Edition Spéciale

Flambée des prix sur le marché : Les activistes de la société civile lancent un cri d’alarme

Au cours de ces derniers mois, il se manifeste une flambée fulgurante des prix de presque tous les produits disponibles sur le marché. La pénurie des devises est l’une des causes de cette inflation. Cette situation complique davantage la vie des Burundais en général, surtout ceux qui ont des moyens limités. PARCEM et OLUCOME lancent un cri d’alarme et proposent quelques pistes de solution   

Sur le marché, la flambée des prix est devenue plus que générale. On cite notamment la hausse des prix des produits de première nécessité, du sucre, du carburant, du ciment, le ticket de transport, etc. « Ce qui inquiète le plus est le silence des autorités burundaises face à cette situation. Il est urgent que les organes compétents travaillent là-dessus dans les meilleurs délais », a fait savoir Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte Contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME). 

Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME : « Certains mandataires politiques sont devenus des commerçants. Ce qui accroit la poussée inflationniste ».

Les causes de l’inflation sont plus endogènes qu’exogènes

« Le Burundi réunit tous les facteurs qui influencent une situation inflationniste. Il y a des facteurs exogènes causés par le choc externe ou la crise internationale, surtout pour les produits pétroliers. La moindre perturbation sur le marché international doit avoir des répercussions négatives sur la vie du pays », fait savoir Faustin Ndikumana, président de l’organisation dénommée Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM). Pour M. Rufyiri, la cause exogène de cette flambée des prix est la guerre que la Russie a déclenchée en Ukraine. Il affirme que les Burundais font face beaucoup plus aux problèmes endogènes, en l’occurrence la pénurie des devises (et surtout la manière dont ce problème est géré). 

Un autre problème est lié au fait que certains mandataires politiques sont devenus des commerçants.

« Le Burundi enregistre un faible rendement agricole. Les prix des produits alimentaires ont explosé. Malheureusement, la faiblesse de la production intérieure n’est pas contrebalancée par le commerce transfrontalier pour disponibiliser les produits de première nécessité qui sont en abondance dans la sous-région », indique M. Ndikumana. Cela étant, le Burundi a même stoppé l’importation des certaines denrées alimentaires alors qu’en interne, il enregistre un déficit. 

En plus de cela, le président de PARCEM précise que les taxes sur les produits locaux sont exorbitantes. Là où le bât blesse est que le budget général de l’Etat, exercice 2022-2023 compte être financé par les taxes issues du commerce intérieur et du commerce extérieur. Un autre facteur de la hausse généralisée des prix est d’ordre monétaire. Les banques commerciales demandent des taux d’intérêts élevés sur les prêts. Et, au lieu de financer les secteurs porteurs de croissance, elles préfèrent financer le déficit public qui, lui-même, n’oriente pas beaucoup de fonds dans l’investissement.

Pire, pour M. Ndikumana, la rareté des devises a tout bloqué. Les importations deviennent de plus en plus difficiles sans oublier les spéculations observées sur le commerce de certains produits comme le sucre, le ciment, etc. En plus de cela, l’état médiocre des voies publiques fait que les véhicules s’usent rapidement à cause du délabrement des routes. Cela complique davantage le transport des biens et des personnes. Cela étant, les revenus des ménages restent faibles et peinent à y faire face

La disponibilisation des devises, une des pistes de solution

Le président de l’OLUCOME estime que le Conseil Economique et Social  ne fait presque rien pour trouver une solution. Ce Conseil n’a jamais réagi pour donner des recommandations au gouvernement. Le parlement aussi n’est pas en train de faire grand-chose là-dessus. Or, les Burundais ont besoin d’un message réconfortant de la part des autorités et surtout de solutions ou d’alternatives. 

Pour atténuer cette poussée inflationniste, M. Rufyiri recommande la disponibilisation des devises, car leur manque est le nœud de l’inflation. Pour inverser la tendance, il faut diversifier les produits d’exportation. Il faut aussi mettre en place une politique claire de rapatriement des devises. La coopération au développement avec d’autres partenaires est une option également. Une politique claire de canalisation des fonds de la diaspora est aussi nécessaire. Ce qui est très important c’est que le gouvernement du Burundi doit mettre en place un mécanisme approprié pour attirer les investisseurs étrangers.

M. Ndikumana propose lui aussi quelques voies de solution. Le Burundi a besoin des flux financiers « cash » en devises. Il faut qu’il y ait la mobilisation des financements extérieurs sous forme d’aides publiques au développement ou d’investissements directs étrangers massifs. Le partenariat public-privé et les emprunts sur le marché international peuvent être envisagés. Tout cela pour relancer l’économie nationale et relever le niveau de vie de la population burundaise.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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Des initiatives à faible portée

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Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

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