Agriculture

ANAGESSA : Pourquoi tant de retards dans le paiement des producteurs ?

La collecte du « surplus » de maïs continue dans toutes les provinces du pays. Les quantités déjà collectées s’élèvent aujourd’hui à plus de 33 mille tonnes. Néanmoins, cette campagne est caractérisée par des imperfections dans certaines localités du pays, surtout celles liées aux retards de paiement des producteurs. L’Anagessa appelle les producteurs à ne pas céder à l’impatience.

Joseph Nduwimana, Directeur Général de l’Anagessa : « Ce n’est pas toujours évident de payer cash. Mais l’Anagessa fait tout son mieux pour que l’argent des producteurs leur parvienne le plus vite possible ».

Officiellement, la campagne de collecte du « surplus » de maïs continue dans toutes les provinces du pays. Comme le signale Joseph Nduwimana, Directeur Général de l’Anagessa, au départ, l’Anagessa prévoyait collecter autour de 25 mille tonnes de surplus de maïs. Grâce à une bonne récolte, les quantités escomptées ont été largement dépassées. La quantité des maïs déjà collectés s’élève aujourd’hui à 33 mille tonnes. Cela a fait que certains hangars commencent à être débordés.

Pour y faire face, cette autorité signale que depuis la semaine dernière, des activités de désengorgement de ces hangars sont en cours. Comme continue à l’évoquer, le DG de l’Anagessa, cette agence loue de grands hangars en cas de besoin. « Nous sommes en train de déplacer les récoltes à partir de nos hangars débordés vers quatre grands hangars. Et cela pour respecter les normes standards de conservation des denrées alimentaires », explique M. Nduwimana.

Ces quatre grands hangars se trouvent dans les provinces de Gitega, Ngozi, Cankuzo et à Ngagara en Mairie de Bujumbura. A part celui de Ngagara qui est une propriété du Gouvernement du Burundi, les 3 autres appartiennent à des particuliers. « Les hangars se trouvant à Ngozi et à Cankuzo nous ont été prêtés par des particuliers qui n’étaient pas en train de les utiliser. Nous ne les payons pas », souligne-t-il. Il explique également que les travaux de réhabilitation des silos appartenant au gouvernement sont en cours.

Une campagne qui est loin d’être parfait

Depuis le début de l’actuelle campagne de collecte des grains de maïs au mois de février dernier, des inquiétudes ont fusé de partout jusqu’à se demander la raison d’être de l’Anagessa. « Pour PARCEM, l’Anagessa est inopportune. Il faut que l’Etat cesse ses actions inopportunes pour se consacrer à ses véritables missions pour appuyer l’économie », lit-on dans l’analyse sortie par le Parcem.

Dans différentes provinces, les producteurs n’ont pas cessé de faire part de leurs inquiétudes, surtout celles liées aux tricheries effectuées par certains agents de l’Anagessa. Pour certains producteurs, les agents de cette agence les accusent à tort d’avoir amené des grains de maïs qui ne sont pas bien secs ou bien vannés. Ce qui diminue la quantité des maïs vendus et donc l’argent à percevoir. Dans certains autres centres de collecte, les producteurs déplorent que les agents de l’Anagessa les obligent à bien vanner et emballer la récolte vendue et le mettre sur des palettes.

Le Directeur Général de l’Anagessa dit que ces inquiétudes de la population ne sont pas fondées. Il rappelle que même dans le communiqué lancé par cette agence, il est mentionné clairement que le producteur doit vendre des grains de maïs bien secs et bien vannés. Après la vente, l’Anagessa se charge du reste, que ce soit le stockage ou l’entretien. Il tient à préciser que cette institution dispose d’un personnel suffisant pour exécuter tous ces travaux.

Le problème de paiement, un casse-tête

Le problème qui se pose d’une manière généralisée est celui lié au retard de paiement des producteurs. Cela fait que certains préfèrent vendre leurs récoltes aux commerçants qui les paient directement au tour de 1000 FBu le kilo au lieu de le vendre à l’Anagessa à 1700 FBu le kilo et attendre des semaines pour être payés.

Cette situation a suscité l’intervention de la primature. Lors d’une réunion tenue le 8 avril 2024 avec les parties prenantes dans la collecte du « surplus » de la récolte de maïs, le Premier ministre a haussé le ton envers l’Anagessa. Il trouvait anormal que les producteurs n’arrivent pas à percevoir leur argent à temps. Il a d’ailleurs donné l’ordre de payer ces producteurs dans une période ne dépassant pas 4 jours.

Pour le DG de l’Anagessa, ces retards sont généralement dus aux contretemps qui s’observent souvent dans les transferts d’argent depuis le ministère des Finances jusqu’aux producteurs. Il précise cependant que les 27 milliards de FBu qui devraient être payés aux producteurs dans cette période leur ont été donnés, mais, que puisque la collecte a continué dans l’entretemps, d’autres dettes se sont accumulées. Pour lui, ce n’est pas toujours évident de payer cash. Mais il rassure que l’Anagessa fait tout son mieux pour que l’argent des producteurs leur parvienne le plus vite possible. Toutefois, il tranquillise les producteurs que malgré ces défis, tous ceux qui ont vendu et qui vendront le « surplus » de leurs récoltes de maïs à l’Anagessa auront leur argent. Ils les invitent cependant à ne pas céder à l’impatience.

Signalons que le budget alloué à cette campagne s’élève à 40 milliards de FBu. M. Nduwimana précise que ce montant risque d’être insuffisant vu que les quantités escomptées ont été largement dépassées. Interrogé sur la gestion de cette situation, il a répondu que le gouvernement est prêt à tout financer.

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Florence Inyabuntu.

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