Integration régionale

Le COMESA vole au secours du secteur privé

Le secteur privé affirme tirer profit de l’intégration du pays dans le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA), un marché qui constitue environ 40% des consommateurs de tout le continent africain. Pour maximiser les profits, le secteur privé estime que le pays doit cotiser et participer à toutes les assises statutaires    

Selon Ginette Karirekinyana, vice-présidente de la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB), fondatrice de l’Agence Consultative en Ethique de la Coopération Internationale (ACECI) et propriétaire de Karire Products, l’intégration du pays au COMESA est un atout de taille. « Cette organisation est composée de 21 pays avec au moins 15 pays anglophones, soit environ 40% des consommateurs vivant dans tous les 54 pays d’Afrique », explique-t-elle avant de rappeler que c’est une grande ouverture au désenclavement.

Mme Karirekinyana témoigne que les opportunités priment sur les défis. Normalement, indique-t-elle, l’intégration dans une communauté suppose que les produits originaires des pays membres de la communauté inondent le marché local. Ce qui constitue une menace pour le pays qui ne dispose pas de produits d’exportation.

« Toutefois, cela devrait être un élément stimulant la production et, partant, l’exportation au sein de ce marché libre », fait-elle remarquer.

Ginette Karirekinyana, vice-présidente de la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB) : « Pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin, le COMESA va financer l’Association des Femmes Entrepreneurs du Burundi (AFAB) via la branche féminine du COMESA dénommée Comesa Federation of National Associations of Women in Business (COMFWB) ».

Des imperfections de la part de la CFCIB

La vice-présidente de la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi reconnait que la chambre ne collabore pas avec le Comesa Business Council (CBC). « La faute n’incombe pas au COMESA, mais plutôt à la CFCIB qui ne cotise plus », déplore-t-elle. Le CBC est une institution du secteur privé du COMESA. Il représente les intérêts des secteurs d’activité au niveau régional.

Les services fournis par le CBC vont au-delà du plaidoyer, pour promouvoir activement la participation des entreprises à l’intégration régionale, à l’investissement et au commerce mondial. Cela se fait en facilitant la croissance de fortes synergies commerciales, le développement des opportunités commerciales, les alliances commerciales, le plaidoyer législatif et stratégique…

Pour Mme Karirekinyana, même un pays qui ne cotise pas ou qui ne participe pas à toutes les assises statutaires ne jouit pas pleinement de ses droits. Ce qui représente une perte pour ce pays et ses habitants.

Marie Concessa Barubike, coordinatrice des projets à l’AFRABU : « Le COMESA a financé la création des Bureaux d’Information Commerciale (BIC) aux points de passage dans la sous-région. Les femmes que nous encadrons accèdent facilement aux informations sur le petit commerce transfrontalier.

« Par exemple, le Burundi a raté l’organisation du 20ème sommet des chefs d’Etat du COMESA en 2018. Pourtant, la CFCIB s’apprêtait à accueillir à cette occasion 100 hommes d’affaires en provenance des pays membres de cette organisation. Ceux-ci allaient à leur tour occuper des hôtels. Leur consommation allait faire entrer des devises dans le pays, car ils devraient payer les consommations en devises », regrette-t-elle.

Par ailleurs, signale Mme Karirekinyana, pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin, le COMESA va financer l’Association des Femmes Entrepreneurs du Burundi (AFAB) via la branche féminine du COMESA dénommée Comesa Federation of National Associations of Women in Business (COMFWB). Cette dernière étant une institution qui agit comme un forum d’échange d’idées et d’expériences entre les femmes entrepreneurs. Ce forum constitue un réseautage entre les femmes entrepreneurs. Il est un instrument pour encourager les femmes à créer ou à développer des entreprises existantes. C’est également un instrument par lequel la partie appropriée des programmes du COMESA sur les femmes dans le développement est mise en œuvre.

Une plus-value pour le petit commerce transfrontalier

L’intégration au COMESA est une solution pour le petit commerce transfrontalier. Cela ressort de l’Associations des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU), une organisation de la société civile qui accompagne et encadre environ 700 femmes faisant le petit commerce transfrontalier. Parmi celles-ci, 300 femmes utilisent la frontière Gatumba (Burundi)-Kavimvira (RDC), 100 femmes utilisent le port de Rumonge, 100 femmes utilisent la frontière Mugina entre le Burundi et la Tanzanie, 100 femmes utilisent la frontière Ruhwa entre le Burundi et le Rwanda et 100 femmes utilisent la frontière Kanyaru haut entre le Burundi et le Rwanda.

Marie Concessa Barubike, coordinatrice des projets à l’AFRABU se réjouit d’abord que la circulation des personnes est garantie dans la zone COMESA. Pour voyager dans cette zone, on ne paie pas de visas.

Elle informe que le COMESA a financé la création des Bureaux d’Information Commerciale (BIC) aux points de passage dans la sous-région.

« Avec ces BICs, les femmes que nous encadrons et les hommes qui font le petit commerce transfrontalier sont sensibilisés et accèdent facilement aux informations sur le petit commerce transfrontalier », certifie-t-elle.

Malgré cela, Mme Barubike déplore que les infrastructures ne sont pas adaptées à la facilitation du commerce. « Il y a nécessité de construire un guichet à arrêt unique à Gatumba », martèle-t-elle.

La coordinatrice des projets à l’AFRABU confirme que l’intégration du pays dans le COMESA permettra l’assouplissement des frais de droits d’entrée et occasionnera la construction des marchés communs sur les frontières.

« Bien que le pays n’ait pas encore signé le Régime Commercial Simplifié (Récos), une procédure utilisée par les petits commerçants faisant le commerce transfrontalier pour faciliter l’importation et l’exportation des marchandises, on est à une étape avancée. Le Burundi et la République Démocratique du Congo (RDC) se sont déjà convenus sur les produits à régime commercial simplifié. La liste de ces produits a été élaborée en 2020 », précise Mme Barubike.

Et de renchérir : « Une fois le Récos adopté, nous serons dans le libre-échange des marchandises. Des commerçants faisant le commerce transfrontalier dans l’informel vont passer dans le formel, les taxes seront réduites… ».

L’assurance des camions utilisés dans la sous-région émane du COMESA.

Des facilités pour le transport des marchandises

Eric Ntangaro, secrétaire exécutif de l’Association des Transporteurs Internationaux du Burundi (ATIB) atteste que l’assurance des camions utilisés dans la sous-région émane du COMESA.

Et de poursuivre : « Même si on fait l’assurance tout risque et qu’on subit certaines avaries ou certains aléas, il suffit de faire une déclaration et le COMESA se charge du reste ».

Il dit que dans le cadre de la Zone de Libre-Echange tripartite (ZLET) constituée par le COMESA, la Communauté Est Africaine (CEA) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), il existe un moyen d’éliminer les barrières non tarifaires.

Rendre la vie facile

Un interprète international burundais travaille de temps en temps comme interprète dans les activités organisées par le COMESA. Il témoigne qu’il est mieux rémunéré à ces occasions. Ce qui améliore la vie de son ménage.

Par ailleurs, confirme l’interprète international burundais, le COMESA ne fournit aucun effort pour rendre facile la vie des habitants des pays membres. Si le coût des marchandises diminue, le prix d’achat diminue et le pouvoir d’achat augmente.

Ainsi, le COMESA s’active à faciliter les échanges commerciaux. Un des impacts de son intervention est la réduction de la durée des transits. Ce qui impacte directement la réduction des coûts des transports et, partant, la réduction des coûts des marchandises.

De plus, le COMESA a plusieurs branches et institutions éparpillées dans les pays membres. C’est le cas de la banque de la ZEP. Celle-ci finance les opérations économiques telles que le commerce des produits pétroliers, l’achat des camions citernes destinés à transporter les produits pétroliers…

La présidence du COMESA est assurée par l’Egypte depuis novembre 2021.

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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