Transport

Transporteurs : des cotisations à la mafia ?

Certains conducteurs des bus faisant le transport en commun se disent tracasser par différentes cotisations acquittées aux arrêts bus. Ils s’interrogent sur la destination de ces cotisations. D’autres disent que tout se fait à l’amiable. Les associations des transporteurs rejettent les allégations de ces conducteurs et se demandent là où ils veulent en arriver

Il est 10 heures dimanche le 1er novembre 2020 à l’arrêt bus du marché Cotebu. Des rabatteurs courent de tous les côtés pour s’attirer les clients en premier. Notre approche est douteuse. Après nous être présenté, tout le monde a voulu parler. Cela sans vouloir dévoiler leur identité. « Nous nous aimons et nous voulons la stabilité de notre métier », lancent certains conducteurs.

Un conducteur d’un véhicule type « Probox » faisant le transport Bujumbura-Rugombo signale que les cotisations journalières dépassent son entendement. «L’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) nous exige de payer 1 000 FBu par jour. Nous sommes sommés ensuite de payer les rabatteurs 3 000 FBu à chaque allée, c’est-à-dire 6 000 FBu à chaque rotation et 500 FBu pour ceux qui nous aident à changer», explique-t-il avant de rappeler que l’argent est payé avant de quitter le parking.

Depuis que les associations des transporteurs ont commencé à s’impliquer dans l’embarquement des passagers, un certain ordre s’observe au niveau des arrêts bus.

Un autre conducteur du bus type « Hiace » faisant le transport Bujumbura-Bubanza fait remarquer qu’ils paient 1 000 FBu à l’ATRABU, 3 000 FBu aux rabatteurs et une somme équivalent au ticket d’un passager pour le trajet Bubanza, soit 3 000 FBu à ceux qui ont aidé à l’embarquement.

Un conducteur empruntant le trajet Bujumbura-Gitega indique qu’en plus des frais payés à l’ATRABU, aux rabatteurs et à ceux qui ont aidé dans l’embarquement, ils paient 7 000 FBu destinés à soulager les conducteurs en chômage. Toutefois, il annonce que ces frais sont débloqués après consensus.

Des cotisations à différentes destinations

Jean Claude Gahitira, représentant légal de l’Union des Rabatteurs du Burundi (Urunani rw’Abakokayi bo mu Burundi =UA) ne nie pas que les rabatteurs collectent de l’argent au niveau des arrêts bus. Il explique d’abord que leur union a été mise en place pour assurer une bonne organisation sur les arrêts-bus en assurant la sécurité des passagers et de leurs marchandises ainsi que la prise en charge des veuves et orphelins dont leurs maris et parents étaient des rabatteurs.

« Cependant, à chaque arrêt-bus correspond une organisation spécifique. Des fois, les rabatteurs sont regroupés en coopératives. L’argent collecté à chaque arrêt-bus est souvent utilisé dans la survie quotidienne des rabatteurs voire pour financer les coopératives. Par exemple, une coopérative appartenant aux rabatteurs de l’arrêt-bus Bujumbura-Ngozi s’est déjà acheté un bus type « Hiace » pour s’autofinancer. Une coopérative élève des poules et des lapins à Carama. Ceci pour dire que l’argent collecté aux arrêts-bus n’entre pas dans les caisses de l’Union des Rabatteurs », indique M.Gahitira.

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) se désole que les gens qui soulèvent les questions des cotisations n’appartiennent ni à l’association des transporteurs, ni aux coopératives des transporteurs. « Peut-être qu’ils ont un agenda caché », s’inquiète-t-il.

Il rassure que les 1 000 FBu payés chaque jour et par chaque véhicule faisant le transport en commun sont fixés par les membres de l’ATRABU lors de l’assemblée générale. Ces frais ont une base sur le plan d’actions annuel de l’ATRABU qui a déjà donné des résultats. Ceux-ci étant la réhabilitation des routes, des arrêts-bus, le paiement de l’assurance-vie pour les membres, avaliser les membres…

Marianne Nizigiyimana confirme l’existence de l’ordre aux arrêts-bus depuis la mise en place des associations des transporteurs. « Avant, même les bagages disparaissaient. Les rabatteurs nous prenaient par force avec le risque de déchirer nos habits. Regardez également au niveau de l’arrêt-bus se trouvant à l’ex-marché central, les bousculades ont diminué. Sur la file d’attente, il m’est arrivé de ne pas m’aligner dans les rangées. J’étais enceinte et les transporteurs m’ont privilégié à m’octroyant une place de devant », renchérit-elle.

L’article 4 de la loi du 4 décembre 2008 relative aux finances publiques, stipule que le produit des impositions de toute nature est attribué à l’Etat. Toutefois, une loi des finances peut par exception attribuer directement ce produit en tout ou en partie aux collectivités territoriales. Dans ce cas, la loi des finances peut également déléguer aux collectivités territoriales attributaires la possibilité de fixer le taux de ces impositions dans les limites qu’elle détermine.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.



éditorial

Menace évidente ?

Menace évidente ?

Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 656

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Menace évidente ?

    Menace évidente ?

    Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.
  • Journal n° 656

  • Dossiers Pédagogiques