selon un format donné. Le 25 mars 2024, la BRB a sorti une note donnant le souffle aux organisations encadreuses des GECI.

« Nous souhaitons que les GECI continuent à fonctionner pour développer leurs membres en particulier et la communauté en général conformément à la règlementation mise en place », propose Mme Ntabahungu. Pour y arriver, elle propose que dans le cadre de la durabilité et de la localisation, les GECI se fassent connaître au niveau de la commune où ils sont implantés.  Quant à la BRB, au lieu de travailler directement avec les GECI et les ONGs nationales et internationales qui les encadrent, qu’elle collabore avec les communes. En plus, l’administration locale devrait intervenir dans l’encadrement des GECI. Il faut qu’il y ait également une plateforme numérique pour faciliter le reporting des activités des GECI et le fonctionnement des GECI.

Pour Alphonse Nyobewumusi, chargé des institutions de microfinance à la BRB, cette structure veut d’abord connaître les organismes encadreurs des GECI pour voir comment collaborer avec eux. C’est pourquoi l’enregistrement est nécessaire.  « Que l’opinion sache que la BRB ne va pas enregistrer les petits groupements de citoyens formés pour s’entraider, mais plutôt leurs organismes encadreurs », tranquillise M. Nyobewumusi. Cette autorité reconnait que les défis ne manquent pas dans ce domaine. C’est pourquoi les parties prenantes continuent à les analyser chaque jour pour les relever. Un cadre de dialogue entre les organismes encadreurs des GECI et la BRB sera mis sur pied pour étudier sérieusement les problèmes auxquels font face les GECI en vue de leur trouver une solution efficace.

Les bénéficiaires des GECI s’en réjouissent

Jeanne-Marie Ntakirutimana vit dans la commune Muha de la mairie de Bujumbura. Elle est membre des GECI Nawe Nuze. « Pour y arriver, c’est FVS Amade qui m’a repéré en 2007 en tant que veuve. Cette organisation m’a formé en compagnie d’autres personnes sur comment aider les orphelins dans notre communauté. En 2008, nous avons mis en place un groupement Nawe Nuze », indique Mme Ntakirutimana. Elle affirme qu’elle a sensibilisé ses voisins pour former un groupe de 22 personnes. Au départ, ils économisaient 500 FBu par semaine et 150 FBu d’entraide mutuelle. Après une année, 90 personnes ont rejoint l’équipe de Ntakirutimana et, en conséquence, deux nouveaux groupes ont vu le jour. Jusqu’aujourd’hui, cette brave dame a réussi à créer 43 GECI composés de 50 personnes chacun. « Grâce au GECI, je suis en mesure d’emprunter 10 millions de FBu pour réaliser un projet », témoigne Mme Ntakirutimana. Hormis les activités économiques, les GECI aident les personnes vulnérables dont les orphelins en leur achetant notamment du matériel scolaire.

Selon la consultante Espérance Musirimu, les GECI constituent le socle de l’inclusion financière et sont au service des politiques de développement, car ce sont des outils redoutables de lutte contre la pauvreté.

Léocadie Nahayo vit dans la commune Rutovu de la province Bururi. Elle est en situation de veuve depuis l’an 2000. A cette époque, elle avait du mal à financer la scolarité de ses enfants. Help Channel Burundi a mis en place un GECI que Mme Nahayo a fini par rejoindre. « Chaque semaine, nous économisions 500 FBu et 100 FBu pour les imprévus. Ainsi, j’ai pu réunir facilement les frais de scolarisation de mes enfants », rassure Mme Nahayo. En plus, Help Channel leur a facilité la contraction des prêts auprès d’Ishaka Microfinance. Ainsi, cette femme de la région de Bututsi s’est fixé deux objectifs : acheter une vache et cimenter sa maison. Elle les a tous réalisés. Par ailleurs, selon Mme Nahayo, aucun membre de son groupement ne vit dans une maison en paille. Tous habitent dans des maisons dignes de ce nom.

Comment fonctionne un groupe communautaire de type AVEC/VSLA/Nawe Nuze, SILC, VICOBA, SFL, SHG, SMG, S4T, etc. ?

Généralement, un VSLA c’est un groupe de 15 à 30 membres qui s’autochoisissent par affinité et voisinage. Un règlement d’ordre intérieur et un comité de gestion veille au respect de ce règlement. L’objectif de ce groupe c’est la protection sociale et l’entraide mutuelle. Les activités se réalisent chaque semaine et elles offrent une opportunité d’y ajouter d’autres thématiques. Les petites épargnes (entre 100 FBu et 1500 FBu par semaine) sont données comme cotisation au fonds de crédit. Les cotisations sont données comme des prêts rotatifs (à partir de 5000 FBu) aux membres qui le désirent pour mener de petites activités génératrices de revenus (AGR).

En plus de la caisse d’épargne destinée à l’investissement, les groupes constituent une épargne sociale pour s’assister en cas d’évènements sociaux heureux ou malheureux. Un cycle dure généralement 12 mois après quoi il y a partage des épargnes plus les intérêts. Après le partage, les membres investissent dans l’achat des animaux d’élevage, des intrants agricoles, du kit et des frais scolaires, dans la construction ou la réhabilitation des maisons, dans l’AGRs, etc. Après la première année, tous les groupes sont sensibilisés pour se connecter à une institution de microfinance afin de bénéficier de ses produits et services.

Les grandes conclusions et recommandations de la table ronde sont :
  • Les acteurs encadrant les GECI doivent s’organiser en réseau « au lieu d’une simple plateforme » et chercher un statut juridique afin d’être impliquer dans les différentes sessions organisées sur la règlementation des intervenants dans le domaine de l’inclusion financière,
  • Dans le cadre de l’amélioration du cadre réglementaire des GECI, la BRB a informé qu’une équipe technique est à l’œuvre pour analyser une sous-catégorie de la 4ème catégorie des microfinances dissociant les Groupements Financiers Communautaires (GFC) des GECI,
  • L’enregistrement des organismes encadreurs des GECI doivent se faire à la BRB pour assurer la transparence et la conformité afin de différencier les GECI avec les groupes qui se forment avec intention de nuire à l’économie nationale. Le montant unique d’enregistrement des acteurs est cette fois-ci fixé à 1 000 000 FBu par acteur,
  • Écrire une lettre au gouverneur de la BRB pour lui demander une prolongation de la période d’enregistrement des organismes encadrant les GECI car l’échéance légale termine ce 25 juin 2024,
  • Création d’un cadre de dialogue permanent entre le réseau des acteurs GECI est la BRB,
  • Pour les GECI autogérés/matures ou dont les projets ont clôturé dans le milieu, la BRB a promis que l’équipe technique avec les acteurs vont chercher ensemble les mécanismes d’enregistrement de ces derniers,
  • Pour le rapportage, la BRB et les acteurs vont s’informer sur les outils numériques utilisés et qui ont réussi dans la région pour être adapté à notre contexte.

La table ronde de plaidoyer a vu la participation d’une cinquantaine d’ONGs nationales et internationales qui encadrent les GECI. On citerait notamment CARE Burundi, Help Channel Burundi, World Vision International, Catholic Relief Service (CRS), FVS-Amie des enfants, IRC, GLID, MIPAREC, Dutabarane, AFRABU, World Relief, CORDAID, MEMISA Belgique, Hope International, Harvest Initiatives, Mother’s Union, FLORESTA, CARITAS Belgique, NACHAM AFRICA, Help a Child, RBU 2000 Plus, AFCS, SADC, FWA, AFAPD-ABAKANGURIRAMAHORO, etc.

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Journal Burundi Eco.

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