Editorial

Recours aux crédits informels

La définition simple et classique de l’économie se résume en quelques mots. Il s’agit d’une activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et services. Or, la production des biens et services implique la mobilisation des ressources. Les opérateurs économiques utilisent des fonds propres mais, dans la plupart des cas, ils font recours à des emprunts bancaires. Cette option n’est pas à la portée de toutes les bourses. Les taux d’intérêts élevés (14 à 18%), les conditions d’accès au crédit, les revenus faibles et très limités qui ne stimulent pas les emprunts au niveau du système financier classique.

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Face à cette situation, le phénomène tontinier prend de l’ampleur. Des associations rotatives d’épargne et de crédit se forment çà et là. Les agents économiques œuvrant dans le même secteur d’activités forment des groupes de cautions solidaires. D’autres font recours aux tontines communautaires ou à l’usure. Les sociétés de télécoms entrent dans le jeu. Elles proposent des micro-crédits accessibles via le téléphone mobile. Parallèlement, des systèmes d’épargne et de crédit se développent en dehors du circuit financier formel. Les institutions financières commencent à s’aligner. Elles mettent en place des outils pour attirer les investisseurs vers le secteur formel afin d’accroître l’inclusion financière.

Les emprunts stimulent la croissance économique du pays. Ils boostent les investissements dans divers secteurs d’activités. Ce qui implique que les emprunts bancaires limités constituent un blocage au développement du pays. L’autre aspect non négligeable concerne le taux de non remboursement de crédits qui reste très élevé. En ce sens, la solvabilité des débiteurs est remise en cause. Les banques commerciales évaluent les risques avant de fixer les taux d’intérêt et, partant, d’octroyer des crédits. Le fonctionnement de l’économie repose sur l’épargne et le crédit. La faible mobilisation de l’épargne impacte considérablement le volume des emprunts.

D’après une étude menée sur les tontines, il est signalé que dans les pays en voie de développement, les banques peinent à attirer l’épargne populaire. Elles n’ont guère mieux réussi à utiliser les dépôts recueillis pour financer des projets susceptibles de favoriser le développement de l’économie. Cependant, les circuits de crédits informels présentent des inconvénients. Les délais de rembourser les crédits via les systèmes financiers alternatifs sont très courts. De plus, les montants accordés ne permettent pas de réaliser de gros investissements.

La finance informelle est lacunaire. Reposant sur des relations de proximité, la finance informelle se pratique en circuit fermé (entre des personnes qui se connaissent et qui se rencontrent régulièrement). Dans ce cas, estiment les économistes, l’argent ne peut circuler qu’au sein des groupes relativement restreints. L’allocation des ressources n’est donc pas optimale.

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Benjamin Kuriyo.

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Un commentaire
  • Jean BIGIRIMANA dit :

    Depuis plusieurs années, je me pose la question de savoir pourquoi la Banque centrale, je veux dire ici la BRB, n’arrive pas à baisser le taux directeur. Or, on sait que la baisse du taux directeur va inciter les banques commerciales à solliciter des quantités de monnaies (sous forme de crédit) auprès de la BRB pour que à leur tour elles accordent des prêts avec des taux faibles aux particuliers qui en ont besoin, ce qui va booster la consommation et les investissements.Je peux me tromper, mais je pense personnellement que le système financier burundais est quelque peu soutenu par la politique monétaire conduite par la BRB. La naissance des circuits financiers non classiques est principalement due à la politique monétaire qui constitue un blocage à l’accès facile aux crédits. Dans plusieurs pays, le taux directeur tourne autour de 1%.

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