Edition Spéciale

Quel bilan des trois ans de règne du Président Ndayishimiye ?

3 ans, c’est long et en même temps court à l’échelle de la gouvernance d’un pays. Quelles ont été les réalisations du président Ndayishimiye depuis son accession au pouvoir ? Si en politique une sorte de statu quo s’est établi, dans certains domaines de la vie du pays ‘’Neva’’  a initié des choses qui ont laissé peu d’observateurs indifférents. En diplomatie, ou en économie, son emprunte reste visible. Retour sur les hauts faits ayant jalonnés son triennat.

Bilan politique de ‘’Neva’’ : jusqu’où iront les déboires du Cnl ?

 

Nouveau redécoupage territorial, suspension des activités du CNL sur tout le territoire national, arrestation de l’ancien Premier ministre, … autant d’actes qui ont marqué la mandature du président Evariste Ndayishimiye. Les trois années de pouvoir ont été pleines de rebondissements à l’approche des échéances électorales de 2025.

16 décembre 2022. L’Assemblée nationale vient de voter la loi sur le nouveau redécoupage territorial. Dans l’exposé des motifs, le redécoupage propose que la commune ait une superficie moyenne de 662 km² afin de créer un ensemble géographique plus vaste capable de présenter des opportunités de développement, un espace où peut s’épanouir le partenariat public-privé et favorable aux investissements de toute nature sans disperser les efforts et les moyens financiers.

Le nouveau redécoupage se veut également porteur d’une administration de proximité au service du citoyen. Il est noté dans le texte qu’il faut que l’autorité apprenne à déléguer une partie de ses pouvoirs suivant le principe de subsidiarité selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d’autorité compétente pour résoudre le problème. Le niveau supérieur n’intervenant que si le problème excède le niveau inférieur (principe de suppléance).

Au niveau des provinces, la nouvelle province de Bujumbura qui aura comme chef-lieu, la mairie de Bujumbura, comptera notamment les anciennes provinces de Bujumbura-mairie, Bubanza, Cibitoke et Bujumbura. La province Buhumuza à l’Est comptera les anciennes provinces de Cankuzo, Muyinga et Ruyigi.

La nouvelle province de Gitega, quant à elle, comptera les anciennes provinces de Gitega, Muramvya, Mwaro et Karusi. La province de Burunga, au Sud, comptera les anciennes provinces de Bururi, Makamba, Rutana et Rumonge. Enfin, la province de Butanyerera au Nord comptera les anciennes provinces de Ngozi, Kirundo et Kayanza.

Et l’accès de la population aux services administratifs ?

Pour le spécialiste en droit administratif, le professeur Siméon Barumwete, si on regroupe deux ou trois communes, les ressources globales ne vont pas augmenter pour autant. « C’est que si on regroupe deux à trois communes, le chef-lieu de la commune sera difficilement accessible pour les populations. Avec une longue distance à parcourir, le coût des documents administratifs sera élevé parce que si, par exemple, la carte nationale d’identité coûte 500 BIF, pour s’en procurer, il faut prévoir au moins 5000 BIF dans certains cas suite aux frais de transport qui s’en trouvent décuplés ».

Cet enseignant d’université estime également que les chefs collinaires pourraient éprouver des difficultés à se rendre au chef-lieu de la commune avec un budget communal dont il y a lieu de penser qu’il ne prévoirait pas des frais de déplacement supplémentaires.

En plus, ajoute-t-il, il faudrait recruter un personnel suffisant pour que les services publics et administratifs soient le plus proche de la population. « Il faut plutôt une étude pour évaluer le coût et l’impact financier de ce regroupement par rapport au fonctionnement de la commune ».

 

Le CNL dans l’œil du cyclone

Dans sa lettre du 2 juin, le ministre burundais de l’Intérieur, Martin Niteretse a annoncé la suspension, sur tout le territoire national, des activités organisées par « les organes irrégulièrement mis en place » du parti d’Agathon Rwasa.

Pour justifier une telle décision, le ministre est revenu sur les dissensions en cours au sein du CNL et a dit craindre des troubles à l’ordre public. « Seules les réunions de dénouement des tensions au sein de votre parti pourront avoir lieu après avoir demandé et reçu l’autorisation des autorités habilitées ».

Certains membres de l’ancien bureau de ce parti ont récemment envoyé une lettre au ministre de l’Intérieur pour s’opposer aux résultats du congrès extraordinaire tenu en mairie de Bujumbura en date du 30 avril. A l’issue, de nouveaux organes avaient été mis en place.

Notons que le 31 janvier dernier, dans une lettre adressée aux gouverneurs de province, le ministre Niteretse avait demandé à ce que les partis politiques puissent organiser librement leurs réunions. « Dans l’exercice de leurs libertés de réunion, ils informent les autorités, mais ne demandent pas l’autorisation ».

L’ancien Premier ministre, Alain-Guillaume Bunyoni, poursuivi pour atteinte à la sécurité nationale, au bon fonctionnement de l’économie nationale et intérêts personnels indus.

Cette suspension est intervenue après que le président du CNL, Agathon Rwasa, se soit vu retirer sa garde rapprochée. « Les policiers chargés de ma sécurité ont reçu l’ordre de quitter ma résidence. Les remplaçants sont arrivés sans que je sois informé de ce changement. On m’a dit que c’est une simple relève. En matière de sécurité, le concerné devrait normalement choisir sa garde rapprochée », a fustigé Agathon Rwasa, contacté par Iwacu.

Concernant la suspension des activités de son parti sur tout le territoire national, le député a parlé de « dérive dictatoriale » de la part du pouvoir en place.

Un ancien Premier ministre derrière les barreaux

Le 24 avril 2023. A l’issue d’une émission publique des porte-paroles du gouvernement tenue dans la province de Cibitoke, la porte-parole de la Cour Suprême, Agnès Bangiricenge a fait savoir que l’ancien Premier ministre, Alain-Guillaume Bunyoni, était détenu au Service national de renseignement (SNR) et qu’il était poursuivi pour : atteinte à la sécurité nationale, atteinte au bon fonctionnement de l’économie nationale et intérêts personnels indus.

Dans un communiqué de presse du 23 avril 2024, le procureur général de la République, Sylvestre Nyandwi, a indiqué qu’une perquisition avait été effectuée en date du 17 avril 2023 au domicile de l’ancien Premier ministre mais que ce dernier avait déjà pris le large. « C’est ainsi qu’un mandat d’amener a alors été lancé pour qu’il soit recherché. »

Il a également souligné qu’Alain-Guillaume Bunyoni avait été appréhendé, le 21 avril 2023, à Nyamuzi, zone Mubone de la commune Kabezi dans la Province de Bujumbura où il se cachait. Depuis le 8 mai dernier, ce Général de la Police croupit à la Prison de Ngozi. Rappelons que le 7 septembre 2022, M. Bunyoni avait été démis de ses fonctions de Premier ministre et remplacé par Gervais Ndirakobuca.

Coup de balai dans l’administration de Rumonge

7 décembre 2022. Le procureur près la cour d’appel de Bururi a arrêté Gratien Nduwayo, administrateur communal de Buyengero. Ce dernier a été directement conduit à la prison de Rumonge.

Samedi 10 décembre, c’est au tour de Charles Karorero et Jérémie Bizimana respectivement administrateurs des communes Bugarama et Rumonge de prendre le chemin de la prison.

Ces deux administratifs étaient accusés d’avoir trempé dans le détournement de matériaux de construction des  écoles (tôles et ciment) offerts par le bureau de la présidence du Burundi.

Assa Gituwitaye, conseiller du gouverneur de la province Rumonge chargé des finances et administration, a également été appréhendé et conduit à la prison de Rumonge pour « complicité de détournement de ce matériel ».

Cette série d’arrestations faisait suite au déplacement du président de la République dans cette province dans la journée du 24 juin 2022 où il s’en était pris violemment aux autorités administratives de cette province accusées de corruption et détournement des produits stratégiques (sucre, carburant, etc.).

Par Alphonse Yikeze, journal Iwacu

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Le retour fracassant du Burundi sur la scène internationale

 

Visites de plusieurs pays, levée des sanctions contre le Burundi, réchauffement des relations avec le Rwanda, désignation  du Burundi à la tête des organisations internationales, voilà quelques points positifs enregistrés par Evariste Ndayishimiye au cours de ses 3 ans au pouvoir. Il aura pris le contre-pied de son prédécesseur en ce qui concerne les relations internationales. Découvrons comment avec ce blogueur.

Aussitôt arrivé au pouvoir, le Chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a vite fait du retour duBurundi sur la scène internationale son cheval de bataille.

Aussitôt arrivé au pouvoir, le Chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a vite fait du retour du Burundi sur la scène internationale son cheval de bataille, après la crise de 2015 qui avait sonné le repli sur soi. Ndayishimiye effectuera sa première visite officielle en Tanzanie deux mois après son investiture. Une visite visant le renforcement des liens socio-économiques dans un pays où 95% des marchandises entrant au Burundi passent par le port de Dar-es-Salaam. Il enchaînera par la suite avec d’autres pays comme la Guinée Equatoriale, l’Egypte, le Congo Brazzaville, l’Ouganda, le Kenya, la RDC, etc.

Si le pays montrait déjà une certaine ouverture au monde, c’est avec la participation d’Evariste Ndayishimiye à la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies tenue en septembre 2021 qui confirmera le retour du Burundi sur la scène internationale. Le Président burundais en a profité pour mener des discussions économiques avec d’autres dirigeants du monde entier.

Le Burundi marquera aussi des points à l’internationale avec son retrait sur l’agenda du Conseil de sécurité des Nations Unies, juste 4 mois après la prise des fonctions de Ndayishimiye à la tête du pays.

La normalisation des relations avec le Rwanda

3 ans du pouvoir de Ndayishimiye, c’est aussi la réouverture des frontières entre le Burundi et le Rwanda. Fermée depuis 2015 à cause des tensions entre ces deux petits pays de l’Afrique centrale, c’est en octobre 2022 que la réouverture des frontières a été déclarée officiellement. Cette réouverture a été effective après des négociations qui avaient commencé depuis des mois. Les délégations de la part de chaque pays transmettaient des messages de réchauffement des relations entre les deux présidents.

Si la réouverture des frontières a plu aux populations des deux pays, la participation de Paul Kagame au 20ème sommet des chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine tenu à Bujumbura a ravivé l’espoir des deux peuples frères.

La levée des sanctions, un coup de pouce pour Gitega

Malgré l’attente des aides directes, la levée des sanctions contre le Burundi et certaines de ses autorités par l’Union Européenne et les USA a été un signe fort du retour du Burundi dans le concert des nations. Cette étape salutaire franchie a été enregistrée après d’intenses ‘’dialogues’’ entre ces partenaires de longues dates.

La visite d’Antonio Guterres, secrétaire générale de l’ONU au Burundi en mai 2023 et son appel à la communauté internationale de soutenir le Burundi est aussi un succès qu’il faut mettre au crédit du Président Evariste Ndayishimiye. Egalement, la visite de Sergei Lavrov, ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie au Burundi a laissé des traces sur le plan diplomatique vu que ces deux pays entretiennent des relations depuis longtemps, même si la profondeur stratégique de cette relation est à interroger.

Des responsabilités au sein des organisations internationales, la cerise sur le gâteau ?

En juillet 2022, Evariste Ndayishimiye a pris les rênes de l’EAC. Avec cette nouvelle casquette, Ndayishimiye insistera sur la nécessité de stabiliser la paix et la sécurité en RDC. Il dirigera plusieurs sommets sur la situation de ce vaste pays qui est plein de minerais. Certains sommets se dérouleront sur le sol burundais et verront la participation des Chefs d’Etats de l’EAC, hormis celui du Sud Soudan.

En plus de cela, lors du 36ème sommet ordinaire des Chefs d’Etats et de gouvernements de l’UA tenu en février 2023, Ndayishimiye a été nommé membre du bureau de l’Union Africaine en tant que 3ème vice-président, représentant ainsi la région de l’Afrique Centrale. Il expliquera que cette nomination est un honneur pour le Burundi. A cette même occasion, il a été nommé leader pour la promotion du programme : « Jeunesse, paix et sécurité en Afrique ».

Récemment, Evariste Ndayishimiye a été nommé Vice-Président du COMESA. C’était lors du 22ème sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui s’est déroulé à Lusaka. A l’issue de ce sommet, ces dirigeants ont décidé que le prochain se tiendra à Bujumbura.

Une bonne politique intérieure, l’indispensable

Pour tirer profit de ce renouveau diplomatique, « une bonne politique intérieure doit être la base », a précisé Pascal Niyonizigiye, expert en relations internationales, interrogé par le Groupe de Presse Iwacu. Il évoque notamment la gestion saine des affaires de l’Etat.

A cela, ajoutons que le Chef de l’Etat doit aussi miser sur la bonne gouvernance. Mais encore, les questions liées aux droits de l’homme, le retour des exilés sont, entre autres, des notions sur lesquelles les bailleurs de fonds insistent beaucoup pour décaisser les aides directes, qui se font toujours attendre.

A bon entendeur….

Par Nobel Ndirariha, Yaga

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Quel bilan sur le plan économique ?

 

Sur le plan économique, le triennat du président Ndayishimiye n’a pas été un long fleuve tranquille. Au cours de cette période, le Burundi  a connu des pénuries du carburant, des devises, la montée en flèche de la dette publique, la résiliation des contrats miniers, etc. Tour d’horizon.

Parmi les défis auxquels a fait face le Burundi au cours des trois dernières années, la pénurie du carburant vient en tête. C’est un problème devenu quasiment insoluble. De longues files d’attente des véhicules s’observent toujours devant les stations-services. Les produits pétroliers se raréfient alors qu’ils constituent le gros des importations en termes de devises que le pays injecte dans ce secteur. Le gouvernement a tenté d’apporter des réponses à cette problématique, mais les stations-services restent à sec.

L’arrivée de la Regideso, un nouvel acteur dans le circuit de l’approvisionnement et de la distribution du carburant au mois d’août 2022, semblait prometteuse, mais la situation reste confuse. La Regideso est une société nationale de distribution de l’eau et de l’électricité qui n’arrive pas à satisfaire la demande croissante de ces produits et n’a pas aussi réussi à résoudre le problème de la pénurie du carburant.

Le Président de la République a expliqué via la radio anglaise BBC que le pays n’a pas de problème du carburant. Il a précisé que les entrepôts du Burundi qui sont à Dar-es-Salaam (Tanzanie) sont pleins à craquer. Ce ne sont que les importateurs qui disposent de camions qui ne veulent pas amener le carburant comme il faut.

« Si jamais un importateur amène le carburant, il le distribue uniquement dans ses propres stations-services pour attirer beaucoup de monde. Dans ce cas, comme c’est un seul ‘’robinet’’ disponible, même si 100 millions de litres étaient disponibles, les files dans les stations-service deviennent inévitables », a expliqué le Président Ndayishimiye. Pour remédier à cela, il rassure que les réflexions sont en cours autour de la mise en place d’une société publique pour régler tous ces problèmes.

 

 La pénurie du carburant est l’un des problèmes qui ont marqué ces trois dernières années. Des files indiennes des véhicules dans les stations-service sont devenues monnaie courante.

La pénurie du carburant n’est pas sans conséquences sur la mobilité et le commerce où la hausse des prix devient récurrente. Les transporteurs ou les taximen fixent le prix d’une course en fonction du coût auquel ils se sont approvisionnés en carburant. Dans la plupart des cas, ils achètent un litre d’essence à plus ou moins 10 000 Fbu au marché noir. Par conséquent, la pénurie et la cherté du carburant influent sur les prix pratiqués sur le marché et sur le coût du transport en général.

Pour Faustin Ndikumana, directeur national de l’ONG locale PARCEM, le problème lié à l’approvisionnement en produits de première nécessité dont le carburant a causé la hausse des prix des produits alimentaires où le taux d’inflation a frôlé 30 %.

Quid des devises ?

La BRB a annoncé le 7 octobre 2022 la réouverture des bureaux de change. Cela plus de deux ans après leur fermeture sous prétexte de lutter contre la dépréciation du franc burundais. Cette mesure a été saluée par les économistes, car elle libéralise le marché de change. Malgré tout, cela n’a pas suffi pour rendre accessible le billet vert dans le pays. La pénurie des devises est devenue un casse-tête pour l’économie nationale. M. Ndukumana reste pessimiste. Pour lui, le problème des devises n’a pas encore trouvé une solution durable. Même s’il y a une certaine transparence dans la gestion des devises, leur quantité reste insuffisante.

Au premier trimestre de 2023, le  taux de change a battu le record où un dollar américain valait plus de 4 000 Fbu sur le marché noir. Ce qui a plongé le pays dans une crise économique sans précédent. Malheureusement, le marché noir finance jusqu’à présent 74% des importations du pays. Dans ce cas, l’inflation importée plonge davantage le pays dans le marasme économique car il dépend généralement des importations.

La dette publique fait froid dans le dos

L’encours de la dette publique s’est accru de 14,5%  fin juillet 2022, se fixant à 4 763,7 milliards de Fbu contre 4 161,3 milliards de Fbu à la même période en 2021, en liaison avec l’accroissement à la fois de la dette intérieure (+11,8%) et de la dette extérieure (+22,0%). Par rapport au mois précédent, la dette publique a augmenté de 0,2% en rapport avec la diminution de la dette intérieure (-0,2%) et de la dette extérieure (-0,7%) selon le rapport de la Banque centrale.

Sur une période de 10 ans (2013-2023), la dette publique est partie de plus de 598 milliards de Fbu pour atteindre plus de 4005 milliards, soit une augmentation record de près de 570%. En plus, ce sont les banques commerciales qui financent la dette intérieure à plus de 50%. Elles avancent à l’Etat plus de 1 500 milliards de Fbu.

Dans le forum national sur le développement du Burundi tenu du 18 au 19 novembre 2021, les experts se sont inquiétés sur l’augmentation de la dette publique depuis 2015. Selon Dr Euphrem Niyongabo, cette dette est dominée par la dette intérieure estimée au trois quarts de la dette totale du pays.  Néanmoins, cet expert s’inquiète du fait que  la croissance économique n’est pas en train de suivre cette cadence.

Le secteur minier au point mort

A la mi-2021, les sociétés britanniques, chinoises et russes œuvrant dans l’exploitation des terres rares et de l’or dont Rainbow Mining Burundi (RMB), Tanganyika Mining, se sont vues systématiquement interdites d’activité. Les conventions entre le gouvernement et ces sociétés présentaient un certain déséquilibre, ce qui a occasionné la suspension de leurs activités. Le gouvernement voulait établir des contrats gagnant-gagnant. Seules les coopératives d’exploitation aurifère artisanale ont été par après autorisées à reprendre leurs activités.

« Le gouvernement a pris des mesures pour mieux réglementer le secteur minier. Cela après avoir constaté que la richesse du sous-sol ne profitait qu’à une poignée de gens au lieu de contribuer au relèvement économique du pays », a déclaré Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi dans une émission publique le 30 décembre 2022.

Pour M. Ndikumana, on ne peut pas évaluer les recettes issues de ce secteur et la contribution de ce secteur au PIB du pays. A noter que le code minier est sur le point d’être promulgué, car il a déjà été adopté par l’Assemblée nationale.

L’électricité, un casse-tête

Les coupures répétitives de l’électricité sont devenues monnaie courante. Elles affectent les activités génératrices de revenus et les industriels ne sont pas épargnés. A part le déficit énergétique, la vétusté du réseau électrique pose un réel problème.

Dans certains quartiers, les ménages se sont habitués aux coupures intempestives du courant électrique. Les personnes vivant de petits métiers comme la soudure, le commerce du lait ou les propriétaires des salons de coiffure et des secrétariats publics voient souvent leurs activités perturbées. Parfois, les coupures d’électricité s’étendent sur de longues heures.

Même son de cloche chez les industriels qui indiquent que l’insuffisance de l’électricité plombe leurs activités. Dans certaines entreprises, l’électricité fournie par la Regideso est insuffisante pour faire tourner les machines. Elles doivent faire recours aux groupes électrogènes malgré la pénurie récurrente du carburant.

Par Gilbert Nkurunziza, journal Burundi Eco

 

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La jeunesse au cœur de l’agenda présidentiel

Président pro-jeune dans les paroles et les actes, le bilan du Président Evariste Ndayishimiye est jugé comme positif par plusieurs observateurs. Avis partagé par Rémy Havyarimana, qui salue des initiatives encourageantes même s’il persiste des défis de taille.

Le Président Evariste Ndayishimiye entouré de certains jeunes participants à la seconde édition de Youth Impulse 2022.

Dans un pays où 70% de la population burundaise a moins de 35 ans, ceux dont l’âge compris entre 14 et 35 ans représentent plus de 50%, où 93% des jeunes diplômés passent plus de 5 ans avant de trouver le premier emploi alors que les jeunes chômeurs sont trois fois supérieurs à ceux qui ont un emploi, il était donc impératif de repenser le modèle d’employabilité et d’autonomisation des jeunes.

Le Président Evariste Ndayishimiye a compris cette urgence. Le 31 août 2021, devant près de dix mille jeunes entrepreneurs issus de tous les milieux socioprofessionnels de la capitale économique Bujumbura, il a exhorté les jeunes à contribuer concrètement au développement socio-économique du Burundi.

Pour parvenir rapidement aux résultats concrets, il appellera, lors de cette rencontre, les jeunes à se regrouper en coopératives ou en associations et à investir prioritairement dans la transformation et l’exportation des produits agro-pastoraux, un des secteurs porteurs de croissance.

Promotion économique et politique des jeunes

Mais tout cela demande des fonds, un capital pas toujours à la portée de ces jeunes. A cet effet, le Président Ndayishimiye mettra en place le PAEEJ, Programme d’Autonomisation Économique et d’Emplois des Jeunes. Lancée en avril 2021, cette institution a été dotée d’un capital de départ de 48 milliards Fbu. Objectif : centraliser tout soutien à l’entrepreneuriat des jeunes au Burundi, financer au moins un projet ou une entreprise des jeunes sur chacune des 2.911 collines du pays, accompagner les jeunes scolarisés ou pas sur le marché de l’emploi et les intégrer dans le circuit formel de production économique, etc. Et dans l’exercice budgétaire 2023-2026 récemment adopté par le Parlement, 32 milliards ont été alloués au PAEEJ.

Côté politique, les jeunes n’ont pas été mis sur la touche ces trois dernières années. Et pour cause, depuis 2020, des centaines de jeunes ont été placés par décret présidentiel ou recrutement dans les nombreuses entreprises paraétatiques (Obuha, ARB, Regideso, ISABU, ARCT, etc).

Des initiatives encourageantes et du pain sur la planche

Pour Remy Havyarimana, coordinateur national de la « Maison Lueur d’espoir », une organisation burundaise dont l’objectif est de favoriser le dialogue face aux problèmes, le bilan du numéro est plus que satisfaisant concernant la promouvoir de l’autonomisation des jeunes.

Rémy Havyarimana : « Ce qui est entré d’être fait est une première dans l’histoire du pays et est très bénéfique pour l’essor de notre économie. »

Quelle est votre appréciation par rapport au bilan de la mise en œuvre de la politique de l’autonomisation des jeunes au Burundi ?

Le Président de la République a pris le taureau par les cornes pour redresser le pays sur la voie du développement. Les initiatives sont très encourageantes si l’on se tient compte des objectifs visés et sur combien les jeunes, qui représentent la majorité de la population burundaise, en bénéficieront. Nous reconnaissons que ce qui est entré d’être fait est une première dans l’histoire du pays et est très bénéfique pour l’essor de notre économie.

L’exemple de la mise en place du programme PAEEJ est un exemple éloquent de cette volonté de promouvoir l’autonomisation économique des jeunes. Jusqu’ici, on peut reconnaître certaines performances de ce programme qui a déjà soutenu les projets de pas mal de jeunes.

Mais il faut souligner qu’il y a encore des défis à relever. L’on doit savoir que certains jeunes, surtout des milieux ruraux, ne réussissent pas à accéder à des crédits faute de formation ou d’accompagnement. Egalement, il y a ce plafonnement des fonds que l’on doit allouer pour soutenir les initiatives des jeunes qui bloque la concrétisation des projets des jeunes. Certains crédits accordés aux jeunes entrepreneurs ne parviennent pas à couvrir les dépenses, et par conséquent, il n’y aura pas de création d’emplois.

Comment pourrait-on rectifier le tir ?

D’abord, l’on doit souligner qu’il y a la non implication des acteurs de différents secteurs. Ce qui porte atteinte au bon fonctionnement des programmes de promotion des initiatives des jeunes. Et pour renverser la vapeur, il faudrait les impliquer pour qu’ils puissent accompagner ou former les jeunes afin de bien cerner les réalités du terrain. Parce qu’ils ne suffisent pas de bien rédiger un business plan pour réussir son projet entrepreneurial. L’assistance des acteurs qui ont prospéré dans tel ou tel autre domaine est nécessaire pour challenger les défis qui se présentent sur le terrain. Cela est hautement bénéfique pour celui par exemple qui s’engage d’entreprendre dans l’agriculture ne s’improvise pas, mais qu’il soit formé par ceux qui sont déjà opérationnels afin d’apprendre mais aussi et surtout pour que les jeunes entrepreneurs bénéficieront d’une plaidoirie de la part de leurs « formateurs » par rapport à l’accès aux fonds. Cela demande des moyens financiers consistants et le gouvernement doit s’apprêter à injecter beaucoup de fonds.

Par Christian Bigirimana, Jimbere Magazine

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Menace évidente ?

Menace évidente ?

Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.

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