Cooperation

La fédération russe offre 100 bourses d’études aux jeunes Burundais

Dans une interview exclusive accordée au journal Burundi ECO, l’Ambassadeur de la Fédération de Russie au Burundi Valery Mikhaylov dévoile les grands axes de la coopération entre le Burundi et la Russie. Il  évoque également  les origines de la crise russo-ukrainienne et les enjeux du prochain sommet Russie-Afrique.

Valery Mikhaylov, ambassadeur de la fédération de Russie au Burundi : « L’opération militaire spéciale se poursuivra jusqu’à ce que l’Ukraine cesse de représenter une menace pour la paix à la frontière avec la Russie ».

 

Burundi Eco (BE) : La Russie tisse depuis très longtemps des liens d’amitié étroits avec le Burundi. Pourriez-vous nous parler des grands axes de la coopération bilatérale entre les deux pays ?

 

Valery Mikhaylov, ambassadeur de la fédération de Russie au Burundi : En effet, la Russie et le Burundi sont liés par des liens d’amitié étroits de longue date, qui se manifestent désormais non seulement sur la scène internationale (par exemple, dans le cadre de l’ONU), mais dans tous les domaines.

L’un des principaux axes de la coopération bilatérale (Burundi-Russie) est le domaine de l’éducation. L’URSS, puis la Russie, a déjà offert aux citoyens Burundais l’opportunité d’accéder à ses établissements d’enseignement supérieur. Nous recensons plus de 4 000 Burundais diplômés des universités russes. D’année en année, nous augmentons le nombre de bourses et maintenant leur nombre a atteint 100. C’est-à-dire que cette année, 100 jeunes garçons et filles iront étudier en Russie.

Nous développons également des relations de coopération dans le domaine culturel. Par exemple, les artistes du Burundi ont la possibilité d’améliorer leurs compétences. L’université d’art russe a organisé des cours au Sénégal. Un programme similaire est actuellement en cours à Saint-Pétersbourg.

Nul doute que la sphère humanitaire est un domaine important. En 2021, la Russie a transféré 1 500 tonnes de farine, qui ont fourni de la nourriture aux écoles de deux provinces (Gitega et Ngozi) pendant plus de 6 mois. L’ambassade organise également souvent des événements caritatifs dans les orphelinats. Nous y prêtons beaucoup d’attention.

Nous développons également une excellente coopération avec les ministères sectoriels, notamment le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, celui de la Justice et celui de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA.

 

B.E : Quels sont les projets phares initiés pour renforcer cette coopération ? 

 

Ambassadeur Valery Mikhaylov : Parmi les projets phares, sur lesquels de nombreux travaux sont actuellement menés, on peut citer la coopération avec le ministère de la Justice et celui de la Santé Publique et celui de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines.

Dans le premier cas, il s’agit de la signature d’un mémorandum d’entente entre l’agence fédérale russe ROSPOTREBNADZOR et le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA de la République du Burundi. Cette agence s’occupe d’un large éventail de tâches, mais spécifiquement avec le Burundi, la coopération est menée dans le domaine de la médecine et de la sécurité épidémiologique. En février 2023, un don de 200 000 kits de test pour la détection du Covid-19 a été livré au Burundi. Par ailleurs, un laboratoire a été inauguré à l’Institut National de Santé Publique (INSP).

Un autre projet phare est la coopération entre le ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines de la République du Burundi et la société d’Etat russe ROSATOM dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’atome. Un certain nombre de documents y relatifs ont déjà été signés. Actuellement, un travail actif est mené sur un accord intergouvernemental qui permettra d’aborder plus en détail la question de l’utilisation pacifique de l’atome pour fournir au Burundi une quantité suffisante d’électricité.

 

B.E : Le Burundi renoue les relations de coopération avec les partenaires multilatéraux à travers le rétablissement des relations diplomatiques avec l’Union Européenne, les Etats-Unis et les institutions de Bretton Wood.  Est-ce que cela ne risque pas d’entacher les relations diplomatiques avec Moscou ?

 

Ambassadeur Valery Mikhaylov : Certainement pas. La Russie est pour la coopération multilatérale sur la scène internationale. Cependant, nous sommes contre les sanctions unilatérales et les tentatives d’établir des relations diplomatiques qui ne sont pas fondées sur le droit international, mais sur les intérêts du pays qui applique ces sanctions et unilatéralement.

Mais si vous regardez les faits, en mars de cette année, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement de la République du Burundi, Amb. Albert Shingiro a effectué une visite de travail en Fédération de Russie, où il a eu des entretiens fructueux à Sotchi avec son homologue russe, Amb. Sergueï Lavrov. L’année dernière, un certain nombre de ministres burundais se sont rendus en Russie. Nous pouvons donc dire avec confiance que les relations diplomatiques entre nos pays, qui durent depuis plus de 60 ans, non seulement ne sont pas entachées mais, au contraire, se développent et se renforcent dans des conditions mutuellement bénéfiques.

 

B.E : L’onde de choc de la crise entre la Russie et l’Ukraine se propage à l’échelle planétaire. L’économie mondiale subit de plein fouet les conséquences de ce conflit. Que prévoit Moscou pour atténuer les effets de cette crise sur les économies africaines en difficulté ?

 

Ambassadeur Valery Mikhaylov : Parfois, nous voulons même demander aux pays occidentaux à quel point la politique d’application des sanctions est bien pensée, car elles nuisent non seulement à l’économie russe, mais beaucoup plus de dommages retombent sur les épaules de l’économie mondiale en général et sur celle des pays en développement en particulier.

La Russie est le principal producteur de produits agricoles, de vecteurs énergétiques et d’engrais. Cependant, en raison des sanctions, nous ne sommes pas en mesure d’exporter ces produits. Aujourd’hui, la Russie s’est réorientée d’Ouest en Est. Dans la région Asie-Pacifique, nos partenaires acquièrent activement, en particulier, des ressources énergétiques qui étaient auparavant achetées par les pays occidentaux. Les sanctions ont perturbé les chaînes de transport. C’est pourquoi il y a des difficultés importantes avec l’acheminement des marchandises vers le continent africain. Nous essayons de trouver des moyens de résoudre ces problèmes.

Vous n’avez pas posé de questions sur les origines de cette crise, mais je pense qu’il est important de le noter. La crise entre la Russie et l’Ukraine a été provoquée par les pays occidentaux qui se sont engagés à dresser les anciennes républiques soviétiques contre la Russie. Une opération militaire spéciale a été lancée dans le but de dénazifier et de démilitariser l’Ukraine qui, grâce aux Occidentaux, était en fait gavée d’une énorme quantité d’armes et constituait une menace existentielle pour la Russie. L’opération militaire spéciale se poursuivra jusqu’à ce que l’Ukraine cesse de représenter une menace pour la paix à la frontière avec la Russie. 

 

B.E : En juin 2022, vous avez annoncé à la presse que la Russie va soutenir les secteurs de la santé (livraison des médicaments, construction d’un laboratoire médical), de l’agriculture (livraison des fertilisants) et de l’énergie (livraison du carburant), qu’en est-il de la concrétisation de ces promesses ? Quelles quantités déjà livrées et celles prévues  à être livrées et sur quelle période ?

 

Ambassadeur Valery Mikhaylov : Comme je l’ai indiqué précédemment, un laboratoire a été inauguré en février et un grand nombre de kits de test ont été livrés. Nous attendons prochainement une autre délégation d’épidémiologistes pour fournir des kits de test afin d’identifier un type spécifique de fièvre hémorragique, en réponse aux informations faisant état de la menace de la fièvre de Marburg au Burundi, qui sévit une des provinces  frontalières en Tanzanie.

En ce qui concerne les engrais, le principal problème auquel nous avons été confrontés est la perturbation des chaînes d’approvisionnement. A cet égard, malgré les travaux en cours pour stabiliser la situation, nous sommes confrontés à des difficultés importantes, car les pays occidentaux menacent de sanctions d’éventuels intermédiaires qui oseraient travailler avec la Russie.

Le même problème se pose avec l’approvisionnement en carburant. Cependant, ici, nous opérons également à travers ROSATOM. Vous devez comprendre que si cela continue, ça ne fera que conduire à la dédollarisation du commerce mondial et à une baisse de l’importance et de l’influence des pays occidentaux. Après tout, en plus de briser les chaînes logiques, nous sommes confrontés à l’impossibilité des virements bancaires en raison de la déconnexion de la Russie du système SWIFT. Les banques correspondantes bloquent simplement nos transactions. Et, bien sûr, nous travaillons activement sur la possibilité de payer en roubles, yens, roupies et autres monnaies nationales, en essayant de nous éloigner le plus possible du dollar et de l’euro. Désormais, vous entendrez de plus en plus souvent parler de la New Development Bank (NDB), créée par les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui a des programmes de financement dans les monnaies locales des pays membres.

 

B.E : La Russie organise pour la deuxième fois le sommet du forum économique Russie-Afrique prévu du 26 au 29 juillet 2023. En quoi consiste cet évènement ? Quelles sont les retombées économiques dudit forum sur les économies africaines ?

 

Ambassadeur Valery Mikhaylov : Le Sommet Russie-Afrique est l’événement clé et le plus important dans les relations russo-africaines. Il s’agit d’atteindre un nouveau niveau de notre partenariat mutuellement avantageux qui répond aux défis du 21ème  siècle. L’objectif de l’événement est de promouvoir le renforcement de la coopération globale et égalitaire entre la Russie et les pays africains dans toutes ses dimensions: politique, sécuritaire, économique, scientifique et technique, culturelle et humanitaire.

Nous attendons une grande impulsion dans le cadre du sommet Russie-Afrique, qui se tiendra en juillet 2023. Le Président Burundais Evariste Ndayishimiye envisage de s’y rendre. De nombreuses questions seront discutées et résolues lors des négociations avec son homologue russe Vladimir Poutine. En marge dudit sommet, ils devraient échanger à la fois sur les relations bilatérales et la coopération avec les organisations régionales, en particulier avec la Communauté de l’Afrique de l’Est présidée actuellement par le chef d’Etat du Burundi.

 

                                                                                                                   Propos recueillis par Benjamin KURIYO

                                                        Texte original en russe traduit par la cellule communication de l’ambassade.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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