Société

Commémorations des dates sombres : Il faut surtout développer l’esprit critique chez les jeunes

Dans les pays qui sortent des conflits, il s’observe une résurgence des messages de haine à la veille des commémorations des dates sombres. Pour Jean Bosco Harerimana, professeur d’université et expert en justice transitionnelle, cela est une expression d’un traumatisme non traité que ressentent les victimes ou les survivants des évènements malheureux

Jean Bosco Harerimana, professeur d’université et expert en justice transitionnelle : « Les jeunes semblent plus impliqués que les autres même s’ils n’ont pas vécu ces événements parce qu’il y a un manque criant d’éclairage ».

 

Jean Bosco Harerimana explique que plusieurs raisons sont à l’origine de la résurgence des messages de haine à l’approche de la commémoration des évènements douloureux qui ont marqué notre histoire. Cela rappelle aux victimes ou aux survivants la douleur indicible qu’on a vécue et démontre un besoin profond de guérison. « C’est l’expression d’un traumatisme non traité que ressentent les victimes ou les survivants des événements douloureux que nous avons traversés ».

Et d’ajouter que ce sont aussi les revendications des victimes. « Toutes les victimes des différentes crises ne voient pas d’espaces leur dédiés pour s’exprimer. C’est ensuite une sorte de sentiment de manque d’espace d’expression de reconnaissance par l’opinion publique que ce soit au niveau local, communal, provincial, national voire international ». Et, donc, une opportunité pour eux de prouver leur existence.

Du côté des bourreaux potentiels, il y a provocation d’un débat pour que les événements soient mis au grand jour et qu’ils soient discutés dans l’espoir de démontrer qu’il y a des victimes qui se sentent plus victimes que les autres et qui tentent d’occuper tout l’espace et qui refusent toute autre idée qui dit que les autres sont aussi des victimes. « C’est une sorte de concurrence mémorielle où les victimes tentent de se positionner par rapport à un événement, à une date donnée ».

Pourquoi les jeunes semblent être impliqués plus que les autres alors qu’ils n’ont pas pour la plupart vécu ces événements ?

Les jeunes semblent plus impliqués que les autres même s’ils n’ont pas vécu ces événements parce qu’il y a un manque criant d’éclairage, précise l’expert en justice transitionnelle. Ils sont souvent au courant d’une vérité bornée, d’une vérité qui se limite à leur commune, à leur colline, à leur village, à leur famille et ils ne prennent que cela pour vérité. Quand ils s’expriment, ils expriment les idées de leur socialisation familiale, communautaire qui leur dit ce qui s’est passé, mais sans être complet, sans amener d’autres perspectives, sans élargir les horizons envers d’autres communautés, d’autres communes, d’autres zones géographiques. « C’est de cette manière par exemple que certains déplacés disent une vérité basée sur leur vie ». Ceux qui ont vécu les événements ou les descendants des victimes d’événements d’une date x s’expriment sur base de cette date et de ce qui s’est passé dans leurs communautés.

Que devrait être l’attitude des victimes ou toute personne qui commémore ces dates ?

La première attitude est de se placer dans le contexte et de se demander pourquoi on commémore ? On commémore parce qu’on a souffert. On commémore pour dire que tout ce qui est arrivé de par le passé, n’arrive plus. « Ça devrait être ça », précise Jean Bosco Harerimana. Il faut s’inscrire dans la démarche actuelle de recherche de la vérité, de la réconciliation pour enfin bâtir un seul Etat-nation Burundi qui sert d’abri pour toutes les composantes ethniques, géographiques…

Pour les jeunes, Harerimana trouve important de développer un esprit critique parce qu’il y a des manipulateurs partout pour des fins politiques, de propagande et il serait très intéressant pour les jeunes de trianguler les informations qu’ils récoltent ici et là et de les mettre dans leurs perspectives et de se demander ce qu’ils gagnent à recopier et diffuser les messages de haine partout.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Des initiatives à faible portée

Des initiatives à faible portée

Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 609

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Des initiatives à faible portée

    Des initiatives à faible portée

    Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.
  • Journal n° 609

  • Dossiers Pédagogiques