Editorial

Un budget programme à tout prix

Le conseil des ministres du 5 avril 2023 s’est penché sur le projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat, exercice 2023-2024. A l’heure actuelle, aucun montant n’a été révélé par rapport à ce budget général de l’Etat en termes de dépenses, de recettes ou encore son déficit.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

C’est une première dans la gestion des finances publiques. Le conseil des ministres a décidé de surseoir sur le budget proposé et le restructurer autrement pour y intégrer de la notion de budget programme. Le nouveau budget doit donc préciser et budgétiser comme recettes de l’Etat toutes les dividendes issus des entités dans lesquelles l’Etat dispose des actions.  Par ailleurs, les ministères sont sommés de faire des allocations budgétaires basées sur les projets, les programmes et les activités bien planifiés.  Pour restructurer le budget conformément aux nouvelles orientations, une équipe d’experts en économie sera mise en place. De plus, il est prévu une autre séance extraordinaire du conseil des ministres afin d’analyser le projet amendé, conclut le communiqué sanctionnant le conseil des ministres.

Le pays entame une transition vers le budget programme. « La préparation du projet de budget 202-2024 s’inscrit dans le cadre de la poursuite de la mise en œuvre des réformes en matière de gestion des finances publiques visant le basculement du budget – moyen vers le budget programme », informe Prosper Ntahorwamiye, porte-parole et secrétaire général du gouvernement.

Ledit projet met un accent particulier sur la poursuite du financement de la politique de subvention des engrais organon-minéraux et sur la production des semences sélectionnées. Parmi les grandes allocations prioritaires retenues dans le projet de budget figurent également la mise en œuvre de la politique salariale, la construction des infrastructures socio-économiques (chemin de fer, aéroport, barrage hydroagricole, centre de cancérologie,…).

Au cours de l’exercice précédent, les dépenses en investissement passent de 289,4 milliards de FBu à 794,7 milliards de FBu. Elles étaient principalement affectées au projet de construction du chemin de fer, au secteur agricole, à la construction des buildings administratifs, à la digitalisation, à la défense et la sécurité. Ce qui a explosé le budget de l’Etat (plus de 2300 milliards de FBu de plus).

Ainsi, il aura fallu mettre en place une dizaine de nouvelles mesures fiscales qui touchent toutes les importations, le transport rémunéré des personnes et les services. Cela pour maximiser les recettes.  Les métiers du secteur formel jadis à l’abri des taxes n’étaient pas épargnés. A partir de l’exercice 2022-2023, les notaires et les avocats calculent et paient au compte du trésor public la taxe, soit 10% des honoraires encaissées.

Sur le plan économique, certains députés avaient déjà anticipé sur les conséquences directes des nouvelles mesures fiscales.  Ils estimaient que la taxe ad valorem de 1,5 % de la valeur en douane appliquée à toutes les importations pour financer les infrastructures influe sur les prix des produits importés. A deux mois de la fin de l’exercice budgétaire, le gouvernement fait marche arrière. Il vient de supprimer cette taxe pour endiguer la flambée des prix des denrées alimentaires sur le marché.

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Benjamin Kuriyo.

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Un commentaire
  • mathias dit :

    Reste a observer sur terrains les retombées de cette nouvelle forme de gestion des finances publiques. Ce qui m’étonne c’est que le président lui-même ne cesse de dire que les entreprises et les sociétés dans lesquels l’État a des actions sont sur le point de fermer et qu’elles ne bénéficieront plus des allocations de l’Etat, c’est la manière dont ces dernières parviendront a amener au trésor public les dividendes.

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    Menace évidente ?

    Menace évidente ?

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