Education

Quand le système « Baccalauréat-Master-Doctorat » inquiète les universitaires

Le système Baccalauréat-Master-Doctorat (BMD) n’a pas amélioré la réussite des étudiants de l’université du Burundi. Les étudiants qui réussissent avec mention « distinction » sont comptés sur les doigts de la main. Cela a été révélé dans une conférence-débat organisée vendredi le 26 avril 2024 à Bujumbura par l’Association des Professeurs Retraités de l’Université du Burundi (APRUB). Ces universitaires proposent la révision du système BMD.

Les membres de l’APRUB reconnaissent que le système Baccalauréat-Master-Doctorat (BMD) n’a pas été à la hauteur des attentes.

 

« La réforme de BMD nous tient à cœur. Certains d’entre nous avaient participé à sa conception et  à sa mise en œuvre. Nous sommes mal partis, car certains préalables (pédagogiques, financiers, équipements, TIC, …) devaient être réalisés avant le démarrage du système BMD. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Pour un forum d’intellectuels que nous sommes et ce, dans plusieurs disciplines, nous ne pourrions pas nous taire, car nous avons une grande responsabilité devant l’histoire pour la formation des jeunes burundais », indique professeur Gilbert Midende, président de l’APRUB et recteur honoraire de l’Université du Burundi lors d’une conférence débat organisée à Bujumbura par cette association. Il précise que cette université compte aujourd’hui plus de 70 professeurs retraités.

Au début de l’année académique 2011-2012, le système Baccalauréat-Master-Doctorat (BMD) a démarré à l’université du Burundi après près de deux ans de travaux en commission sans pour autant entrer en profondeur afin de trouver « le pourquoi de cette réforme ». Le système naguère en vigueur « candidatures et licences » n’avait pas été évalué pour en dégager les qualités et les défauts. Cela a-t-il été un piège ? Le système BMD est parti d’une idée de départ fausse : l’employabilité. Cette dernière voudrait dire que les sciences sociales, la philosophie, … n’ont pas de place dans un monde où le cadre formé doit s’adapter à la machine. Cela a été révélé par professeur Théophile Ndikumana, recteur honoraire de l’Université de Ngozi. Il doute si les étudiants apprennent conformément à la manière dont ils sont évalués.

« Les raisons de cette problématique sont entre autres les prérequis qui ne répondent pas aux besoins des étudiants. En plus, les méthodes d’évaluation sont inefficaces et les conditions précaires que vivent les étudiants influent négativement sur la réussite académique », explique le pédagogue Pr. Joseph Ndayisaba. Il n’est pas sûr que les enseignants forment les étudiants de façon à les rendre compétents professionnellement.

Une autre problématique évoquée par différents participants à la conférence-débat est que les étudiants ne suivent pas les filières de leur choix. Donc ils sont condamnés à l’échec. À cela s’ajoute la non-maîtrise de la langue d’enseignement (le français) par les étudiants sans oublier des lacunes liées à l’Ecole fondamentale.

Les étudiants ne sont-ils pas brillants ?

Selon Pr. Ndikumana, une grande partie des étudiants échouent la première session d’examens. Le peu qui réussissent nagent dans les mentions « satisfaction et passable ». Les étudiants qui réussissent avec mention « distinction » sont rares. En plus de cela, un grand nombre d’étudiants avancent avec des unités d’enseignement à valider. Ce qui constitue un gros handicap. La distribution des réussites est centrée sur la mention « satisfaction ». Ce qui donnera très peu de candidats à la formation de niveau Master, la « distinction » étant la condition sine qua non pour y être enrôlé.

Gilbert Midende, président de l’Association des Professeurs Retraités de l’Université du Burundi (APRUB) affirme que le système BMD est mal parti, car certains préalables (pédagogiques, financiers, équipements, TIC, …) devaient être réalisés avant son démarrage.

 

Or, un pays qui ne forme pas des élites ne peut pas mettre sur le marché de l’emploi de bon lauréats. « Comment parviendra-t-on à former de bons étudiants qui seront concurrentiels par exemple sur les plateformes des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle ? », se demande Pr. Ndikumana.

Le diplôme de Bachelier n’en est pas un ?

« Le système BMD n’a pas été à la hauteur des attentes. Pire, nous délivrons un faux diplôme de Bachelier. A part les formations professionnalisantes, le BAC n’est pas un diplôme, car le vrai diplôme est le MASTER à l’instar des universités européennes. En plus, la suppression du mémoire a consacré la faiblesse générale des étudiants », interpelle Pr. Ndikumana.

Cet universitaire se demande beaucoup de questions sans réponses. Les réformes de l’enseignement ont-ils conduit vers la performance ou le piège inattendu ? Pourquoi l’absence des études et évaluations préalables du système précédent ? Pourquoi l’absence de moyens humains et financiers pour atteindre les objectifs fixés et les résultats escomptés ? La formation des élites n’est peut-être pas dans le viseur des parties prenantes ? Pour lui, Il vaut mieux développer un nouveau paradigme éducationnel en matière d’enseignement.

Les conditions de vie des étudiants à améliorer

Pour une bonne réussite des étudiants, Pr. Ndikumana propose l’introduction d’une nouvelle culture de transmission, d’apprentissage et de gestion : le Field and Room Teaching System (FRT). C’est-à-dire que le travail de laboratoire est suivi du cours magistral illustré par des exercices pris sur le vif. En plus, le Room InterActing Teaching System (RIA) consiste à exploiter au maximum les smartphones des étudiants pour revoir les prérequis et autres. Mais la condition indispensable est que l’internet doit être disponible.

Qu’à cela ne tienne, APRUB recommande l’amélioration des conditions de vie de l’étudiant actuel. En plus, que l’Etat mette en application les recommandations issues des états généraux du l’éducation de 2022. Ces professeurs retraités se sont convenus d’alerter le gouvernement sur les problèmes liés à l’éducation et ont pris la résolution de continuer cette réflexion avec tous les partenaires concernés.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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