Edition Spéciale

Fixation des prix des denrées alimentaires : Une des causes de la flambée du coût du riz

Depuis plusieurs mois, le prix du riz a explosé. Par exemple, dans la ville de Bujumbura, un kilo de riz coûte au minimum 2700 FBu. Même dans les zones rizicoles comme Gihanga, les prix du riz sont restés élevés à cause des problèmes d’irrigation et du retard dans l’acquisition des intrants agricoles. En plus de cela, la fixation des prix par l’Etat n’est pas du goût des consommateurs    

« Le riz est la culture la plus cultivée dans la commune de Gihanga. Nous saluons la mesure prise par le ministère en charge de l’agriculture de fixer le prix du riz paddy à 1300 FBu le kilo et à 2300 FBu le kilo pour le riz blanc. C’est un prix qui valorise les efforts fournis par les riziculteurs en vue de récupérer les dépenses engagées et d’engranger des bénéfices », indique Léopold Ndayisaba, administrateur de la commune Gihanga en province de Bubanza.

Pourtant, tous les riziculteurs ne sont pas satisfaits. « Vu le travail induit par la culture du riz, le prix fixé par l’État n’est pas suffisant. Par exemple, une superficie de 5 ares est labourée à 2000 FBu. A cela s’ajoute le coût des semences, des intrants agricoles… Il est difficile de récupérer tout l’argent dépensé et d’enregistrer un bénéfice, si petit soit-il. Le riz paddy devrait coûter au moins 1500 FBu par kilo », fait savoir Eulalie Nibizi, membre de la coopérative des riziculteurs de Nyamabere en commune Gihanga.

Les problèmes d’irrigation influent négativement sur la production du riz.

Pourquoi une hausse du prix de riz sur le marché ?

« Le barrage de Gatura en commune Gihanga a été détruit et cela a influé sur l’augmentation du prix du riz.  Pourquoi ? Parce que cette zone produit une grande quantité de riz. En conséquence, on n’a pas cultivé le riz pendant l’été dans cette localité en 2021 et la quantité de riz a diminué sur le marché. En plus de cela, le prix du riz fixé par l’Etat n’est pas le goût des consommateurs», fait savoir Ir Félix Habonimana, Directeur général de la Société Régionale de Développement de l’Imbo (SRDI).

L’irrigation fait également défaut. La SRDI dispose de plusieurs barrages d’irrigation entre autres les barrages de Gikoma, Murago, Gatura, Kiyange, Rukaramu, Muzazi, etc. « Parmi tous ces barrages d’irrigation, ceux qui fonctionnent parfaitement sont au nombre de deux. Les autres ont besoin d’être réhabilités », indique M. Habonimana. En conséquence, pendant l’été, l’eau devient insuffisante pour irriguer toute la superficie rizicole. Or, le riz est cultivé en deux saisons : la saison pluviale et l’été.

Selon M. Habonimana, pendant la saison pluvieuse, presque toute la superficie rizicole est cultivée mais, pendant l’été, à cause de l’insuffisance de l’eau d’irrigation, la moitié de la superficie rizicole est emblavée en riz et une autre partie est occupée par d’autres cultures vivrières. D’où une baisse de la production du riz. « Si le barrage de Kajeke parvient à être reconstruit, il pourra apporter une plus-value et la production du riz augmentera », précise l’administrateur de la commune Gihanga. 

Un autre problème est lié au retard enregistré dans l’acquisition des intrants agricoles comme l’engrais chimique Totahaza de FOMI. «Pour la saison culturale A, l’engrais devrait être à la disposition des riziculteurs au mois de décembre et pour la saison culturale de l’été au mois de juillet», indique M. Habonimana. Il demande au ministère en charge de l’agriculture de faire en sorte que les intrants agricoles destinés aux coopératives rizicoles passent directement par la SRDI pour faciliter la tâche aux riziculteurs et assurer le suivi. 

Cette année, M. Habonimana espère qu’il y aura un léger mieux. En moyenne, un hectare produit entre 5 et 6 tonnes de riz par saison. Malgré tout, la quantité de riz disponible sur le marché n’est pas suffisante pour permettre une baisse significative du prix de cette denrée. Si la SRDI parvient à exploiter sa superficie rizicole de 5000 hectares en intégralité pendant l’été comme en saison pluvieuse et à avoir des intrants agricoles dans les meilleurs délais, M. Habonimana est optimiste qu’il y aura la stabilité du prix du riz dans l’avenir.

 

La Société Régionale de Développement de l’Imbo (SRDI) gère les propriétés rizicoles de l’État. Ces propriétés sont exploitées par des citoyens regroupés dans des coopératives. La SRDI travaille avec 20000 ménages regroupées en 17 coopératives de riziculteurs dans trois provinces qui sont Bubanza (communes de Gihanga et Mpanda), Bujumbura (commune Mutimbuzi) et la mairie de Bujumbura (commune Ntahangwa).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Ces coopératives exploitent environ 5000 hectares sous l’encadrement de la SRDI. Cette dernière aide techniquement les coopératives des riziculteurs et les accompagne depuis la préparation des semences du riz jusqu’à la récolte. Elle entretient les barrages et les canaux d’irrigation. Elle disponibilise également dans chaque coopérative un agronome pour aider les riziculteurs en cas de besoin. En retour, après la récolte, chaque coopérative donne 300 kg de riz par hectare à la SRDI en guise de redevance.
A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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