La question d’enlèvement des déchets fait couler beaucoup de salive dans ces jours. Depuis 1983, date de création des Services Techniques Municipaux(SETEMU), la question de la propreté en mairie de Bujumbura est restée préoccupante. En plus des SETEMU, des associations et des sociétés privées se sont succédé dans la collecte et l’enlèvement des déchets. La plus récente est Bujumbura Cleaining Company (BCC0) qui se verra, dès le mois d’octobre remplacée, par des coopératives communales dans la réalisation de cette activité. Cependant, toutes les anciennes associations et sociétés ont enregistré un échec dans ce secteur. Il y a lieu donc de se poser cette question : Pourquoi tant d’échecs ? Quelles forces auront les coopératives communales pour y arriver ?
La mairie de Bujumbura peut avoir toutes les qualités qu’il faut. Cependant, le manque de propreté qu’elle enregistre fait qu’elle reste loin des normes standards. Les marchés, les rues, les parkings. En bref les lieux publics sont pour la plupart dans un état déplorable. La gestion des déchets y est préoccupante. Dès qu’il pleut abondamment, certaines rues de la capitale deviennent impraticables. L’eau de pluie déborde les canalisations et envahit les routes. Pour beaucoup, le coupable serait les Services Techniques Municipaux SETEMU).
Créé en 1983 par le décret N°100/162 du 12 juillet 1983, les SETEMU avaient pour objet l’étude, la réalisation et l’exploitation pour le compte de la Mairie de Bujumbura de tous travaux techniques, en particulier les travaux de drainage et de voirie, d’évacuation des eaux usées, d’enlèvement des immondices etc. Ils sont également chargés de la construction et de la maintenance des immeubles de l’Etat. Au départ, en 1979, les Setemu étaient un service d’assainissement de la Regideso. Ils furent réellement créés en 1983 sous la double tutelle des ministères des Travaux Publics et de l’Intérieur. En juillet de la même année, les Setemu passèrent sous la tutelle du ministère de l’intérieur.
« Dans les années 1990, la ville était encore petite et les Setemu bénéficiaient d’appuis logistiques internationaux. Mais, avec la crise de 1993 les appuis ont cessé. Au fur et à mesure que la population urbaine a augmenté et que la ville s’est agrandie, les déchets ménagers ont aussi augmenté. A un certain moment, il est devenu impossible à ces derniers d’enlever tous les déchets de la capitale », cite le site du groupe de presse Iwacu.
L’enlèvement des déchets ménagers confié aux coopératives
Face à cette situation d’impuissance, les Setemu ont impliqué les associations et les sociétés privées dans cette activité. Ces dernières doivent collecter les déchets qu’ils déversent dans les dépotoirs des Setemu moyennant 700 FBu /m3 pour l’entretien des décharges et 1600 FBu /m3 pour l’entretien des stations d’épuration. Là, un échec se dessine.
Après, la Mairie a décidé de réorganiser l’enlèvement des déchets. Il se voit donc confier aux associations et aux sociétés privées. Ces dernières doivent entrer en compétition. C’est ainsi que 26 associations posent leurs candidatures. Mais 18 seulement gagnent le marché. Cependant, ces derniers n’ont pas été à la hauteur de leur mission. C’est pourquoi, selon les recommandations du cabinet civil du président de la République du Burundi et les conseils de certaines personnes dont l’ombudsman, la mairie a jugé bon de réorganiser l’enlèvement des déchets .C’est de cette manière que Bujumbura Cleaning Company a gagné le marché pour collecter ces déchets. Un marché qui a suscité beaucoup de polémique car, attribué dans des conditions obscures sans compétence ni concurrence. Cette attribution de marché a été décriée par les 18 associations qui venaient d’être empêchées d’opérer.
La population se lamente
Une dame rencontrée au quartier Gasenyi de la zone Gihosha en commune Ntahangwa témoigne. « J’ai entendu parler d’une société qui collecte les déchets en mairie de Bujumbura. Mais je n’ai jamais vu un de ses agents ici ». Elle indique que pour se débarrasser de ces déchets, elle paie un évacuateur ambulant une somme oscillant entre 600 FBu et 1 000 FBu par jour ou 10 000 FBu par mois. Nous reconnaissons que ces évacuateurs n’acheminent pas les déchets dans les dépotoirs connus, mais nous n’avons pas d’autres choix, regrette-t-elle
Célestine Ngendakumana habite le quartier Gasenyi où elle est propriétaire d’un restaurant. Elle se lamente que BCCO n’a pas été à la hauteur de ses tâches. « Les agents peuvent passer plus de trois semaines sans collecter les déchets. Au mois d’août, ils ne sont venus qu’une fois au lieu de deux comme convenu. Ce qui est étonnant c’est qu’ils sont passés plus de deux fois pour réclamer de l’argent », se désole M.Ngendakumana
Même constat au quartier Nyakabiga. Un habitant qui a requis l’anonymat doute de la capacité d’une seule société dans la collecte de tous les déchets de la mairie. Il rappelle que les associations et les sociétés privées qui jadis s’occupaient de la salubrité de la Mairie étaient bien organisées. Ce qui n’est malheureusement pas le cas avec BCCO. Les agents de cette société débarquent dans le quartier avec des reçus alors qu’ils ne sont pas réguliers dans la collecte. On dirait une société de collecte d’argent qu’une société de collecte des déchets, fait-elle signaler
« L’état des lieux de la collecte des déchets au niveau de notre quartier est alarmant. Nous nous inquiétons pour notre santé .Nous craignons d’attraper les maladies de mains sales », s’indigne une sexagénaire rencontrée chez lui en train de préparer un repas. Tout près d’elle, un tas de sacs de déchets. Sur ceux-ci, un essaim de mouches pullule. Pour elle, un suivi régulier et rigoureux de la collecte des déchets s’avère nécessaire. Sinon, les 2000 FBu que la BBCO fait payer constituent arnaque.
Magnus Patrice Nyandwi, un superviseur des travaux à BCCO rassure. Les agents de BCCO sont à œuvre afin de rendre la ville de Bujumbura propre et attrayante .Pour lui, le matériel est suffisant 25 camions pour embarquer les déchets vers le dépotoir est de 200 agents pour collecter les déchets. Il souligne que BCCO fait deux collectes de déchets par mois au niveau des ménages. Dans les restaurants, les bars et les marchés, le contrat est spécifique. Là on collecte les déchets chaque fois que de besoin. Il déplore cependant que dans certains quartiers, ils ont été même refusés d’accès. Raison pour laquelle, il y a des montagnes d’immondices.
Nyandwi fait remarquer que le principal défi auquel fait face BCCO, est la redevabilité des bénéficiaires des services. Il donne l’exemple de la zone Kinama où sur 13 288 ménages seuls 1121 ont payé. Ce qui influe sur la qualité de nos services.
Au cours d’une réunion de sécurité en Mairie de Bujumbura, le maire de la ville révèle que désormais, l’enlèvement des déchets managers sera confié aux coopératives communales dès le mois d’octobre.
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