Editorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année.

Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs. A cela s’ajoutent un prix peu rémunérateur qui découragent les caféiculteurs et le phénomène de cyclicité. En décembre 2023, les données de la Banque centrale montre que la production du café vert a fortement diminué de 46,1% en raison de la cyclicité du caféier. En conséquence, les recettes issues de l’exportation du café vert ont connu une baisse de 45%.

Dans l’entretemps, le gouvernement poursuit sa politique de nationalisation de la filière café concrétisée par la création de l’Office pour le Développement du Café (ODECA). Depuis 2019, cet office pilote de nombreuses réformes qui a abouti à l’augmentation du prix au producteur qui a plus que double (passant de 500 FBu par kilo de café cerise à 1 200 FBu).

Apparemment, cela n’a pas réussi à convaincre les caféiculteurs qui estiment le prix encore très bas par rapport aux intrants utilisés dans la production du café. Les autorités confirment que certains producteurs se tournent vers d’autres cultures jugées plus rentables. Ils déracinent leurs champs sous prétexte que le café ne procure pas assez de sous.

Cela étant, le café burundais est réputé à l’échelle mondiale de par sa qualité. L’année dernière, le café burundais a raflé la première place aux 400 producteurs présents à Boston aux Etats-Unis lors d’une foire internationale du café. Les producteurs reçoivent des primes après ce genre d’évènement.

Les caféiculteurs de Kayanza en savent plus. En 2017, un lot de café issu de la station de lavage de Kibingo en province de Kayanza a été coté meilleur café du monde lors de la vente aux enchères. Un kilo a été vendu 115 USD et les producteurs en ont bénéficié des primes jusqu’à 100 FBu/kg. De quoi rémunérer les efforts des caféiculteurs qui s’investissent pour améliorer la qualité du café.

Les interventions se concentrent sur l’installation de nouveaux vergers.  L’objectif est de mettre en place dans chaque province des espaces agropoles pour booster la production. Rien qu’en province de Gitega, plus de 120 ha ont été identifiés par l’ODECA pour y installer de nouveaux plants de caféiers cette année. Le programme de mise en place de nouveaux plants de caféiers cible également les provinces de Mwaro, Karusi, Ruyigi, Muyinga et Cankuzo. Les autorités invitent les directeurs d’écoles, les leaders religieux et les administratifs à préparer des champs de café pour augmenter la production. Encore une fois, il faudra attendre trois à cinq ans pour avoir les premières cerises. Les pouvoirs publics devraient réfléchir sur d’autres sources de devises pour endiguer la crise économique qui paralyse l’ensemble de l’activité économique.

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Benjamin Kuriyo.

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