Santé

Politique de la gratuité des soins : Les fonctionnaires dénoncent le « deux poids deux mesures »

Dans certaines structures sanitaires du pays, l’application de la politique de gratuité des soins est remise en question. Les fonctionnaires déplorent le paiement des frais de soins de santé malgré la mesure de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Le ministère en charge de la santé apporte des éclaircissements sur cette situation

Les témoignages recueillis en février 2018 par la rédaction du journal Burundi Eco dans les hôpitaux publics de la mairie de Bujumbura prouvent que la mesure de gratuité des soins n’est pas scrupuleusement respectée. Certaines femmes affirmaient qu’elles ont payé la totalité des frais pour acheter les médicaments après l’accouchement alors que d’autres mamans disent avoir acheté des médicaments à 100% pour leurs nourrissons. Une année après, la situation semble ne pas évoluer. 

La question de la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes a été soulevée lors de la dernière émission trimestrielle des porte-paroles des institutions publiques animée au chef-lieu de la province de Muyinga. Le porte-parole du ministre en charge de la santé publique a réaffirmé que la mesure est appliquée convenablement dans toutes les structures sanitaires publiques du pays. Les soins sont gratuits pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, laisse-t-il entendre. 

« Une mauvaise interprétation de la politique … »

Dr Jean Bosco Girukwishaka, porte-parole du ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida explique que la mise en œuvre de cette politique exige certaines procédures. Les bénéficiaires de cette mesure sont exclusivement des citoyens Burundais. Raison pour laquelle les prestataires de soins exigent des cartes d’identité pour se rassurer de la nationalité du patient, dit-il. 

La politique de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans en vigueur depuis 2005 présente des résultats mitigés. Pour les uns, elle a stimulé la pression démographique alors que d’autres estiment que cette politique a contribué à la réduction de la morbidité.

De la même manière, poursuit-il, pour les enfants, les infirmiers doivent vérifier si l’enfant ne dépasse pas l’âge de 5 ans. Pourtant, l’incompréhension subsiste chez certains fonctionnaires ou d’autres employés du secteur privé. Ce cadre du ministère de la Santé parle d’une mauvaise interprétation de la politique de gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.  

La gratuité des soins ne profite qu’à une partie de la population ? 

La plupart des fonctionnaires sont affiliés à la Mutuelle de la Fonction Publique (MFP). Cette dernière assure les primes qui varient de 70 à 90 % en fonction des soins et des pathologies, explique Dr Girukwishaka.  La politique de gratuité des soins n’empêche pas que les mutualités sanitaires puissent couvrir les soins de santé, justifie Dr Girukwishaka. Ainsi, le fonctionnaire doit présenter des attestations de service pour voir s’il est affilié ou pas à une mutualité de santé. 

Dans ce cas, on détermine la contrepartie de l’Etat pour couvrir les soins et la part de la société mutuelle, précise-t-il. Il est en de même pour les employés qui bénéficient d’une assurance premium. Le porte-parole du ministère de la Santé fait savoir que l’Etat ne doit en aucun cas supporter les charges des assureurs. Les fonds sont donc réaffectés dans d’autres secteurs ou aident les patients qui sont dans le besoin, insiste Dr Girukwishaka. 

La mise en œuvre de la politique de gratuité des soins est appuyée par les bailleurs de fonds. Cela est matérialisé par la distribution des kits médicaux sous forme de dons offerts aux structures sanitaires et le paiement des frais de santé. L’Union Européenne par exemple cofinance avec les autres bailleurs les coûts des soins au niveau des centres de santé et des hôpitaux de district.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.

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